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Au bon endroit, au bon moment.
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Re: Au bon endroit, au bon moment. ─ Sam 9 Juin - 15:47
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    Le moins que l'on puisse dire, c'est que Jacques avait passé une bonne nuit. Il était toujours satisfait lorsque le travail était bien fait. Il s'était rendu dès le réveil au dispensaire, pour des soins complémentaires. Voilà qu'il avait quelques bandages sur la tête maintenant. Il s'était ensuite rendu au chevet du milicien blessé, pour lui accorder quelques jours de repos ou presque. Il pouvait toujours se déplacer à l'aide d'une canne et s'asseoir. Il serait donc de corvée de patates et d'entretien des pièces d'armes et d'armure, le temps qu'il puisse reprendre l'entrainement. Ce n'était pas une auberge ici, que diable !

    Ce dernier, durant la discussion, tenta bien de raisonner son supérieur une nouvelle fois au sujet de la prêtresse. Elle ne pouvait pas être ce que Jacques prétendait qu'elle était, il n'en avait pas la preuve formelle mais, ça semblait pourtant évident. Il n'arriva pas à le faire changer d'avis radicalement mais, il parvint malgré tout à lui insérer le doute. Aussi, avant de l'expédier à la question pour lui faire avouer ses crimes, il avait décidé d'étudier la question un peu plus en profondeur. Ce ne fut que vers 11 heures du matin qu'il descendit dans les geôles, réveiller tout ce beau monde. Dans son uniforme de fer et d'étoffes, il s'approcha des barreau et la tapota avec le manche de son épée.

    - Debout là-dedans ! Vous n'êtes pas ici pour dormir, tas de bons à rien.

    Dit-il sèchement, continuant jusqu'à ce qu'ils ouvrent les yeux. Il observa les deux jeunes hommes, puis Anastasie. Il décida de leur adresser la parole en premier.

    - Où sont vos complices ? Je sais qu'il y a eu un survivant. D'autres détritus dans votre genre doivent se cacher encore dans le caniveau, tapis dans l'ombre. Où sont-ils ?

    Ce fut le plus âgé des deux qui se releva, s'approchant des barreaux.

    - Vous savez, au lieu d'user de violence pour ramener la "paix" dans ce quartier, vous pourriez plutôt faire preuve de bonne charité, sergent. Nous ne faisons pas ça par plaisir mais par nécessité.
    - Peu importe la raison pour laquelle vous commettez vos méfaits, c'est interdit et vous ferez face aux conséquences de vos actes.
    - J'ai une femme et un gosse à nourrir ! Pendant que des bourgeois et des nobles tous plus gras et opulents les uns que les autres se pavanent avec outrance. Vous trouvez ça "juste" ?
    - Tu n'avais qu'à travailler, vermine, tu ne serais pas derrière ces barreaux et ta famille serait bien nourrie.
    - Mais j'ai essayé, qu'est-ce que vous croyez ?! Je n'ai rien trouvé de suffisant ! Ils sont tous plus ingrats les uns que les autres.
    - Eh bien tu n'avais qu'à te faire cerf dans un autre endroit ! Et ne pas avoir ni femme ni enfant si tu n'es pas capable de les assumer ! Maintenant répond !
    - Vous les avez déjà tous décimés ! Il n'en reste presque plus rien. Pourquoi vous acharner à détruire leur vie ?
    - Et vous ? Pourquoi vous acharner à enfreindre la loi ? Vous êtes tous les mêmes, vous ne changerez jamais. Cette fois-ci, je vais m'assurer de vous envoyer voir le bourreau, on va voir comment vous allez voler sans vos mains !

    Son interlocuteur était à la fois blême et fou de rage. Ceci dit, il n'eut pas le temps de rétorquer que son camarade lui coupa la parole, complétement résigné celui-ci, en revanche.

    - Et elle là ? Qu'est-ce qu'elle fout ici ? C'est quoi son crime, à la prêtresse, pour se retrouver en prison ?
    - Une évadée des géoles qui a assassiné une prêtresse pour s'accaparer ses biens.
    - Vous n'avez rien trouvé d'autre ? Je veux dire, ça n'a pas la dégaine d'un assassin, ça. C'est quoi le problème au juste ? Qu'elle ait été témoin de votre intervention barbare qui a causé la mort de deux innocents ?
    - De deux brigands qui ont résisté et tenté de se rebeller contre l'autorité ! C'était de la légitime défense, je n'ai rien à me reprocher.

    Puis le silence revint, entrecoupé de quelques soupirs. De toutes les façons, ils le savaient bien, ça ne servait à rien de discuter avec lui.

    - Pour la dernière fois, qui sont et où sont vos complices ? Si vous ne le dites pas, je vous passerai les doigts à la poussette, phalange par phalange !

    Mais toujours rien, ils n'étaient pas décidés à parler. Que cela ne tienne, Jacques ne comptait pas en rester là. Il les fit menotter et les envoya dans une cellule juste en face de la leur, de cette façon, Anastasie pourrait tout voir et entendre. Parce que c'est bien ce qu'il espérait, qu'elle craque et avoue ses crimes la première, sans qu'il n'ait besoin de la questionner. En revanche, si elle n'avouait rien, c'est qu'il y aurait sans doute matière à avoir un doute. Mais ça, il se garda bien de le dire. Les deux prisonniers furent attachés à deux chaises, face à face. Un milicien faisant office de bourreau leur passa l'index dans la poussette. Le sergent se tenait plus en retrait, dans la cellule.

    - Toujours pas décidés à parler ?

    Ils se regardèrent, blêmes, tremblants, ne sachant trop quoi dire. Ils savaient que s'ils parlaient, leur dernier complice finirait comme eux. De l'autre côté, s'ils ne parlaient pas, ils allaient passer de très mauvaises heures. Jacques regarda alors le milicien et lui demanda de tourner la molette. Les deux pièces de métal se rapprochèrent lentement l'une de l'autre. C'était comme s'ils se mettaient les doigts dans une porte que l'on refermait doucement. La douleur était continue, allait en montant et les dégâts provoqués finiraient par être irréversibles. Leurs premiers cris de douleur ne tardèrent d'ailleurs pas à retentir dans le salle !
    Re: Au bon endroit, au bon moment. ─ Sam 9 Juin - 18:19
    Anastasie Lunétoile
      Anastasie Lunétoile
      Prêtresse
      Anastasie avait été réveillée par les bruits de pas du milicien. Les autres dormaient toujours lorsqu'il fut assez proche pour frapper contre les barreaux avec le manche de son épée. Leur réveil fut brutal...

      - Debout là-dedans ! Vous n'êtes pas ici pour dormir, tas de bons à rien.

      La prêtresse se demandait à quoi s'attendait le soldat. Ils avaient été parqués là pour la nuit et une chose était sûre: ce n'était pas un haut lieu du divertissement. Ni de la gastronomie. Elle commençait sérieusement à avoir faim malgré l'odeur dégoûtante de l'endroit, mais elle n'imagina pas une seule seconde à en faire part à qui que ce soit. Ce n'était pas du tout le moment.

      La prêtresse n'arrivait pas à savoir si elle devait être soulagée ou non que le milicien ne commence pas par lui parler. D'un côté elle aurait aimé être fixée sur son sort, de l'autre elle préférait égoïstement qu'on s'attaque à quelqu'un d'autre qu'elle. Baissant les yeux, regardant le sol, elle tâchait de se faire oublier de son mieux tandis qu'une étrange discussion se tenait entre accusés et accusateur.

      Ana se sentait bien plus solidaire de ces pauvres gens qui tentaient ce qu'ils pouvaient pour s'en sortir que d'un milicien qui n'hésitait pas à tuer ni à enfermer des innocents sur de simples suppositions. Elle savait qu'il valait mieux ne pas le dire, ça la desservirait, mais c'était la vérité. Comment fermer les yeux sur les causes d'un problème et ne s'intéresser qu'aux conséquences? Quel piètre médecin, celui qui soignerait les symptomes sans se soucier des causes ! Mais le milicien semblait chérir la loi bien plus que les vies humaines, et même si c'était pure sottise aux yeux de la prêtresse elle avait bien compris qu'il n'était pas en son pouvoir de discuter en ce moment.

      Elle était moins prompte à juger et cherchait avant tout à comprendre. Peut-être que le milicien n'en avait plus le temps ? Peut-être avait-il été usé à force de faire des efforts qui n'avaient pas été récompensés? La prêtresse se demandait ce qui pouvait bien le pousser à agir ainsi. L'un des brigands, voleur apparemment, lui tenait tête avec force et ne semblait rien regretter. L'autre était désabusé, et comme s'il considérait que son cas ne méritait pas d'être approfondi, il ramena la conversation sur Anastasie en demandant ce qu'elle faisait ici. Il était vrai que la prêtresse elle-même l'ignorait, au fond.

      - Une évadée des géoles qui a assassiné une prêtresse pour s'accaparer ses biens.

      Elle écarquilla les yeux et se redressa brusquement. Déjà, d'un point de vue purement stratégique, quand on voulait voler un prêtre on ne choisissait pas les prêtres de Tamas. Ils étaient des renonçants, et il était de notoriété publique qu'ils ne possédaient souvent que le strict nécessaire à une vie simple. Mais imaginer qu'elle puisse avoir été emprisonnée après un crime assez horrible pour mériter cette punition, puis s'être échappée et enfin avoir tué une prêtresse pour prendre sa place... Quel monstre était ce milicien pour imaginer un plan pareil ?! Le choc de cette annonce transparaissait visiblement sur son visage. Elle avait compris qu'il la prenait pour une évadée. Mais une meurtrière?

      - Vous n'avez rien trouvé d'autre ? Je veux dire, ça n'a pas la dégaine d'un assassin, ça. C'est quoi le problème au juste ? Qu'elle ait été témoin de votre intervention barbare qui a causé la mort de deux innocents ?
      - De deux brigands qui ont résisté et tenté de se rebeller contre l'autorité ! C'était de la légitime défense, je n'ai rien à me reprocher.

      Comment pouvait-il se dire que les dieux ne lui en voudraient pas? Il n'y avait rien de pire que tuer ! Anastasie ne comprenait pas qu'il ne se reproche rien. Sans même parler de son cas à elle, qui justifierait bien plus de profondes excuses, il avait tué ou fait tuer des hommes...

      - Pour la dernière fois, qui sont et où sont vos complices ? Si vous ne le dites pas, je vous passerai les doigts à la poussette, phalange par phalange !


      Anastasie ne savait pas ce qu'était une poussette, mais le contexte ne laissait aucun doute sur l'utilité de l'objet. Quelle horreur. Alors même que la menace ne lui était pas destinée, la demoiselle devint livide. Elle vit ses compagnons d'infortune être menottés et déplacé, pour se retrouver victime d'une mise en scène savamment travaillée et faite pour qu'ils avouent. Sa curiosité poussa la prêtresse à regarder l'objet dans lequel un milicien passa leur index mais elle détourna les yeux dés qu'elle comprit ce qui allait se passer. Ce n'était pas simplement qu'elle ne comprenait pas le milicien. C'était que c'était un monstre.

      - Toujours pas décidés à parler ?

      Anastasie hasarda un dernier regard sur les deux hommes. Le visage blanc, tremblant, ils ne paraissaient pas s'être attendu à ce supplice mais ils semblaient très bien comprendre ce qui allait leur arriver. Ana aurait pu les sortir de là, peut-être. Elle aurait pu mentir, dire qu'elle avait l'information qu'il fallait, se sacrifier pour eux. Mais elle mentait si mal que ce serait ridicule, et puis... Elle ne doutait pas que le milicien ne les laisserait de toute façon pas sortir indemnes. Elle se sacrifierait pour rien. Alors elle se tut. Elle ferma les yeux, serra les dents, serra ses mains sur ses genoux.
      Il y eut un bruit métallique, un moment de silence... Et puis les cris. Les pauvres semblaient souffrir le martyr. Ana tremblait rien que de les entendre, elle ne pouvait pas s'empêcher de se dire qu'elle y passerait également le moment venu. Et comme elle était innocente elle ne dirait rien, et comme il ne la croirait pas... Elle commença presque à regretter sa cave. S'ils avaient décidé de la tuer, ils l'auraient probablement fait vite.
      Mais les hommes tinrent bon. Aucun ne livra d'information, seulement des hurlements à glacer le sang. Ana non plus ne dit rien. Une de ses mains lâcha son genou pour saisir son collier. Quand elle ouvrit la bouche, ce ne fut que pour quelques murmures dissimulés par les cris...

      - Puissent les dieux venir en aide à ceux qui en ont besoin et ouvrir les yeux de ceux qui vivent dans l'ignorance... Puissent-ils renforcer en ce monde l'ordre qui doit y régner, donner à manger à ceux qui ont faim, libérer les innocents, punir les coupables mais pardonner à ceux qui se tournent vers eux...


      Personne ne l'entendait, sans doute. Tant mieux. Elle ne priait pas pour que les humains l'entendent. Mais les cris étaient si forts qu'elle avait dû ouvrir la bouche pour donner forme à sa pensée. Elle rouvrit un oeil quand le silence revint mais elle n'osa pas regarder en direction des deux interrogés. Son regard empli de peur se fixa sur le sol. Elle pouvait au moins se dire qu'elle avait vécu de son mieux, et que si elle rejoignait Tamas elle n'aurait pas honte.
      Re: Au bon endroit, au bon moment. ─ Sam 9 Juin - 20:42
      Anonymous
        Invité
        Invité
        C'est qu'ils ne voulaient pas parler, ces deux têtes de mule. Leurs index étaient inutilisables maintenant. Jacques voyait le bon côté, de toutes les façons, ce n'était pas comme si ils allaient perdre les mains, ou tout du moins, il espérait. Alors perdre un doigt ou deux avant, qu'est-ce que ça pouvait bien changer ? Inutile de décrire le résultat, ce n'était juste pas beau à voir. Bormand n'était pas désespéré, ceci dit, ce n'était que le début et s'ils voulaient jouer au plus malin avec lui, il en était persuadé, ils ne gagneraient pas. Il leur reposa la question encore une fois et face à l'absence de réponse, il répéta supplice sur leurs majeurs, puis sur leurs pouces. La torture dura bien une longue heure ainsi. Soixante minutes de souffrance et de hurlements, avant qu'ils ne finissent par cracher le morceau et dévoiler la cachette de leur camarade, pour le plus grand plaisir du sergent.

        Il ne leur fallut pas plus pour que le supplice s'arrête. Jacques était un barbare, pas un sadique. Il les félicita même pour avoir retrouvé le chemin de la raison. Malheureusement, cela n'allait nullement les sauver, il tint à le leur faire comprendre également. Il s'en alla simplement transmettre les informations à deux hommes et leur demanda d'aller chercher le dernier complice. Bien entendu, l'usage de la violence était autorisé s'il résistait. Il ne fallait pas le tuer, il devait passer devant un tribunal. Ceci dit, si sa mort devenait inévitable, alors ils ne devraient pas hésiter un instant. Pas question de le laisser filer une seconde fois. Cet ordre passé et les deux prisonniers mis à l'écart, il revint une fois de plus dans les cachots, pour Anastasie cette fois-ci.

        Elle n'avait pas pipé mot depuis le début, ce qui jouait en sa faveur. Il posa un tabouret devant les barreaux et s'assit en face, la fixant un instant en silence, sans doute pensif. Il avait l'air calme, pour une fois, pas spécialement crispé. Il semblait s'être adoucit le temps d'un instant. La misère de cette pauvre dame aurait-elle finit par l'atteindre ? Ou alors tout simplement qu'il cherchait à la mettre en confiance ? Ce qui était certain, c'est que cette femme avait enduré beaucoup trop pour ne rien avouer. Prêtresse ou imposteur ? Il n'y avait qu'une seule façon de le savoir. Il avait ramené avec lui une plume, de l'encre et du papier. Il posa ce dernier sur sa cuisse, trempant la plume.

        - Très bien, Anastasie, je vous accorde le bénéfice du doute. Vous avez un quart d'heure pour me convaincre que vous êtes bien une prêtresse de Tamaste et pas une évadée. Je vous écoute.
        Re: Au bon endroit, au bon moment. ─ Dim 10 Juin - 5:10
        Anastasie Lunétoile
          Anastasie Lunétoile
          Prêtresse
          Que c'était long ! Anastasie se demandait comment cela se faisait que le bourreau n'en ait pas lui-même assez. Le petit bruit métallique de la machine de torture se reproduisit plusieurs fois, il devait probablement changer de doigts... Quelle horreur.
          Quand ils finirent par avouer ce qu'ils savaient la prêtresse ne put que les comprendre: elle-même n'aurait probablement pas tenu jusque là sans rien dire si elle savait quelque chose, à leur place. Mais même une fois les cris disparus, elle les entendait en écho dans sa tête. Elle ne pourrait sans doute jamais oublier ce qui venait de se produire. Voilà qui alimenterait sans doute un peu plus ses cauchemars et ses angoisses. À qui pourrait-elle en parler, si elle sortait d'ici?  Aucun nom ne lui venait, elle garderait probablement ça pour elle. Et ça ne l'aiderait pas à passer à autre chose.
          Le milicien avait donné des consignes pour que les prisonniers ne restent pas comme ça au milieu du passage, et ensuite il s'était retiré. Comme il n'avait rien dit pour le moment au sujet de l'avenir de la prêtresse celle-ci était terrorisée. Si elle subissait le même genre d'interrogatoire que les deux brigands... Ses yeux tombèrent sur ses mains. Elle n'avait aucunement envie d'y perdre un seul doigt.
          Les bruits de pas reprirent et la firent sursauter, mais il n'y avait de toute façon personne qu'elle puisse avoir envie de voir et qui soit susceptible de passer par ici. Comme elle le craignait, le milicien dans sa belle armure revenait. Ça allait être son tour. Anastasie voulut se mettre tout au fond de la cellule, mais elle était tétanisée. Son corps ne décida pas de lui obéir et elle ne bougea pas d'un millimètre.
          Elle parvint seulement à tourner la tête et à apercevoir un tabouret, sur lequel le milicien s'installait. Elle leva un sourcil avec un air curieux. Ce n'était pas vraiment pour lui déplaire que la méthode change... Mais elle n'oublierait pas ce qu'elle avait entendu.
          Le milicien, lui, semblait véritablement être passé à autre chose. Il avait presque l'air... Serein. Encore un mystère que la prêtresse ne parvenait pas à comprendre ! Comment pouvait-il être si tranquille après avoir mutilé deux hommes ? Évidemment elle ne posa pas la question.

          - Très bien, Anastasie, je vous accorde le bénéfice du doute. Vous avez un quart d'heure pour me convaincre que vous êtes bien une prêtresse de Tamaste et pas une évadée. Je vous écoute.

          Anastasie n'avait jamais eu besoin de prouver vraiment son identité jusque là. Elle n'avait aucune idée de l'endroit par où commencer: même si elle lui racontait toute sa vie elle n'avait aucune preuve matérielle de ce qu'elle avançait. Ayant vécu la majeure partie de sa vie à Nacre pour ses études ou en Terresang dans sa paroisse, elle se doutait bien que le milicien ne pourrait pas exploiter grand chose de ce qu'elle raconterait... Relevant légèrement la tête, elle aperçut qu'il tenait entre ses mains de quoi écrire.

           - Je sais écrire,
          dit-elle doucement.

          En soi ça ne prouvait pas qu'elle était prêtresse, même si les prêtres recevaient une solide instruction. En revanche, peu de gens savaient écrire, et encore moins de ces personnes sachant écrire devaient se retrouver forçat, n'est-ce pas ? Soit le milicien considérait que ça contribuait au moins un peu à la sortir de la catégorie "évadée" soit... Ça aurait le mérite de rendre son cas plus particulier qu'il ne l'était déjà. Mais elle avait si peur qu'il était bien difficile de construire un argumentaite logique, et le milicien devrait sûrement se contenter de ce genre de choses s'il ne posait pas de questions lui-même.

           - Je connais par coeur les textes sacrés,
          continua-t-elle.  

          Voilà qui devait jouer en sa faveur. Enfin, le milicien pouvait considérer qu'elle avait tout appris rien que pour sa couverture, non ? Elle se sentait dépassée par les événements. Peut-être qu'elle n'arriverait même pas à prouver qui elle était...? Elle prit une profonde inspiration.

           - Je ne sais pas si vous avez fait récupérer mes affaires, mais si c'est le cas, il y a une lettre de Nacre qui m'est destinée à l'intérieur.  


          C'était la lettre qui lui donnait l'ordre de quitter Terresang pour la baronnie de Valacar. Elle était récente, Ana avait pris la route presque immédiatement après l'avoir reçue. On voyait encore le sceau de Nacre, même s'il avait été un peu malmené par les nombreuses lectures de la demoiselle, et le transport.

           - J'étais au service de Monseigneur Alexandre de Terresang,
          poursuivit-elle, *même si je l'imagine mal se déplacer pour vous prouver mon identité* continua-t-elle dans sa tête. En vérité elle ne savait plus quoi dire, puisqu'elle ne voyait pas l'utilité de raconter sa vie...  

          S'il posait des questions elle répondrait sans aucun doute. Il y avait sûrement des choses que le milicien voudrait savoir, non ? Du moment qu'il ne partait pas du principe qu'elle allait mentir, Anastasie voulait bien lui expliquer ce qu'il voudrait. De toute façon elle n'avait pas le choix.Mais elle ne voyait aucune preuve indubitable de son statut de prêtresse si on partait du principe qu'elle avait volé ses affaires à une morte. Sa foi ne pouvait pas servir de preuve.
          Re: Au bon endroit, au bon moment. ─ Dim 10 Juin - 10:11
          Anonymous
            Invité
            Invité
            Jacques écoutait patiemment ce qu'elle avait à dire, sans lui couper la parole. Il réfléchissait en même temps qu'elle étayait ses arguments. Concernant l'écriture et la connaissance des textes sacrés, elle marquait un point, sous réserve qu'elle dise la vérité. Il n'avait aucune connaissance de ces textes là mais, il pouvait toujours lui demander d'en écrire un, quitte à faire d'une pierre deux coups. Pour ce qui était de la missive, pour lui, cela ne prouvait pas grand chose. Si elle s'était accaparée les affaires d'une autre, elle se serait accaparé la lettre également. Ceci étant dit, si ce qu'elle disait était vrai, c'est qu'elle savait aussi lire. Jacques avait de la chance, originaire d'une famille de bourgeois et d'un père juge, plus exactement, il avait appris à lire et écrire, même s'il ne s'en servait pas vraiment au quotidien. Il lui serait donc facile de vérifier ce qu'elle disait. Quant à être au service du Seigneur Alexandre de Terresang, c'était certes un argument de poids mais un argument qu'il ne se donnerait pas la peine de vérifier, trop couteux en temps et en efforts. Il l'écarta tout simplement de sa plaidoirie.

            Que restait-il au final ? Une éducation de prêtresse, qui ne pouvait pas être volée elle, à démontrer. Il n'avait encore rien noté sur son morceau de papier. Il lui passa le tout, au travers des barreaux, calmement là encore.

            - Je n'ai pas le savoir nécessaire pour vérifier l'exactitude de vos récitations saintes, vous pourriez me raconter n'importe quoi à consonance sacrée, je n'y verrais que du feu. Par contre, c'est vrai qu'écrire et lire n'est pas donné à tout le monde. Aussi je vous prierai d'écrire votre témoignage sur cette page. Ce qu'il s'est très exactement passé quand vous êtes apparue lors de la rixe, ni plus, ni moins.

            Il espérait bien se faire comprendre, il y avait un sous-entendu à double sens dans sa déclaration. D'un côté, il ne voulait pas qu'elle fasse mention des détails fâcheux, de l'autre, s'il reconnaissait des détails fâcheux, c'est qu'il la croyait, quelque part. Pour le reste, il ne semblait absolument pas embêté par ses agissements brutaux, voir barbares. Il avait fait tuer deux hommes, peu importe, c'était deux problèmes en moins pour la ville. Il avait rendu infirme deux autres, peu importe, c'était pour coincer le troisième. Il avait brutalisé une prêtresse qui ne lui avait rien demandé et pire encore, qui lui était venue en aide, peu importe, c'était la moindre des prudences, dans le doute. Autrement dit, même s'il commençait à la croire, il ne comptait absolument pas lui présenter des excuses.

            Il croisa alors les bras, la regardant faire. De toutes les façons, ce n'était qu'une religieuse parmi tant d'autres. C'est sûr qu'il n'aurait pas pu se permettre de prendre de telles mesures avec un noble ou un haut fonctionnaire, cela ne lui aurait même pas effleuré l'esprit ! Il restait un mystère, cependant. Ses marques.

            - Je ferais vérifier la lettre dont vous avez fait mention. Pour le reste, expliquez moi d'où viennent ces marques si vous n'avez jamais été emprisonnée ?
            Re: Au bon endroit, au bon moment. ─ Dim 10 Juin - 20:30
            Anastasie Lunétoile
              Anastasie Lunétoile
              Prêtresse
              Avant même de répondre quoi que ce soit, le milicien se leva de son siège et passa à travers les barreaux de la cellule ce qu'il avait amené pour écrire. La demoiselle, comprenant évidemment que ce geste lui était adressé, se releva doucement et approcha de la porte pour saisir ces objets. Bien évidemment elle ne fit aucun geste brusque, et dès qu'elle eut récupéré le matériel elle retourna s'asseoir au fond en attendant les consignes. Il était normal qu'il veuille vérifier ses dires après tout, au point où ils en étaient. Au moins l'homme semblait calme, bien loin de l'accès de rage qu'il avait eu en lui hurlant qu'elle était une criminelle dans la ruelle. Son visage était toujours aussi dur, il avait commis des choses horribles, et paradoxalement il semblait plus facile de lui parler. Il semblait être prêt à écouter.

              - Je n'ai pas le savoir nécessaire pour vérifier l'exactitude de vos récitations saintes, vous pourriez me raconter n'importe quoi à consonance sacrée, je n'y verrais que du feu. Par contre, c'est vrai qu'écrire et lire n'est pas donné à tout le monde. Aussi je vous prierai d'écrire votre témoignage sur cette page. Ce qu'il s'est très exactement passé quand vous êtes apparue lors de la rixe, ni plus, ni moins.

              "Ni plus ni moins". Anastasie comprenait bien qu'il y avait sans doute quelques choses à éviter mais elle ne savait pas quoi exactement. Le milicien avait eu l'air de tout assumer du début à la fin, que pouvait-il craindre? ... Ou était-ce une menace...? Ana ne parvenait pas à déterminer ce que la consigne voulait exactement dire, mais elle n'avait pas le loisir de se pencher indéfiniment sur la chose. Prenant ce que le milicien lui avait donné pour écrire, elle entreprit tout d'abord de tracer un joli titre: "Témoignage de la prêtresse Anastasie Lunétoile". Voilà qui donnait le ton.

              Son écriture était très belle. Tout à fait soignée, elle s'étirait sur la page avec un trait fin et des arrondis réguliers et il était très facile de la lire. Il fallait dire qu'elle avait eu un maître sévère qui ne transigeait pas avec la qualité, et qu'il était tout de même arrivé qu'on demande des copies de textes sacrés à des religieux qui devaient donc soigner leurs écritures. Autant prendre un bon pli dès le départ.
              Elle entreprit de décrire avec justesse et précision ce qu'elle avait vécu, précisant bien sa présence fortuite sur les lieux. L'homme qui avait couru vers elle mais avait été fauché dans sa course, celui qui s'était enfui en passant devant elle, les prisonniers, le deuxième mort, la bouteille écrasée sur le crâne du milicien, la dague dans la cuisse de l'autre soldat... Elle décrivit tout de son mieux, même le phyisique des intervenants quand elle s'en souvenait. Cela serait peut-être utile. Et comme elle ne savait pas où elle devait s'arrêter, elle ne manqua pas de préciser qu'elle n'avait pas hésité une seconde à aider les miliciens en leur proposant des soins, et de décrire de quelle manière elle avait été... Remerciée. Choisissant de faire preuve de bonne foi, elle  n'oublia pas les moments où elle s'était débattue, mais elle arrêta son témoignage à son arrivée à la caserne. Elle tâcha d'être la plus factuelle possible, et n'osa pas préciser sur le papier les causes de sa soudaine panique. Parfois, quand elle cherchait à se souvenir d'un détail, elle suspendait son geste d'écriture et fermait les yeux une seconde ou deux. Elle écrivit beaucoup, assez rapidement, et d'une manière toujours aussi soignée et régulière. Il était difficile de faire abstraction de la présence et du regard du milicien au début, mais une fois plongée dans son récit elle oublia presque qu'il était là. La prison et son accusateur se rappelèrent à elle quand elle eut terminé. Elle signa son témoignage et s'approcha lentement des barreaux pour transmettre l'écrit et le matériel à celui qui en avait été le commanditaire avant de se hâter de se reculer.

              - Je ferais vérifier la lettre dont vous avez fait mention. Pour le reste, expliquez moi d'où viennent ces marques si vous n'avez jamais été emprisonnée ?


              À nouveau assise contre la paroi de la cellule, Ana prit une profonde inspiration. Ils en revenaient toujours à la même question. Elle n'était pas vraiment étonnée au fond, le milicien semblait de nature curieuse et le mystère des cicatrices de la prêtresse semblait l'avoir intrigué. Néanmoins elle n'avait jamais fait son récit en détail, encore moins à haute voix dans une prison. Elle avait déjà imaginé trouver une oreille de confiance pour se confier, mais jamais elle n'aurait pensé que sa première confidence se passerait dans de telles circonstances. Et qu'elle la ferait à un membre de la milice qui ne paraissait connaître ni l'empathie ni la compassion. Elle manquait de courage.
              La prêtresse serra entre ses doigts son collier à l'effigie de Tamas. Il fallait bien qu'elle parle... Elle prit une deuxième profonde inspiration. Parler était difficile, encore plus dans des conditions si peu propices, et en un sens si semblables à celles de l'histoire qu'elle devait raconter. Ses yeix finirent par se perdre un instant dans le vague, et elle commença doucement son récit d'une petite voix. Le milicien ne devait pas avoir trop de problème à l'entendre, peut-être un peu plus à la comprendre quand sa voix tremblait, mais s'il avait été plus loin il n'aurait sans doute pas entendu le moindre mot. Le geôlier, par exemple, ne devait pas pouvoir écouter grand chose depuis sa place.

               - Je revenais d'une cérémonie à laquelle j'avais été conviée dans une autre paroisse,
              commença-t-elle. Des bandits m'ont barré la route et je n'ai pas réussi à leur échapper. L'un d'entre eux... Il y eut un silence. Difficile pour elle de mettre de véritables mots sur ces moments qu'elle avait choisi d'enfouir et d'oublier du mieux qu'elle le pouvait. Ils voulaient me tuer mais, quand ils ont compris que j'étais une prêtresse, eh bien... Ils ont eu peur du courroux des dieux... Alors... Alors... Alors...  

              Ne pas pleurer. Ne pas pleurer. La prêtresse prit une ou deux grandes inspirations pour se contenir mais ce n'était pas chose aisée.

               - Ils m'ont gardée comme prisonnière. Je... J'ai passé plusieurs jours dans une... Cave...  

              Tous les détails lui revenaient. Le noir, l'absence du moindre rayon de lumière, les bruits qu'elle prenait pour des rats sans trop savoir, les disputes entre les bandits au sujet du sort à lui réserver, sa peur de mourir. Elle choisit de tout passer sous silence. Le milicien ne s'intéressait sûrement pas à ce qu'elle avait pu ressentir, il voulait seulement des faits.

               - J'avais les poignets liés avec une corde. À force de vouloir me libérer je me suis brûlée tout autour, et ça a commencé à saigner...  

              Le souvenir du liquide chaud glissant sur ses mains et de son odeur métallique la perturba un instant. Sa respiration s'était accélérée tout au long du récit, c'était un peu comme si elle racontait quelque chose alors qu'elle courait un marathon.

               - Après plusieurs jours sans soins, eh bien... Les cicatrices étaient inévitables
              , conclut-elle.

              Elle ne donna pas la fin de l'histoire. Le milicien n'avait demandé que l'explication des cicatrices, et il lui en coûtait déjà bien assez de la lui donner. Peut-être comprenait-il mieux sa panique à présent. Peut-être s'en moquait-il. Mais étant donné l'émotion de la demoiselle, difficile en tout cas de douter de la véracité de l'histoire. Quelques larmes silencieuses avaient coulé sur ses joues mais elle tentait de son mieux de se montrer digne. Il devait au moins comprendre sa réticence à raconter cette épreuve à présent.
              Re: Au bon endroit, au bon moment. ─ Lun 11 Juin - 18:00
              Anonymous
                Invité
                Invité
                Jacques avait récupéré le papier, qu'il parcourait du regard tout en écoutant Anastasie. Enfin, l'écouter était un grand mot, elle avait du mal à parler, ce qui devait sans doute traduire une grande souffrance, à laquelle il était parfaitement imperméable. En d'autres termes, il la trouvait longue à venir ! Il avait bien envie de la brusquer encore un peu pour l'inciter à déballer son histoire plus vite que ça mais, il savait très bien que ça aurait l'effet inverse, aussi se contenta-t-il de lui tendre l'oreille, tout en ayant le regard posé sur ce bout de papier. Il devait bien reconnaitre, l'écriture n'avait rien de celle d'une prisonnière malpropre et évadée, non, au contraire, elle témoignait d'une certaine finesse, d'une propreté et d'une discipline qui ne pouvaient avoir été apprises qu'au travers une éducation stricte et poussée.

                Ceci dit, un détail le perturba. Elle avait fait mention de la façon dont il l'avait expédiée derrière les barreaux manu militari. Ce n'était pas qu'il se le reprochait, pour lui, c'était la moindre des prudences mais, c'est que ça pourrait compliquer la procédure pour rien. Il serra fort le poing, son visage se crispant furieusement. Ses dents se serrèrent, il grogna.

                - La racaille !!!

                Dit-il alors avec toute la rancoeur du monde. En fait, difficile de dire pour qui il disait ça. Pour cette jeune femme qui avait osé relater ce passage peu glorieux ou pour les bandits dont elle venait de faire état et qui, à l'en croire, avaient œuvré en toute impunité ? Il releva le regard vers Anastasie, fou furieux, l'observant dans un bien piètre état encore une fois. Ceci dit, il se calma bien assez vite, encore une fois, en voyant ses instincts les échapper de nouveau. Il reprit aussitôt un air plus serein.

                - Hum. Soit. Je vous crois, Anastasie. Ceci dit, avant de vous libérer, j'aimerai vous proposer une entente cordiale. Il y a certaines mentions que j'aimerai que vous retiriez de votre témoignage. Je pense qu'il est inutile d'insister sur la petite bousculade dont vous avez fait l'objet, ce n'est qu'un point de détail de l'histoire de la nuit dernière. Il soupira, croisant les bras, sans la lâcher du regard. En contrepartie, je n'enverrai pas les trois autres moins que rien devant un tribunal. Ils seront libres. Pour cette fois-ci uniquement.

                Jacques n'était pas devenu fou non, c'était un calcul savant. Déjà, ils avaient une partie de leurs mains inutilisables, ce qui réduirait grandement leur capacité de nuisance ! Ensuite, c'était, à son sens, des voyous et ils ne changeraient jamais. Ils ne tarderaient pas à récidiver, ce ne serait donc pas les occasions qui manqueraient, à l'avenir, de les envoyer devant monsieur le juge, témoignage de la prêtresse à l'appuie pour qualifier la récidive.

                - Le temps que vous réfléchissiez à mon offre, j'aimerai que vous m'en dites plus sur ces bandits. Ils sont morts ? En prison ? Ont-ils payé pour leur crime ?
                Re: Au bon endroit, au bon moment. ─ Lun 11 Juin - 19:20
                Anastasie Lunétoile
                  Anastasie Lunétoile
                  Prêtresse

                  - La racaille !!!

                  La réaction du milicien semblait quelque peu excessive. Soit le crime lui était véritablement insoutenable, soit il y avait autre chose dont la prêtresse ne se doutait pas. Il avait presque explosé après s'être crispé: poing serré, léger grognement... Ana ne savait pas vraiment ce que cete réaction signifiait mais elle avait sursauté sous l'effet de la surprise. La croyait-il ? Ou était-ce elle, "la racaille"? Il ne faisait visiblement rien pour la ménager, et elle attendait la suite comme un verdict. Ses yeux brillants de petites larmes croisèrent le regard quasi dément du milicien.
                  Cet homme inspirerait volontiers de la pitié à Ana s'il n'était pas si terrifiant. Il semblait véritablement empli de rage ou de colère presque tout le temps. Elle l'avait vu être froid, brutal, colérique... Et c'était tout. Il avait ri une fois, et c'était avant de l'embarquer pour la caserne et après s'être moqué d'elle... Enfin, cet instant fut assez bref et le soldat parut retrouver facilement son calme. Anastasie le préférait ainsi et de loin.

                  - Hum. Soit. Je vous crois, Anastasie. Ceci dit, avant de vous libérer, j'aimerai vous proposer une entente cordiale. Il y a certaines mentions que j'aimerai que vous retiriez de votre témoignage. Je pense qu'il est inutile d'insister sur la petite bousculade dont vous avez fait l'objet, ce n'est qu'un point de détail de l'histoire de la nuit dernière.


                  Petite bousculade ?! Point de détail ?! La prêtresse écarquilla les yeux en entendant cette description des faits. Avaient-ils vécu la même scène? Il avait décidé de l'enfermer là juste parce qu'elle avait des cicatrices ! Il l'avait laissé entendre et voir la torture de deux hommes pendant un temps si long que cela paraissait avoir duré plusieurs heures. Il l'avait traitée de criminelle avant même d'examiner la situation. Il soupira, sans arrêter de la regarder. Et pour une fois elle ne détourna pas les yeux. Il lui demandait de... Mentir.

                  En contrepartie, je n'enverrai pas les trois autres moins que rien devant un tribunal. Ils seront libres. Pour cette fois-ci uniquement.

                  La prêtresse détestait le mensonge, et passer sous silence une partie des faits en était un. Mais fallait-il désespérément s'attacher à ces quelques lignes ? Qu'apportaient-elles ? Même si le milicien semblait gêné par leur présence, Anastasie n'était pas certaine qu'il ait des ennuis pour le traitement qu'elle avait subi. On pourrait peut-être l'ennuyer parce que justement c'était une prêtresse, et qu'il fallait traiter les serviteurs des dieux (et normalement tous les êtres humains...) avec respect. Ana considérait que c'était loin d'avoir été le cas au cours de la procédure mais elle ne comptait pas rester à Evalon. Elle ne tenterait pas d'obtenir une quelconque forme de réparation, l'argent lui était indifférent. Si le milicien pouvait apprendre la compassion ce serait rendre cette mésaventure utile mais les choses semblaient mal engagées. Dans tous les cas Anastasie n'aurait jamais à prouver qu'elle était venue en prison- en règle générale on préférait prouver l'inverse- et elle s'appliquerait probablement à l'oublier. En contrepartie, elle obtiendrait la liberté des malheureux prisonniers qu'elle avait rejoint... L'un d'entre eux avait mentionné sa famille... Les deux, mutilés, avaient probablement bien envie de retourner chez eux...

                  - Le temps que vous réfléchissiez à mon offre, j'aimerai que vous m'en dites plus sur ces bandits. Ils sont morts ? En prison ? Ont-ils payé pour leur crime ?

                  Pourquoi fallait-il toujours en revenir à cette histoire ? Ce fut au tour de la prêtresse de soupirer doucement tandis qu'elle baissait ses yeux sur le sol de la cellule.

                  - Je ne sais pas,
                  répondit-elle simplement mais elle sentait bien qu'il fallait expliquer un peu mieux cette ignorance pour que le soldat soit satisfait. Inutile d'attendre qu'il en fasse expressément la demande, n'est-ce pas ? Des mercenaires m'ont retrouvée et libérée, elle passa l'explication du village inquiet qui s'était cotisé pour obtenir ces services pendant une période difficile où les gardes étaient très occupés. Ils ont... Enfermé les bandits dans la cave, avant de me raccompagner chez moi. Ils ont dit qu'ils les livreraient aux autorités, mais... Ils ont peut-être réussi à s'échapper. Après tout c'était leur propre cachette... Je n'ai jamais connu leur destin, finalement, mais j'avais dit aux mercenaires qu'ils ne méritaient pas d'être enfermés là.

                  Ils avaient dit qu'ils n'avaient pas l'intention de les tuer parce qu'ils les voulaient vivants : les bandits étaient recherchés et leur capture valait une jolie récompense. Ana, traumatisée, avait dit que personne ne méritait de vivre ce qu'elle avait vécu là. Elle n'avait pas pardonné, elle ne le pouvait pas, mais elle aurait voulu éviter de s'abaisser à leur niveau. Tamas devait être heureuse de cette vengeance, sans doute... Anastasie ressentait beaucoup de sentiments contradictoires au sujet de ce dénouement et elle ne parvenait pas à en avoir une vision apaisée, même après. Peut-être que tout irait mieux si elle découvrait un jour le fin mot de l'histoire? Elle préférait faire comme si rien n'était arrivé pour le moment. Elle se perdit dans le vague un moment, encore perturbée par le récit qu'elle venait de livrer et mal à l'aise par tout ce qui se déroulait dans cette caserne. Il lui fallut un petit moment pour vraiment revenir à l'instant présent.
                  Changeant de sujet, elle revint à l'accord que lui proposait le milicien.

                  - J'accepte votre proposition, je m'arrêterai avant.

                  Elle leur faisait confiance pour ne pas abandonner, pour trouver quelque chose d'honnête à faire qui leur permettrait de survivre, et pour se tourner vers les dieux qui ne laissaient personne en dehors de leurs desseins sacrés. Ils pouvaient y arriver. Ça valait bien quelques lignes en moins, non ? Une nouvelle chance ! Elle espérait qu'ils la saisiraient mais elle ne pouvait rien faire de plus pour eux. En revanche, elle avait bien dit qu'elle s'arrêterait avant et il était hors de question d'imaginer inventer quoi que ce soit.

                  - Vous voulez que je recopie mon témoignage sur un nouveau support ?
                  Demanda-t-elle. Il était probable qu'il veuille brûler la "mauvaise" version.
                  Re: Au bon endroit, au bon moment. ─ Lun 11 Juin - 20:42
                  Anonymous
                    Invité
                    Invité
                    C'était une réponse qui ne plaisait au sergent. En somme, elle était en train de lui dire qu'elle ne savait pas ce qu'ils étaient devenus, qu'elle avait préféré s'en remettre à des mercenaires plutôt qu'aux autorités, et cela même si ce n'était pas elle qui avait demandé leur aide, et qu'elle n'avait pas cherché à faire pendre ces mécréants. C'était bien la bonté naïve des religieux, ça ! Des pendards qui trainaient librement dehors après des agissements aussi ignobles et cette jeune femme s'en contentait parfaitement. C'est là qu'il regrettait de ne pas avoir le bras un peu plus long, il se serait fait une joie d'aller les chercher jusqu'aux fins fonds de l'Empire juste pour les faire se balancer au bout d'une corde !

                    - Si jamais je leur met la main dessus.

                    Pesta-t-il alors, ulcéré de l'incertitude qui planait sur leur sort. Il en revint ensuite à son témoignage. Oui, il fallait qu'elle recommence, même si l'exercice était fatiguant, en oubliant la mention fâcheuse. Mention qu'il raya d'ailleurs, histoire qu'elle sache où s'arrêter exactement. Il lui donna ensuite un nouveau papier et la laissa soigneusement recopier, s'en allant pour sa part vérifier la lettre. Il quitta les geôles sans rajouter un mot de plus et s'en vint fouiller les affaires de la prêtresse à la recherche de cette lettre. Il ne prêta pas attention au reste, la décortiquant du regard pour prendre connaissance du contenu, qui accréditait les dires d'Anastasie. À ce stade, ça ne changeait plus grand chose, il la pensait innocente désormais, même s'il s'en était fallu de peu. Il revint bien un quart d'heure plus tard, récupérer le nouveau témoignage, s'assurer de sa conformité et la faire sortir de prison, pour la ramener dans la cour et lui rendre ses affaires.

                    - Bien, vous êtes libre. Conformément à notre accord, les trois autres gibiers de potence seront libres aussi, jusqu'à récidive et, croyez moi, ils récidiveront. On ne change jamais. Pour le reste, je vous suis reconnaissant de nous avoir porté assistance ce soir-là et d'avoir collaboré tout au long de votre incarcération. Vous avez accomplis votre devoir de citoyenne, c'est très bien. Prenez soin de vous et si jamais on vous importune en ville, tournez vous vers les autorités en priorité. Aucun mercenaire ne sera jamais plus à même de vous aider que nous.

                    La herse était ouverte. C'était la mi-journée. Il faisait beau dehors. Tout ceci devait sans doute avoir de grands airs d'évasion ! La fin du cauchemar.
                    Re: Au bon endroit, au bon moment. ─ Mar 12 Juin - 16:31
                    Anastasie Lunétoile
                      Anastasie Lunétoile
                      Prêtresse

                      - Si jamais je leur met la main dessus.

                      Le milicien semblait en colère mais Anastasie ne s'inquiétait pas trop. La probabilité pour qu'il les retrouve -si jamais ils n'avaient pas déjà été jugés dans le duché de Volg- était proche d'être nulle. Il avait sans doute bien assez à faire à Evalon quand on voyait le zèle qu'il pouvait mettre à la tâche, et il oublierait sans doute cette histoire aussi vite qu'il l'avait apprise. Il n'avait pas semblé ému par la souffrance de la demoiselle mais simplement énervé par l'injustice qu'il voyait dans l'incertitude du destin des brigands.

                      Comme il lui confirma qu'elle devrait mettre au propre un nouveau témoignage et lui donna le nécessaire, la prêtresse n'ajouta rien. Elle récupéra son premier écrit et remarqua que le milicien avait même pris la peine de barrer tout ce qui lui posait problème pour être sûr que la prochaine version lui convienne. Au moins, ça éviterait à Ana de s'inquiéter à ce sujet.
                      Avec sa belle écriture, elle reprit donc exactement ce qu'elle avait écrit la première fois à l'exception de ce qui gênait le milicien. Lui, il était parti sans rien dire et la prêtresse ne le remarqua que lorsqu'elle leva la tête. Elle avait fini et lui aurait volontiers rendu tout de suite son témoignage : plus vite elle serait dehors et libre, mieux ça vaudrait. Elle dut cependant patienter. Le silence était pesant, et l'odeur de l'endroit laissait presque penser que les autres prisonniers étaient morts et moisissaient dans les autres cellules au lieu d'être brûlés pour rejoindre le Trimurti. L'atmosphère était oppressante, et la prêtresse était toujours affamée. Quand elle sortirait il faudrait qu'elle trouve quelque chose à grignoter... Elle rêva un instant d'une bonne odeur de boulangerie avant de revenir à la réalité: elle n'était pas encore libre, il valait mieux ne pas précipiter les choses.

                      Le milicien finit par revenir. Avec son sérieux froid, "comme d'habitude" d'après ce qu'avait pu observer la prêtresse jusque là, il relit le témoignage mais ne fit aucun commentaire cette fois. Elle avait suivi à la lettre ses recommandations de toute façon, rien ne pouvait lui être reproché. Comme attendu, il lui permit donc de quitter ce trou à rat. La demoiselle se méfia jusqu'au moment où elle fut dans la cour: quelle entourloupe ce milicien ne monterait pas pour parvenir à ses fins ? Il n'était pas très gentil de se dire qu'il pouvait mentir, c'était avoir une mauvaise image de lui et le juger. Mais elle ne pouvait pas s'en empêcher après ce qu'il lui avait fait et ce qu'elle l'avait vu faire. Néanmoins, voir le soleil et ses affaires était assez rassurant pour qu'elle tente d'afficher un maigre sourire.

                      - Bien, vous êtes libre. Conformément à notre accord, les trois autres gibiers de potence seront libres aussi, jusqu'à récidive et, croyez moi, ils récidiveront. On ne change jamais. Pour le reste, je vous suis reconnaissant de nous avoir porté assistance ce soir-là et d'avoir collaboré tout au long de votre incarcération. Vous avez accomplis votre devoir de citoyenne, c'est très bien. Prenez soin de vous et si jamais on vous importune en ville, tournez vous vers les autorités en priorité. Aucun mercenaire ne sera jamais plus à même de vous aider que nous.


                      Pas d'excuses, seulement une vague "reconnaissance". Quand il lui conseilla de se tourner vers eux plutôt que vers des mercenaires elle eut particulièrement envie de lui répondre que les mercenaires ne l'avaient jamais agressée sans raison et emprisonnée à tort. Le moment semblait tout de même malvenu pour ce genre de réponses.

                       - Ne les jugez pas trop vite, ils pourraient vous surprendre... Du moins, s'ils ne sont pas rancuniers.  


                      Le milicien venait de leur faire perdre l'usage de plusieurs doigts, voilà qui attiserait la haine de plus d'un homme. Il était facile de prédire la récidive quand on créait soi-même un terrain propice. La prêtresse médita cette phrase un instant, se rendant compte qu'elle pourrait tout aussi bien être à son sujet. Il faudrait qu'elle veille à ne pas se créer de préjugés sur les gardes après cette mauvaise aventure, même si ce ne serait pas chose facile...

                       - Vous aussi prenez soin de vous, et aussi des autres. Puissent les dieux vous guider,
                      continua la prêtresse.  

                      La formule était loin d'être anodine. Le milicien avait l'air de tenir à la loi plus qu'aux réalités du monde et des hommes, et les enseignements de bonté, de bienveillance et de pardon semblaient ne pas être pour lui une chose connue. Anastasie espérait qu'il deviendrait plus compatissant avant de finir tyran de son monde, mais elle n'y pouvait pas grand chose. Si elle était restée à Evalon elle se serait sans doute décidée à lui forcer un peu la main pour au moins le faire venir au Temple et réfléchir. Mais elle ne restait pas et elle ne pouvait qu'espérer pour l'avenir.
                      Ana récupéra ses affaires et attendit un instant. S'il n'avait rien d'autre à lui dire elle partirait. Elle comptait bien se tenir le plus loin possible de ce quartier pendant le reste de son court séjour.
                      Re: Au bon endroit, au bon moment. ─
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