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Loin de nos terres - Alixane De Valbruine
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Loin de nos terres - Alixane De Valbruine ─ Dim 6 Mai - 19:39
Alastor de Boisnoir
    Alastor de Boisnoir
    Depuis la promulgation du règne du Conseil des Ducs, Alastor se voit obligé de partager son temps entre la capitale et ses propres terres, à contrecœur. Une situation on ne peut plus précaire du point de vue du Volgien, pire peut-être que si un Empereur ou une Impératrice avait été désigné. Les voyages sont longs, éreintants qui plus est mais il refuse pour le moment, de faire venir sa famille ici. Evalon est un véritable panier de crabes dans lequel sa femme et ses enfants ne doivent pas tremper. Qui plus est, il doit toujours rester un Boisnoir à Volg. Tant que Theodor ne sera pas en âge, c’est donc à Adélaïde qu’échoit la gouvernance du Duché. Evidemment, elle n’est pas seule, Eudes est resté avec elle tout comme le Père Elias, des hommes loyaux depuis toujours à la famille et qui n’ont pas hésité à le montrer plus d’une fois. Il savait son épouse nouvellement trouvée entre de bonnes mains, ainsi que Volg et Boisnoir par extension.

    La délégation Volgienne qui déambulait dans les rues étroites de la ville impériale est en conséquence de la personnalité qu’elle escorte. Ils aiment un peu trop ce genre de démonstration à la capitale, Elias le lui avait dit. Alors Alastor devait bien se prêter à ce jeu puérile du genre « qui a la plus grosse ». Ca c’est qu’il grommelle entre ses dents qu’il doit revenir à chaque fois à Evalon ce qui ne manque pas de faire sourire sa cousine, Kara Ursidae, une des rare femmes chevaliers de l’Empire. Le Volgien lui confie sa vie et sa protection sans aucune hésitation et dans une confiance totalement aveugle. Les soldats de Boisnoir se reconnaissent par un équipement léger composé d’armure de cuir cloué, de bouclier rond mais surtout de lance. Les lances du comté font la réputation du Duché dans tout Eurate. Une unité des lanciers sombres entoure le duc, étroitement, lourd manteau d’ours sur le dos dont la tête du plantigrade couvre leur casque, une armure noire de jais sur une tunique et des chausses d’un vert sombre.

    Autant dire que lorsque la troupe fait son entrée par la porte principale pour rejoindre le palais, elle ne manque pas d’attirer son attention. Le duc revenait de ses terres où il avait passé deux semaines avant de reprendre la route pour un nouveau voyage. Il est fourbu, c’est le moins que l’on puisse dire. Du haut d’un imposant destrier du nom d’Ereld, ses traits trahissent sa fatigue. Il a hâte de prendre un bain et de manger quelque chose de plus consistant qu’un lièvre ou un rat de champ. La meilleure chose que la troupe ait pu se mettre sous la dent pendant ces jours de traversée, c’était un sanglier, débusqué à la frontière avec Baros. Etrangement, les coupe-jarrets des environs n’ont pas voulu s’en prendre à eux. Son cheval piaffe aussi, le silence s’impose dans l’équipée poussé par la léthargie ambiante alors qu’ils traversent une ville qui ne dort presque jamais.

    Début d’après-midi donc, banal en soit finalement, si ce n’est une rencontre inattendue au sein de la Capitale.
    Une clameur montait depuis l’une des sept places. Un héraut faisait porter sa voix, annonçant que le comté de Valbruine recherchait des bras, des vies, de nouveaux habitants pour ses terres décimées par la Peste. L’occasion pour certains apatrides d’avoir une deuxième chance. Cependant, la foule s’agite pour une raison qui échappe au Duc. Ce qu’il voit c’est simplement un mouvement de foule plutôt violent. Alastor gronde dans ses dents et se détache de son escorte qui a très bien cerné le problème. Il y a toujours des « pour » et des « contre » c’est ce qui crée la richesse des situations, des évènements, des discussions mais parfois le désespoir ou simplement la bêtise est un déclencheur à des gestes regrettables.

    Au moment, où il ouvre la bouche, une femme d’une certaine prestance descendait elle aussi de l’estrade placée plus loin. Alastor la reconnaît bien là.
    Re: Loin de nos terres - Alixane De Valbruine ─ Jeu 10 Mai - 22:34
    Anonymous
      Invité
      Invité
      Nombreux étaient les intéressés par la proposition de Valbruine, et c'est comme un poids qui s'était levé des épaules de la jeune baronne en voyant son plan se mettre en branle. Bien sûr, le plus dur restait à venir : Tâcher de séparer le bon grand de l'ivraie, organiser les voyages, accueillir sur leurs terres tous ces étrangers, des hommes et des femmes dépourvus de la longue histoire commune d'entraide et de loyauté presque instinctive qui liait le reste des ses sujets à sa famille depuis des générations. Superviser l'installation, les constructions. Et surtout, convaincre les valois eux-mêmes d'accepter parmi eux les réfugiés durdiniens, ce qui serait loin d'être une mince affaire.

      Mais maintenant les événements s'étaient mis en branle, le premier pas était fait. Ils avaient une chance, une vraie chance, de parvenir à redresser la baronnie, tenir la frontière, et faire leur devoir. Tout dépendait à présent de sa propre capacité à mener son action jusqu'au bout, et gérer les problèmes qui surviendraient forcément sur le chemin. Perspective terrifiante en soi... mais au moins, elle avait un objectif et ne resterait pas inactive. Elle doutait encore d'être à la hauteur, et de faire aussi bien que ce qu'auraient pu accomplir son père ou sa sœur aînée, mais elle avait leur exemple à l'esprit pour la guider... elle ne laisserait pas tomber le Val.

      Elle estimait important que les candidats à l'installation la voient et puissent ensuite la reconnaître. Tant de choses, dans ses montagnes, reposaient sur les liens personnels qui unissent entre eux les habitants, qu'elle n'aurait pas envisagé de faire les choses autrement qu'en personne. Sur une autre place à l'autre bout de la ville, Roxane, sa sœur, assistait à une proclamation similaire. Ensemble, elles représentaient leur terre, deux faces d'une même pièce.

      Alors qu'elle quitte l'estrade, pourtant, un brouhaha commence à monter de la foule. Alixane s'immobilise, perplexe, croyant d'abord que c'est le discours du héraut que l'on hue de la sorte. Mais non, il semble qu'à la masse de réfugiés se soient mêlés des agitateurs, qui se mettent à vociférer des injures à l'adresse des « envahisseurs » durdiniens. Le mouvement de foule prend de l'ampleur, des insultes on en vient au coups. Alixane tente d'abord de se diriger vers le cœur de l'agitation, dans l'espoir d'apaiser les esprits. Mais ces gens ne sont pas son peuple, ils ne la connaissent pas, ne l'écouteront pas. Ses paroles se perdent dans les cris et quolibets. Les deux guerriers valois qui l'accompagnent, heureusement, comprennent plus vite qu'elle la situation. Alors que l'altercation se transforme en petite émeute et que des pierres commencent à voler, ils la tirent violemment avec eux et l'écartent des hostilités, formant autour d'elle un rempart barbu et infranchissable. Aidés par leur haute taille, ils fendent la foule, repoussant sans ménagement tout ceux qui leur barrent la route. Ils ont repéré les tenues caractéristiques de l'escorte du duc de Volg, et c'est la qu'ils emmènent leur baronne, vers la sécurité de ce détachement qui les aidera sans doute à se défendre si nécessaire.

      Alixane a compris qu'intervenir ne servira à rien, elle suit ses guerriers sans protester, laissant les gardes de la ville qui affluent gérer la situation. A en croire leurs mines blasées et leur intervention bien rodée, ces rixes doivent être plutôt courantes depuis l'arrivée des réfugiés en ville. Ceux du guet qui ont entendu la proclamation du héraut ont d'ailleurs eu la mine quelque peu soulagée, l'espace d'un instant. La mesure ne réglera pas le problème, Valbruine est loin d'être assez étendu pour accueillir tout le monde. Mais désengorger un peu les rues ne fera pas de mal et facilitera leur travail, qui s'est récemment compliqué.

      Enfin extirpés de l'algarade, qui heureusement commence déjà à s'apaiser, les valois rejoignent la délégation de Boisnoir.

      Alixane ne manque pas de reconnaître le duc, qu'elle n'a pourtant pas vu depuis longtemps. Lors de leur dernière rencontre, elle n'était encore qu'un simple chevalier au service de son père le baron, partant à la guerre pour Durdinis. Alastor lui-même n'était alors duc que depuis peu. Son géniteur témoignait un grand respect au nouveau seigneur de Volg, et Alixane avait été impressionnée par les récits relatant son duel avec son prédécesseur. Ils avaient, durant la campagne, échangé tout au plus une poignée de mots.

      Les voilà à présent face à face, dans une rue animée d'Evalon. La baronne fraîchement titrée s'incline avec respect.

      « Votre Grâce. J'espère que vous n'avez pas été blessé par l'échauffourée ? »

      Que son duc soit meurtri suite à sa proclamation, voila qui la mettrait profondément dans l'embarras. Elle dissimule tant bien que mal sa confusion, lissant la simple robe de laine gris perle aux manches brodées d'argent qu'elle a revêtu pour l'occasion. Elle aurait du prendre son armure, songe-t-elle distraitement. Mais la robe, quoique simple, est bien plus... « seigneuriale », et elle n'aurait pas deviné que les rues d'Evalon pouvaient être si peu sûres. Au moins s'est-elle armée d'un long poignard, qui, sans être son arme de prédilection, lui confère un certain sentiment de sécurité quand elle le sent battre sa cuisse. Elle a posé la main sur la poignée tandis que commençait la rixe. Elle la retire maintenant avec précipitation, réalisant que le geste peut sembler menaçant. Malgré la présence rassurante de l'arme, la protection tant symbolique que concrète de la carapace d'acier lui manque quelque peu à cet instant. Elle garde le dos droits et pose sur le duc son franc regard gris-vert, histoire de faire néanmoins bonne figure.
      Re: Loin de nos terres - Alixane De Valbruine ─ Lun 14 Mai - 16:36
      Alastor de Boisnoir
        Alastor de Boisnoir
        Le destin et le sort des Durdiniens n'est clairement pas enviable. Mais pour les personnes qui peuvent encore faire preuve d'empathie, il se comprend. Fuir une terre prise de force par la barbarie, quel choix avaient ils encore. Se battre ? Noble sentiment, Alastor le reconnaît, il en aurait fait de même. Simplement parce que lui sait le faire. La majorité des personnes qui se trouvent ici, à écouter la Baronne sont bien loin d'être des guerriers. Femmes, enfants, vieillards, paysans dont les mains sont faites pour tenir la houe que l'épée. Des familles qui désormais ne survivent que grâce à la bonté des Seigneurs et des prêtres, sœurs qui entretiennent la foi dans le désespoir et la tristesse.

        Mais à Evalon comme dans le reste d'Eurate, les bonnes âmes deviennent des denrées rares. Souvent, la bêtise, l'ignorance prennent vite le pas sur une population qui se sent flouée par l'étranger. C'est ce qui venait de se passer et s'ajoute à cela, la tension omniprésente, la fatigue, la peur d'un lendemain incertain. Voilà pourquoi l'escouade de Volgien se déploie en rang parfaitement coordonnés pour se tenir entre les deux camps. De l'autre côté, sur l'estrade, la jeune Baronne a disparu. Certainement mise en sécurité par sa garde rapprochée tout comme celle de l'Ours se rapproche de lui, aux aguets, une posture défensive qui décourage les plus braves ou les plus fous.

        Un simple regard du capitaine vers le Duc et les lanciers dresse le bouclier d'un seul homme puis se fendent en deux lignes afin de créer une zone tampon.
        Puis la voix d'Alastor tonne dans la petite placette. Il s'adressait alors aux fauteurs de troubles, rapidement identifiés mais le message reste d'ordre général.

        - CA SUFFIT ! DISPERSEZ-VOUS OU CRAIGNEZ L’ARRIVÉE DU GUET QUI SERA MOINS CONCILIANT QUE JE NE LE SUIT.


        Il s'était dressé sur les étriers, avisant les meneurs, les défiant bien d'un geste malheureux.
        La foule se disperse, les soldats volgiens repousse sans heurts et sans agressivité vers les ruelles adjacentes jusqu'à ce que le calme revienne, non sans un brouhaha. Puis dans le même ordre, ils se replient et reprennent leur place, laissant les Durdiniens reprendre leur occupation dans ce petit bout d'Eurate qu'on a bien voulu leur laisser. Maigre dotation de l'aveu même du Volgien, à contrario d'avoir une idée plus lumineuse.

        - Ca ne peut pas continuer comme ça. La prochaine fois ce sera une émeute que l'on aura sur les bras...

        Souffle t'il à Kara qui le suit comme son ombre. Cette dernière se contente de secouer négativement la tête.
        Le Conseil nouvellement constitué ne tarderait pas à se pencher sur la situation. Au pire, Alastor mettrait le sujet sur la table, spécialiste des questions qui fâchent qu'il peut être. Moment d'apaisement qui voit alors l'arrivée de la jeune femme aperçue plus tôt, escorté à son tour par deux chevaliers du Val de grande stature. L'Ours tourne alors toute son attention vers cette dernière qui prend la parole. Il démonte aussitôt, non seulement il se démonte la nuque à la regarder du haut de son cheval puis, il déteste cette impression que toiser comme ça les gens qui peuvent s'adresser à lui de si formelle façon.

        - Aucune blessure à déplorer ma chère. C'est plutôt moi qui devrais vous retourner la question.

        Dit il, mettant enfin un pied à terre, réprimant une grimace quand son dos se rappelle à ses bons souvenirs. Durdinis est dans toutes les têtes ici, y comprit la sienne. Elle est surtout dans son corps, gravement blessé qu'il fut alors qu'il se tenait aux côtés de Courage, le duc de Nera.

        - Les Durdiniens vous écoutaient avec une grande attention, ma Dame. Vous êtes tout comme moi, bien loin de notre Volg. Je ne pensais pas rencontrer quelqu'un du pays ici.


        Le Duc se frayait un chemin entre ses Lanciers Sombres pour enfin pouvoir lui parler face à face.
        De l'autre côté de la placette, un petit groupe de Soeurs Rajastes venaient d'arriver pour le repas quotidien offert aux réfugiés. Ce que ne manque pas de remarquer Alastor.

        - Leur sort m'attriste. Il faut que le Conseil statue sur cette affaire.
        Re: Loin de nos terres - Alixane De Valbruine ─ Mar 15 Mai - 18:41
        Anonymous
          Invité
          Invité
          Il n'a rien. Si elle pensait encore que le Trimurti se préoccupe quelque peu des prières et du sort des hommes, elle les remercierait. Mais elle n'y croit plus, plus vraiment. Plus depuis qu'elle a senti la main de son père se serrer autour de son poignet tandis qu'il murmurait ses dernières paroles pour ensuite se relâcher, inerte, et ne plus jamais frémir. Plus depuis qu'elle a creusé la terre pour y enterrer les corps maigres et marqués de son neveu et de sa nièce. Le Trimurti se fiche bien de la destinée d'Eurate ou de ses habitants.

          Elle ne les remercie donc pas les dieux qu'Alastor n'ait rien, bien que le soulagement se lise sur ses traits. Elle note les difficultés physiques du duc, affaibli par les batailles, tandis qu'elle l'observe. Elle remarque aussi Kara, et la salue d'un signe de tête amical mais bref. La dernière fois que les deux femmes se sont vues, la chevalière venait enquêter en Valbruine sur des attaques suspectes à la frontière Khoz. Des attaques qui jetaient le doute sur la loyauté de la baronnie. Alixane a dû partir dans le sud avant que l'enquête soit terminée, et n'a aucune idée des conclusions auxquelles la grande brune a pu arriver, ni de ce qu'elle a dit à Boisnoir. Tout ce qu'elle sait, c'est que la première chose que ce dernier à du faire à propos de Valbruine depuis qu'elle-même a succédé à son père, c'est envoyer sa cousine enquêter sur des soupçons de trahison. Elle ignore quelle opinion il peut avoir d'elle, mais elle n'a pas vraiment de raison de penser qu'elle soit bonne.

          Pourtant, le ton du duc est aimable. Elle se détend un brin, rien qu'un brin seulement. Kara est une amie d'enfance, quoi qu'elle ait trouvé à la frontière, elle n'aura pas encouragé les doutes et les rumeurs.

          « Je n'ai rien, Seigneur. »

          Concise, comme à son habitude. Alixane n'aime guère discourir, ça n'a jamais été son fort. Pourtant, ce jour-là elle a l'impression diffuse qu'elle doit s'expliquer, ou du moins répondre, aussi se force-t-elle à parler, là ou son naturel la pousserait à se contenter de hochements de tête et de regards chargés de sens. C'est son duc après tout.

          « Ils écoutent, oui, c'est tant mieux. La situation ne se réglera pas aussi facilement, mais au moins, nous devrions pouvoir faire d'une pierre deux coups, améliorer la vie de certains de ces gens et mieux tenir la frontière. »

          Elle ignore quelle part du discours au juste il a entendu, et ce qu'il sait de ses projets. Derrière elle, les deux gardes valois croisent les bras, défiant quiconque de s'approcher de leur baronne. La foule fait à présent un ample détour pour éviter aussi bien les gardes de Boisnoir que les nordiques barbus dont la stature les place une tête au dessus de la plupart des citoyens d'Evalon.

          « Volg est loin, oui, mais je ne tarderai pas à rentrer. »

          Heureusement. Cette ville l'oppresse, ces terres désespérément plates la mettent mal à l'aise, sans compter les innombrables habitants, la nourriture, les odeurs... Rien de familier. Rien à quoi se raccrocher. Elle n'a jamais été une voyageuse.

          Elle hoche la tête quand Alastor mentionne les réfugiés. Elle aussi les plaint, il est vrai, et elle peine à imaginer le déchirement qu'ils doivent ressentir.

          « J'ai le mal du pays alors que je n'ai quitté nos terres que depuis quelques semaines », murmure-t-elle. « Mais nous avons au moins la certitude que notre pays attend notre retour, inchangé, et que nous le retrouverons tôt ou tard. Eux... »

          Les souvenirs de Durdinis remontent à son esprit et son ton se teinte d'amertume. Tant de pertes, tant de morts dans les champs de l'est, et tout ça pour rien. Rien si ce n'est la honte et la défaite, et la sensation rampante d'avoir failli à tous ces gens qui se pressent maintenant, sales et a demi morts de faim, dans les rues d'Evalon.

          « Le Conseil a-t-il une solution ? », ose-t-elle, son regard à nouveau posé sur son Duc. Elle se demande si d'autres seigneurs ont proposé d'accueillir des réfugiés. La peste a frappé tout le monde, après tout. Les bras doivent manquer partout.
          Re: Loin de nos terres - Alixane De Valbruine ─ Dim 20 Mai - 16:07
          Alastor de Boisnoir
            Alastor de Boisnoir
            Le départ d'Alastor pour la capitale et le retour de sa cousine à Boisnoir ont fait que les deux n'ont pu se croiser afin de parler de Valbruine.  Alastor est un duc qui se veut à l'écoute des moindres doléances de son peuple, qu'il vienne d'en bas ou d'en haut. Il veut trouver un terrain d'entente par la négociation et les mots dans ses terres quand autrefois il n'y avait que l'épée pour parler. Le nouveau Volg qu'il s'efforce de construire et préserver est au prix de nombreux efforts, de nombreux compromis afin que chacun y trouve son compte. Homme d'action, guerrier dans l'âme, il exerce le pouvoir depuis trop longtemps maintenant pour ne se reposer que sur la force. Son père le lui a toujours répété : la force n'est que l'apanage des tyrans. Elle ne doit intervenir quand toutes les solutions sont épuisées. Alastor n'a donc eu de cesse de mettre cet adage à l’œuvre.

            C'est ce qui l'a poussé à se rebeller contre son prédécesseur, quitte à trahir pour la première fois de sa vie, un serment d'allégeance. Il espérait que tout cela fut que la seule et unique fois. Il ne se passe pas un jour sans repenser à ce regret, cette honte que pourtant, les autres qualifie de courage. C'est dans ce nouveau Volg, loin de l'inaction et de la tyrannie qu'ils évoluent tous les deux. Et ironiquement, tout un chacun dans ces terres modestes, savent à quel point Alastor déteste la trahison. Non pas à son égard, mais à l'égard du pays qui après la guerre et la peste, doit rester soudé aussi solidement qu'une lame à sa poignée. Voilà pourquoi il n'a pas hésité à envoyer sa Conseillère en Valbruine. Voilà pourquoi il n'hésitera pas à statuer selon ses découvertes. Sans remords.
            En attendant, Alastor n'a pas de raison de se montrer hostile envers la jeune femme.

            Aux mots de cette dernière, le Volgien ne peut que hocher la tête. Il semblerait que ces derniers partagent une même vision quant à la présence et le futur des Durdiniens. La guerre fut un événement douloureux dans tous les sens du terme pour lui qui fut blessé sévèrement dans les derniers jours. L'Ours fronce légèrement le regard tout en observer cette masse informe et amaigrie se presser autour de leurs bienfaitrices. Ce serait presque du regret que l'on pourrait lire sur les traits tirés et fatigués du Duc.

            - C'est de notre faute si ces gens ont tout perdu et se retrouve à mendier, survivre loin de chez eux. Nous tous avons faillit à les protéger dans cette guerre. Leur sort est notre fardeau, cependant, nombre d'entre nous ne semblent pas l'entendre de cette oreille. A commencer par la plèbe Evalonienne qui a la mémoire bien courte.

            Peut-être une pointe de mépris ? Certainement.
            Ses mots le concernent bien évidemment. Il se sent tout aussi responsable que les autres qui ont essuyé le pire revers de l'Empire depuis des décennies. Si ce n'est, siècles. Une catastrophe qui allait rester dans toutes les mémoires, c'est peu de le dire. Ce dernier avait fait quelques pas vers la placette, se dirigeant vers les Soeurs Rajjastes qui ne manquent pas de repérer la présence du Volgien et de la Baronne.

            - Pour le moment, le Conseil n'a pas encore pu se pencher sur cette situation. J'en réclame l'urgence mais, le problème de la succession est tout aussi important.

            Pendant ce temps, l'escadron de lanciers s'assurait de la protection à la fois de son Duc mais aussi de son hôte et des gens présents. Alastor glisse une petite bourse de cuir dans la paume de la Sœur Supérieure, inutile de deviner ce qu'elle peut bien contenir. Elle l'en remercie d'un signe de tête enthousiaste.

            - J'ai entendu que vous offriez des terres en Valbruine pour ces gens. Des familles tout en particulier. Je ne peux qu'admirer votre altruisme ma Dame. Cependant, gardez à l'esprit que Volg, ou même Valbruine n'est pas Durdinis. Parmi ces gens, nous savons qu'il existe une branche de radicaux qui tient Eurate en horreur pour ce qui leur est arrivé. On ne sait jamais ce que cela peut ramener de bon.

            Évidemment, l'Ours s'était éloigné pour glisser ses réserves de la manière la plus discrète.
            Re: Loin de nos terres - Alixane De Valbruine ─ Dim 3 Juin - 18:14
            Anonymous
              Invité
              Invité
              Elle hoche gravement la tête quand Alastor évoque leur responsabilité. La honte éprouvée lors de la retraite à Durdinis est encore tenace, tout comme le sentiment d'avoir abandonné ceux que la noblesse d'Eurate avait juré de protéger. La jeune femme a cependant  bien compris que ce sentiment n'était pas universellement partagé, que ce soit des conversations qu'elle a entendues lors de la guerre, ou des quelques commentaires acerbes de son père sur le comportement de certains.

              Entendre Alastor évoquer le peuple d'Evalon la surprend pourtant quelque peu. Protéger les citoyens d'Eurate est la responsabilité des nobles, non de la populace. Les habitants de la capitale n'ont pas à se sentir responsables, à ses yeux. Voir débarquer tant d'étrangers sur leurs terres, d'autant plus des mendiants et des sans abris, ne doit pas être facile a accepter. Elle ne leur reproche pas leur hostilité. Elle sait que sa propre initiative d'accueillir une partie des réfugiés à Valbruine a été également très mal reçue par une partie de la population.

              Elle garde cependant pour elle ses pensées, non pas qu'elle se méfie ou qu'elle manque de confiance en elle, plutôt par habitude, parce qu'elle n'a jamais été de ceux qui expriment tout haut leurs idées, mais plutôt de ceux qui se taisent et laissent leurs actes parler.

              Elle reste un pas en arrière tandis qu'il s'rejoint les sœurs et fait acte de charité. Hormis pour les cultes auxquels elle ne pouvait échapper, elle ne s'est guère approchée des temples et de ceux qui servent les dieux depuis l'épidémie, et ne souhaite guère le faire, comme si les moniales pouvaient de leur regard perçant déceler son nouveau manque de foi. Sous couvert de laisser le duc vaquer à ses affaires, elle garde donc ses distances, jusqu'à ce qu'il ait terminé et s'adresse à nouveau à elle.

              « A dire la vérité, Seigneur, ce n'est point de l'altruisme, c'est une nécessité. »

              Elle le fixe de ses yeux gris-verts, impassible. Qu'il la pense généreuse est un compliment, certes, mais elle ne peut être autre chose que brutalement honnête lorsqu'elle se décide à parler.

              « Valbruine a perdu de nombreux guerriers à Durdinis, et la peste en a emporté bien d'autres encore, sans parler du peuple lui-même. »

              Sa baronnie est à genoux, et elle tente de la relever. Si ses actes peuvent aider quelques réfugiés, tant mieux, mais son premier devoir va à son peuple, et au serment qui lie sa famille à la défense de la frontière. Un serment prononcé bien avant que Montdragon ne devienne vassal de Volg, un serment qui remonte aux jours glorieux de Mirann, avant même que les terres du nord ne rejoignent l'empire d'Eurate.

              « Les Khöz ont été touchés eux aussi, ce qui nous laisse un répit bienvenu. Mais sans renforts, ce que nous aurons à leur opposer quand les raids reprendront sera bien maigre. Et sans davantage de fermiers pour s'occuper des champs, nous aurons une famine avant l'hiver. »

              Aucune trace de plainte dans sa voix, elle ne cherche ni pitié, ni consolation, elle se contente d'exposer la situation telle qu'elle la perçoit, telle qu'elle est, vraiment. Elle n'a pas demandé d'aide à son duc, ce n'est pas ainsi que les siens procèdent. Tenir la frontière est sa responsabilité, elle ne quémandera pas d'assistance avant d'avoir épuisé toutes les solutions qu'elle peut réaliser elle-même. Elle a hérité de son père ce farouche sens du devoir et cette individualisme inflexible. Elle ne songe même pas à envisager les choses autrement.

              « Ces familles que nous accueillerons devrons faire leur part, et leurs fils et filles se battront pour Valbruine. Il ne s'agit pas de charité. Et quant au fait qu'il puisse y avoir des traîtres parmi eux... c'est un risque, en effet. Mais je doute qu'ils soient nombreux. Quel espoir ont-ils de retrouver leurs terres un jour si ce n'est parce qu'Eurate les reconquiert ? »


              La dernière phrase s'est échappée toute seule entre ses lèvres sans qu'elle le veuille vraiment, trahissant sa véritable pensée, ou plutôt son espoir. Durdinis était une débâcle monumentale, mais la défaite doit-elle réellement être définitive ?
              Re: Loin de nos terres - Alixane De Valbruine ─
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