Re: Tournoi d'Evalon ─ Sam 17 Mar - 16:02
Guillaume de MornoieChevalier
- Rajas te bénisse ! Par tout le Trimurti, Loup, je te revaudrai cela cent fois !
L'exclamation joyeuse de Guillaume avait résonné avec force dans le brouhaha de la foule qui convergeait vers la lice.
- Nul besoin, messire, ou à tout le moins si vous y tenez, nous verrons cela en temps voulu, quand il y aura vin et viandes à foison pour nous récompenser.
L'écuyer avait répondu avec la même allégresse pressante et les rires avaient fondu en cascades alors que les deux hommes se hâtaient vers les tentes dressées près du champ clos. Loup, béni des dieux, avait réussi à s'extirper de l'agitation qui avait immobilisé Guillaume et les siens à leur arrivée dans Eurate. Courant ventre à terre et faisant preuve d'une célérité surnaturelle, le jeune homme s'était empressé d'aller donner le nom de son maître aux hérauts d'armes qui enregistraient les participants au tournoi, ce qui avait permis au chevalier d'échapper à la profonde déception de n'être que sur les gradins et de ne pouvoir jouter. La chose aurait été terrible, et Avryn s'en était d'autant plus réjouie que, connaissant fort bien son frère, elle savait pertinament qu'il aurait été tout à fait insupportable s'il avait du rester à l'écart des combats.
Tout était donc pour le mieux et, pris d'une allégresse grandie par l'excellent surprise de son écuyer, Guillaume s'était hâté de revêtir son armure et de présenter ses couleurs. Bien entendu, il combattrait à cheval : c'était sur le dos de son destrier qu'il faisait le plus merveille et qu'il ne cessait de forcer l'admiration de ses pairs. De fait, Loup porta haut son écu de sable et de sinople, frappé de sa corneille aux ailes déployées.
Guillaume vit un grand nombre de chevaliers rassemblés : certains connus, qu'il salua, d'autres qui ne l'étaient point et qui seraient de plus redoutables adversaires car il ne les avait jamais affrontés en joute. D'avoir couru les tournois depuis son jeune âge, le chevalier de Mornoie en avait retiré une solide connaissance des forces, des faiblesses et des atouts de ses camarades en armes. Certains seraient redoutables, d'autres quantité négligeable et l'assurance d'obtenir aisément des récompenses en sus.
Mais en vérité, alors que le soleil printanier étincelait de tous ses feux au-dessus du champ clos, les récompenses n'importaient pas autant que le véritable plaisir brut de la joute, plus ou moins amicale. On avait beaucoup à célébrer et encore plus à oublier : malgré l'opulence et la liesse de ce jour, tout drapé de couleurs vives, de jonchées odorantes, de tentures éblouissantes et de beaux vêtements, le spectre de la peste et de l'hiver terrible qu'on avait traversé planait encore. On comptait bien l'exorciser dans le fracas des armes, le bris des lances et les vivats arrachés à la foule : Guillaume sentait planer une excitation particulière parmi les jeuns gens, et les moins jeunes, assemblés sous la brise matinale pour s'apprêter à livrer une courtoise bataille. Les circonstances rendaient l'évènement plus important encore, car on se réjouissait autant pour les vivants qu'en souvenir des morts, et de ceux qu'on aurait voulu voir à ses côtés en ce jour.
Confiant, Guillaume attendit qu'on lui fît savoir l'identité de son adversaire. Il sentit courir une excitation familière qui lui chatouillait les nerfs et semblait se transmettre à son cheval qui piétinait avec impatience dans l'herbe rase.
Re: Tournoi d'Evalon ─ Ven 6 Avr - 11:39
Un combat. Non, une démonstration martiale. L'épidémie avait frapper profondément pour que Evalon se sente obligé de dresser cela. Un dernier honneur ? Une démonstration de force ? Un défi lancer à la face du monde ? Roxo n'en savait rien. Il était dans une tente, avachi dans un fauteuil. Pourquoi est-ce qu'il était venu ? Il était encore en deuil, et le resterait un long moment encore, tellement la plaie dans son cœur était profonde. La perte de sa famille l'avait mit dans un état de profonde apathie et si Aamond ne l'avait pas pousser, il serait encore à se morfondre, et à chercher un moyen de songer dans l'oubli par la simple force de sa volonté. Poussant un profond soupir il se redressa, tendant la main pour y recevoir une coupe d'eau. Il avait déjà combattu aujourd'hui, et par il ne savait quelle chance il avait réussi à désarmer son adversaire. Il aurait tellement aimer voir le sang couler, entendre les gémissements de douleurs de son adversaire... Mais il n'avait pas réussi, trop absorbé dans son propre typhon abyssal.
Il porta finalement son regard sur sa lame et se redressa, adoptant une posture plus digne dans son siège, il avait pût se reposer un peu, mais il devait se tenir prêt à livrer un autre combat. Il avait opté pour un bouclier de simple facture, un peu comme ceux utiliser sur les navires, et il avait jeter son dévolu sur son épée bâtarde. Sa favorite. Elle lui permettrait peut être d'obtenir la victoire. Bien que le titre et les écus ne l’intéressent pas vraiment. Aamond lui avait fournit une excuse pour se battre, il lui avait trouver un exutoire. Bien que la plupart de ses adversaires soient des chevalier, formé aux armes, il était relativement confiant. Il n'avait pas un niveau pitoyable et savait se défendre. De plus son équipement lui permettait de mieux se défendre que s'il avait juste combattu avec une épée .
Il devrait défendre les couleurs de sa baronnie. Coûte que coûte. Aller le plus loin. C'est ce que Élégance aurait voulu... Il caressa le fichu de tissus sur son épaulière, replongeant un instant dans les souvenirs heureux d'avant l'épidémie. Son fils, sa femme. Leurs sourires. Sa vue se brouilla, les larmes ne demandant qu'à déferlé sur ses joues. Ça brûlait. Oui, au fond de lui, c'était une brûlure d'une violence insoutenable. La bougie avait été soufflée. Mais la brûlure restait. Que c'était dur, de tout perdre comme ça, et pourtant, de survivre. D'être le seul à survivre. D'être assez fort pour survivre, alors que tout s’enflammait autour. La ruine et la douleur. Le feu et la cendre. La folie brilla un instant dans son regard alors qu'il essuyait ses larmes. C'était à lui de rendre coup pour coup au destin maintenant.
Il se redressa, attrapant sa lame, adressa un sourire glacial à Aamond qui l'avait soutenu jusque là et sortit de la tente, il respira l'air du dehors, fixa la lice et son sourire disparu immédiatement. Oui, il était temps de prendre les devants. De rendre coup pour coup et de montrer à Albin et Élégance ce dont il était capable. Et peut être... Peut être qu'un jour, ils reviendraient...