Eté 1247,
«
Nous partons demain, à l’aube. » Annonça-t-il d’une voix grave.
Flavia le zieuta, attendant une explication plus développée. Néanmoins, il continua à fixer ardemment la reliure du grimoire qui avait chu sur le bureau en chêne, trônant en prince dans la pièce qui lui était dédiée. Elle s’approcha, d’un pas lent, une main en avant qui effleura l’épaule de son mari.
«
Pourquoi souhaitez-vous partir maintenant ? Surtout avec l’état de santé de Père ? Et si… » S’inquiéta-t-elle le regard fuyant.
Cependant, elle fut rapidement interrompue par un baiser de la part de Christopher. Il l’empoigna au niveau des hanches pour la hisser sur le rebord du fauteuil.
«
Cessez donc de vous mettre dans ses états-là ma douce. Le voyage vers la Capitale nous fera le plus grand bien et si le commandant venait à perdre la vie, vous serez la première prévenue. » Lui chuchota-t-il au creux de l’oreille avant d’y déposer un délicat baiser et de descendre jusqu’à l’orée de sa poitrine.
Flavia lui prit la tête entre ses mains et lui caressa la joue du bout des doigts.
«
Cela fait fort longtemps que nous n’avons pas vu votre famille. » Reprit-elle avec un petit air de malice.
«
Exact ! Mère était ravie d’apprendre notre visite. Elle vous apprécie bien plus que vous ne le pensez. »
Flavia se mordit la lippe inférieure. Elle se redressa et quitta leur étreinte pour rejoindre la chambre maritale.
«
J’ai besoin de sommeil au vue de la route qui nous attend demain. Souhaitez-vous vous joindre à moi ou restez-vous dans mon bureau à lire ce vieux parchemin ? »
Pour seule réponse, il la coursa jusqu’à l’étage….
*
**
Après plusieurs longues journées sous un soleil écrasant, le couple ainsi que l’escorte qui les accompagnait, arrivèrent devant les remparts de la capitale. Flavia avait déjà visité la ville auparavant, mais cela remontait à plusieurs années. Elle s’émerveilla à nouveau de la vie grouillant à l’intérieur de ses murs et de la sympathie des paysans qu’ils avaient croisés. Certains, par politesse mais également pour les quelques pièces donner par la suite, leur donnèrent de l’eau et des vivres en tout genre.
Ils s’arrêtèrent devant la herse, espérant trouver un palefrenier pour nos montures. Elle avait exprimé le souhait de faire le voyage à pied à travers la cité, surtout depuis la connaissance des festivités qui se déroulaient entre ces murs. En dehors de son mari, personne n’était expert, ou n’avaient même touché d’arc, et ne souhaitaient donc participer si cela était encore possible.
«
Mère nous attend avant les coups de seize heures, ce qui nous laisse un peu près trois bonnes heures pour flaner. Où voudriez-vous aller ? » Demanda-t-il alors en observant la crinière rousse de sa femme volé au gré du vent.
«
Parait-il que les jardins du palais sont splendides à cette période de l’année. J’aimerai y faire un tour. Si cela ne vous convient pas, et je le comprendrai, nous pouvons nous retrouver vers quinze heure trente non loin de l’entrée principale. » Répondit-elle en essayant d’attraper ses mèches pour les attacher grâce à une lanière de cuire.
«
Je vous laisse donc admirer les fleurs et vous enivrez de leur odeur, avec nos hommes, je vais écumer les auberges potables, pour leur trouver une bonne place durant notre séjour. »
Ainsi se sépara leur route. De son côté, Flavia demande à plusieurs reprises son chemin avant d’arriver à sa destination.
*
**
Les jardins de l’Impératrice grouillaient de vie. Un rassemblement de Dames, filettes et gente masculine en un même endroit. D’abord apeurée par ce bain de foule, Flavia se fraya un chemin vers des coins plus calme. Elle trouva un banc de pierre à l’ombre d’un cerisier. Assez près d’un bassin, elle avait un peu de fraicheur sous ce soleil estivale. Elle manqua à plusieurs reprises de s’assoupir. Le voyage avait été plus long que prévu, mais surtout plus éprouvant. Les températures furent bien plus importantes que pensées et elles n’avaient cessé d’augmenter au cours des jours.
Elle se leva, et fit quelques pas en direction d’un cortège de Dames. Elles semblaient être de la Haute, au vue de leur habits. De son côté, elle portait une robe beige claire, avec un corset souple. Cette dernière était fendue sur le côté et laissait apercevoir son pantalon d’équitation qui lui tenait horriblement chaud. Mais cela aurait été inconcevable de le retirer…
A la suite d’un croisement, alors qu’elle observait les oiseaux sur les branches d’un tilleul, elle fut brutalement percutée et manqua de perdre l’équilibre. La main sur la paume de sa dague, accrochée à sa ceinture, Flavia jura avant de poser les yeux sur la jeune femme. « Ne peut-elle faire attention. » Pesta-t-elle intérieurement tandis que la brunette débitait quelques paroles, un appel à l’aide.
Elle scruta attentivement son assaillant avant de s’avancer, attrapant un de ses poignets par la même occasion. Une dame se découpa du cortège et vint à leur hauteur.
«
Bien le bonjour. » Commença la rouquine. «
Merci de m’avoir envoyé quelqu’un pour me guider dans ce labyrinthe féérique, j’attends une aide depuis plusieurs dizaines de minute, je meurs de soif et de chaud. Et la voilà, je vais ainsi pouvoir rejoindre mon mari et arriver à l’heure à mon rendez-vous. » Termina-t-elle avec le sourire. «
Promis, je vous la redonne dès que j’ai quitté les lieux. »
Elle espérait que son petit discours improvisé ait suffi à décourager le bourreau. Flavia posa une main sur l’épaule de Tyssia, un sourire qui se voulait rassurant sur les lèvres.