- J'crois qu'on est dans la merde. J'pensais que le fait que j'arrive les en empêcherais. Mais semblerait qu'vous soyiez la cible d'quelqu'un mon bon m'sieur. Et que j'sois dans son tableau d'chasse maintenant aussi.
A ses mots, le sang de Rian s'embrasa. Il fit un petit bond en arrière et dégaina une dague, sans garde, le manche taillé dans l'os. De son autre main, il en extirpa une deuxième, plus commune, de sous son manteau maintenant ouvert, dévoilant l'arsenal perforant qu'il portait sur lui. Armes dans ses deux mains, il se positionna face au barbu, la jambe droite en avant, celle de gauche en retrait, les bras positionnés de manière similaire. Il crut d'abord à une menace venant de lui mais des bruits de pas, nombreux, martelèrent le pavé. Des deux cotés de la ruelle, de nouveaux intervenants. Il fallait rejuger la situation. Lorsque l'inconnu dégaina, il ne fit pas face à Rian, il lui donna son dos. Il comprit alors qu'il c'était trompé et que le danger ne proviendrait pas de lui. Sans trop savoir pourquoi, il voulu l'avertir d'un danger imminent. Il l'imita alors, raccourcissant la distance qui les séparait à reculons. Moins d'un mètre pour être dos à dos.
Lorsque enfin le flot d'ennemis sembla cesser, Rian s'autorisa un rapide coup d'oeil dans son dos. Un de son coté, trois de l'autre. Mais une voix, en retrait, semblait motiver et enhardir les troupes. Son timbre était familier et il ne fut que quelques instants à Rian pour la reconnaître. Navar. Vieille crapule. Membres de la même confrérie. Leur dernière expédition fut commune et cette fois là, Rian ne se priva pas d'aller contre les ordres du responsable qu'il trouvait stupide et à raison. Une humiliation qu'il ne semblait pas avoir digérer surtout lorsque les hauts responsables au moment du débriefing donnèrent raison à Rian. Ca faisait déjà plus d'un mois et il était vrai que les rumeurs affirmaient que Navar était sans cesse relégué en second plan, sa réputation ayant prit un sacré coup depuis que sa tactique ait coûtée de nombreux mort à l'escouade. Un sourire incompréhensible s'affirma sur le visage de Rian.
- " Navar ! Espece de vieille catin, viens m'affronter par toi même que je répande tes tripes ! "
Il cria assez fort volontairement, affirmant son courage et tentant d'intimider par sa la même occasion les nombreux hommes qui les entouraient. Navar finit par pointer le bout de son nez, de l'angle de la ruelle ou Rian faisait face. Deux de son coté, trois du brave samaritain qui s'interposa dans cette triste affaire. En voyant le bout de son crane à moitié degarni et sa peau flétrie, la rage de Rian s'affirma. Il serra les dagues dans sa main et sans pour autant se retourner vers son allié de circonstance lui lança quelques mots :
- " Ca devrait aller. Ne te laisse pas entourer. "
Pauvres paroles. Mais la situation ne permettait pas de se faire des politesses. Dans cette configuration et au vu de la rue qui était plutôt étroite, ils ne pourraient tous attaquer en meme temps. Pas d'arcs, pas d’arbalètes. Ca faisait ça de moins à affronter. Meme s'il ne connaissait d'aucunes manières que ce soit l'homme qui couvrait ses arrières en ce moment même, il n'avait d'autre alternative que s'en remettre à lui pour endiguer le flot. Priant intérieurement qu'il soit aussi ferme qu'un rocher, tel que le laissait supposer son physique impressionnant.