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Une sale histoire, un sale boulot [PV : Anastasie & Gregor]
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Re: Une sale histoire, un sale boulot [PV : Anastasie & Gregor] ─ Ven 6 Juil - 14:05
Anastasie Lunétoile
    Anastasie Lunétoile
    Prêtresse
    Gregor empêcha Anastasie de s'étaler au milieu de la rue en la rattrapant, mais il ne semblait pas trouver que son idée de s'arrêter soit bonne. Dommage. La prêtresse n'était pas sûre de pouvoir marcher encore longtemps mais comme elle l'avait dit, elle faisait confiance à son confrère. Elle savait, au fond, qu'il devait avoir une vision plus claire des événements et qu'elle aurait tort de refuser de l'écouter.

    - Vous pouvez m'appeler Ana
    , murmura-t-elle lentement.

    Elle aurait bien volontiers fait un petit trait d'humour en lui disant que ce serait une manière comme une autre de "faire vite", en raccourcissant son prénom, mais elle était loin d'avoir la tête à ça. Elle serra les dents, serra un peu mieux sa main valide sur le bras de Gregor, et fit ce qu'elle pouvait pour le suivre de son mieux. Elle aurait aimé qu'il réponse à sa dernière question pour savoir combien de temps ils marcheraient encore.
    La demoiselle avait un peu de mal à se concentrer sur quoi que ce soit mais malgré ses efforts elle ne voyait pas le moindre signe d'une auberge, ce qui semblait lui indiquer qu'ils en avaient encore pour un moment. Pourtant, le prêtre les fit approcher d'une grande maison en pierre.
    Ana ne put s'empêcher de tourner la tête vers lui, curieuse de savoir pourquoi ils avançaient dans cette direction, mais la douleur lancinante de sa plaie lui passa l'envie de parler. Il faudrait desserrer les dents, et comme rien ne garantissait qu'elle puisse le faire sans gémir de douleur elle préféra se taire. Gregor était déjà bien gentil de l'aider, et Anastasie préférait essayer de le ménager.
    Elle avait le sentiment de mourir de chaud, et croyait sentir que son bras avait un pouls propre, plus fort et plus rapide que le sien. Elle avait simplement envie de s'asseoir, de s'allonger peut-être, de se rouler en boule, de pleurer, de dormir. De s'arracher ce bras qui lui faisait si mal, comme si ça pourrait régler son problème. Mais elle ne dit rien. Incapable de faire semblant de sourire, elle resta silencieuse en laissant Gregor demander de l'aide à une domestique qui ouvrait la porte. Ana n'était pas tout à fait là, et pas tout à fait ailleurs non plus. La douleur la maintenait présente mais la séparait presque un peu du reste du monde.

    La domestique semblait surprise et même inquiète, mais il fallait avouer que tomber devant deux prêtres dont une blessée devait être étonnant.
    Elle finit par les inviter à entrer, et les conduisit dans une petite chambre sous les combles. Gravir les escaliers fut difficile mais heureusement Ana put compter sur le soutien de son nouveau médecin. Elle réussit au moins à remercier leur hôte durant le trajet, mais pas à lui sourire. Son visage semblait fermé et la douleur s'y lisait aisément.
    Une fois entrés, Gregor la soutint jusqu'au lit avant de lui demander de s'y allonger. Anastasie se laissa presque tomber dessus, et une fois maladroitement assise elle entreprit de s'allonger avec plus de précautions pour éviter de se faire mal. Installée, un soupir de soulagement lui échappa avant de se transformer en gémissement de douleur alors qu'elle bougeait son bras pour le rapprocher de Gregor.

    - Allez, voyons ça...

    Il approchait ses mains du bandage qu'il avait fait. Ana serra sa main droite sur son pendentif de Tamas et ferma les yeux.

    - Merci,
    souffla-t-elle doucement à son confrère avant de serrer les dents et de clore ses lèvres. Autant le lui dire tout de suite: qu'est-ce qui garantissait qu'elle pourrait le faire plus tard ?

    Elle allait avoir mal, elle le savait. Quand il détacherait le tissu, quand il bougerait son bras pour observer, quand il essaierait de la soigner... Elle ne tenta néanmoins pas de s'y soustraire. Il fallait se laisser faire. C'était comme ça que ce serait le plus vite terminé, et le plus facile pour Gregor également. Néanmoins, dès qu'il toucha le tissu, une sorte de léger grognement échappa à Ana. Ça allait être difficile.
    Un bruit attire l'attention de la prêtresse qui rouvrit les yeux en silence et tourna la tête vers la porte. Gregor lui cachait un peu la vue et elle eut besoin de quelques longjes secondes pour parvenir à voir clair, mais elle aperçut assez nettement que la porte était ouverte et que quelqu'un semblait les observer. La domestique ? Elle ne savait pas, il faisait trop sombre là- bas, derrière la porte entrouverte...

    - Y... Y a quelqu'un?
    Demanda la prêtresse d'une voix entrecoupée, et d'un ton bien bas. Il n'était même pas certain que Gregor ait pu comprendre ce qu'elle disait, même s'il avait dû l'entendre.
    Re: Une sale histoire, un sale boulot [PV : Anastasie & Gregor] ─ Jeu 12 Juil - 15:29
    Anonymous
      Invité
      Invité
      La douleur de la prêtresse était palpable. Elle avait gémi et là elle serrait les dents et grognait. Gregor, de sous sa cape, sortit sa trousse de soins et la posa sur la table de chevet. Elle contenait, entre autres choses, du fil est une aiguille. Il l'avait déjà fait quelques fois... mais, malgré tout, il n'était jamais très serein au moment d'enfoncer la fine pointe de métal à coté de la plaie sanglante. Enfin... c'était pour le bien des blessés, alors il y allait toujours.

      Mais avant d'attaquer cette partie de l'opération, il devait dénouer le tissu qui protégeait la plaie et la nettoyer. Il ajusta sa position pour être à l'aise et, lorsqu'il leva les yeux vers le visage d'Anastasie, il vit qu'elle bougeait ses lèvres... mais ne parvint pas à entendre ses mots prononcés si doucement. Elle devait sans doute lui dire qu'il pouvait y aller. Elle-même devait être habituée à ce genre d'opération. Alors il lui fit un petit sourire rassurant et, avec délicatesse, ses doigts fins s'affairant avec sûreté, défit le nœud de toile.

      La blessure n'était pas trop sale mais il fallait tout de même la nettoyer. Il laissa donc le tissus sous le bras d'Anastasie pour ne pas trop le faire bouger et prit la cruche pour passer de l'eau sur la plaie. La fraicheur de l'eau dû surprendre - et faire mal - à la jeune femme... c'est en tout cas ce que cru Gregor en l'entendant gémir de nouveau. Après avoir reposé la cruche, il posa une main rassurante sur la joue d'Anastasie.

      - Tout va bien se passer, ne vous en faîtes pas.

      Il prit alors le fil, l'attacha à la petite aiguille et, sans trembler, commença à recoudre sa consœur. Les yeux rivés sur son travail, il ne prêtait pas du tout attention à ce qui se tramait derrière lui. A peine réagissait-il aux frémissements de la jeune femme.

      - Ça va aller, Ana, j'n'en ai plus pour longtemps... lui souffla-t-il seulement.
      Re: Une sale histoire, un sale boulot [PV : Anastasie & Gregor] ─ Jeu 12 Juil - 20:08
      Anastasie Lunétoile
        Anastasie Lunétoile
        Prêtresse
        Anastasie avait du mal à respirer et à en juger par les battements de son cœur on pourrait aisément croire qu'elle venait de courir un marathon. Il n'en était rien. Gregor faisait simplement ce qu'il y avait à faire et la prêtresse ne pouvait pas lui en vouloir, mais il ne pouvait pas non plus être surpris de son côté. Quand elle avait senti l'eau sur sa plaie, ses yeux s'étaient brusquement écarquillés, un nouveau gémissement de douleur lui avait échappé, et voilà qu'elle avait l'impression que tout lui échappait.
        Elle sentit sa main se poser doucement sur sa joue. C'était bien plus doux que le moindre contact imaginable avec son bras blessé, et ça avait l'avantage de détourner un peu son attention de la souffrance qu'elle ressentait.

        Tout va bien se passer, ne vous en faîtes pas.

        Aussi étrange que cela puisse paraître, Anastasie n'était pas inquiète. La confiance qu'elle avait accordée à Gregor était sincère : elle n'avait aucune raison de se méfier de lui et il avait su se montrer efficace plus tôt. Plus que ça, la douleur la maintenait bien trop dans l'instant présent pour qu'elle ne songe rien qu'une minute à ce qui arriverait ensuite. Gregor avait le luxe de s'interroger à ce sujet, mais elle elle ne pouvait que prier pour que la douleur cesse. Tout ceci lui avait complètement fait oublier la personne qu'elle avait cru apercevoir un instant auparavant, et ce n'était pas le fil et l'aiguille que son confrère saisissait sous ses yeux qui risquaient de lui rafraîchir la mémoire.
        Elle dut se retenir de toutes ses forces pour ne pas bouger lorsqu'il planta l'aiguille dans sa chair pour la première fois, et rien ne garantissait qu'elle puisse reproduire la chose à chaque nouveau mouvement. Contrairement à tous ses vœux la douleur ne faisait que croître et Ana n'était pas vraiment en mesure de lutter. Sa respiration était toujours difficile, son cœur battait toujours la chamade, et elle avait l'étrange impression de mourir de chaud et d'étouffer en sus. Elle devint étonnamment silencieuse tout à coup, et le regard suppliant qu'elle lançait à Gregor sembla se vider peu à peu.

        Ça va aller, Ana, j'n'en ai plus pour longtemps...

        Elle reconnut vaguement son prénom, ou plutôt son surnom,mais tout lui parvenait dans des échos incompréhensibles. Elle cligna des yeux plusieurs fois mais rien ne put rendre sa vue nette. Les contours étaient flous, tout paraissait bouger comme s'ils étaient embarqués dans un bateau qui tanguerait sur la mer. Anastasie tenta bien de résister mais quand le prêtre planta une nouvelle fois l'aiguille elle perdit tout contact avec la réalité. Son bras, comme le reste, se détendit brusquement.

        C'est à peu près à ce moment là que la demoiselle dissimulée derrière la porte fit son entrée. Il ne s'agissait pas de la domestique qui avait accueillit les deux prêtres, mais d'une fille bien plus jeune et visiblement de la même condition, qui donnait à peine l'impression d'atteindre les quatorze ans. L'air timide, elle osa à peine faire quelques pas et ne s'approcha pas vraiment de Gregor ou du lit. L'odeur du sang, ou peut-être la vue de celui-ci, semblait la mettre particulièrement mal à l'aise et elle dut prendre une profonde inspiration avant de se racler la gorge, puis de se mettre à parler.

        -Euh...
        Elle déglutit, cherchant visiblement comment dire ce qu'elle voulait communiquer au prêtre. C'est... C'est Mireille qui m'envoie, finit-elle par marmonner comme si c'était à la fois une information évidente et indispensable. Elle demande si, euh... Si vous avez besoin de quelque chose. Et aussi...

        La demoiselle semblait de plus en plus gênée, elle regardait par terre et lançait parfois des coups d'oeil vers la sortie qu'elle avait visiblement hâte de rejoindre. Un peu comme si quelqu'un l'attendait par là-bas pour vérifier qu'elle n'oubliait pas de poser toutes les questions.

        -Si vous allez...Rester longtemps... Parce que, il faut que Monsieur donne son accord... Vous comprenez... Alors il faut qu'on lui demande... Et... Euh...


        La demoiselle voulait juste savoir ce que devait contenir la demande à faire au propriétaire des lieux, mais elle devait bien se rendre compte que ce qu'elle disait pouvait également faire croire qu'elle voulait les mettre dehors, bien que ce ne soit pas du tout le cas. Elle soupçonnait la fameuse Mireille de la laisser jouer le « mauvais » rôle dans cette histoire mais elle était la plus jeune et n'avait pas pu refuser.
        Re: Une sale histoire, un sale boulot [PV : Anastasie & Gregor] ─ Sam 14 Juil - 19:26
        Anonymous
          Invité
          Invité
          Gregor finit son opération par un petit nœud avec le fil qui lui avait permis de recoudre le bras de la prêtresse. Alors, enfin, il souffla et leva les yeux vers le visage d'Anastasie. Il espérait voir sur ce dernier un air soulagé... mais la bouche entre-ouverte et le yeux fermés de la jeune femme lui indiquèrent qu'elle s'était tout bonnement évanouie !

          - Merde ! Jura le prêtre tandis qu'une voix fluette se faisait entendre derrière lui.
          - C'est... C'est Mireille qui m'envoie. Elle demande si, euh... Si vous avez besoin de quelque chose. Et aussi...

          Gregor, surprit par la présence de cette jeune bonne, n'eut pas la présence d'esprit de lui demander quoi que ce soit. Alors la demoiselle reprit :
          -Si vous allez... Rester longtemps... Parce que, il faut que Monsieur donne son accord... Vous comprenez... Alors il faut qu'on lui demande... Et... Euh...

          Tout cela semblait bien futile aux yeux du prêtre. Il ne prit même pas le temps de répondre à celle qui devait à voir à peine plus de 12 ou 13 ans. Il se saisit de la cruche et en versa une bonne lampée sur le visage très pâle d'Anastasie. Sa priorité était de réveiller celle qui s'était...

          Mais, d'ailleurs ! Était-elle seulement évanouie ?!!

          Le prêtre pencha son visage au dessus de celui de la rousse, collant presque sa joue au nez et à la bouche de celle-ci afin de sentir l'éventuelle souffle de sa respiration. Et heureusement, il le sentit ! Lui-même souffla alors, de soulagement. Elle était bien vivante, seulement inconsciente. Rassuré, il se tourna vers la jeune bonne pour lui répondre.

          - Allez me chercher de l'eau-de-vie... et dîtes à vos maîtres que nous ne resterons pas longtemps... juste le temps que ma consœur se remette.

          Évidemment "se remettre" était bien vague et c'est à dessein que le jeune homme avait usé de cette expression. Il ne voulait pas se prononcer sur la durée nécessaire au rétablissement d'Anastasie. Peu importe s'ils devaient rester là encore une heure, un jour ou une semaine, le plus important était qu'elle recouvre sa santé.

          La jeune bonne sembla légèrement décontenancée par cette réponse et, souriant intérieurement, le prêtre ajouta :

          - Faites vite pour l'alcool, je vous en conjure, sa vie en dépend !

          Il avait évidemment exagéré la gravité de la situation d'Anastasie... mais il n'avait malgré tout pas envie que le réveil de la prêtresse tarde trop. Il pensait intimement que les pertes de connaissance longues détérioraient les capacités cérébrales de leurs victimes. Aussi, alors que la bonne quittait la chambre, il se permit, d'une main un peu moins douce que précédemment, de mettre quelques claques légèrement appuyées sur les joues humides de la disciple de Tamas.
          Re: Une sale histoire, un sale boulot [PV : Anastasie & Gregor] ─ Dim 15 Juil - 10:56
          Anastasie Lunétoile
            Anastasie Lunétoile
            Prêtresse
            La jeune domestique sembla tout à fait effrayée par la dernière phrase du prêtre et ne se fit pas prier pour courir aux cuisines et rapporter le plus vite possible ce qu'on lui avait demandé. Elle attisa la curiosité de tous ceux qu'elle croisa sur son chemin mais ne prit pas le temps de leur expliquer quoi que ce soit. Et si sa lenteur tuait une prêtresse ? La pauvre était terrifiée à cette idée : elle n'avait aucune envie de mécontenter les dieux. Elle avait pris les mots de leur hôte au pied de la lettre.
            Quand elle entra à nouveau dans la chambre, elle n'eut pas le temps d'observer la plaie refermée ni de se sentir mal en voyant le sang sur la main du prêtre. D'une main tremblante, essoufflée par sa course dans les escaliers, elle tendit une bouteille presque vide dans laquelle gisait un fond d'eau-de-vie au prêtre en espérant que ça suffirait. Elle se demandait bien ce qu'il comptait en faire mais n'osa pas poser la question. Il avait l'air inquiet, et elle doutait qu'il lui aurait répondu. Intriguée et mal à l'aise, elle recula mais ne sortit pas. Elle ne quittait pas des yeux le visage endormi de la prêtresse inconnue en se demandant ce qui allait lui arriver.

            Elle devrait peut-être aller répéter à Mireille ce que le prêtre lui avait dit pour qu'elle puisse aller donner toutes les informations au maître. Mais il était difficile de se détacher du sort de quelqu'un qui allait peut-être mourir dans la maison même où on se trouvait... Elle se disait que le prêtre, à défaut d'avoir spécifiquement besoin d'elle, aurait peut-être besoin qu'elle lui apporte autre chose. C'était en tout cas la seule excuse qu'elle avait trouvée pour rester tapie près de la porte sans partir et  pour nourrir sa curiosité mal placée.

            Lorsqu'Anastasie finit par ouvrir les yeux, elle n'avait aucune idée du temps qu'elle avait passé évanouie ni de ce qui avait pu se passer depuis le moment où elle avait fermé les yeux, et elle ne se posait même pas la question. Ses paupières lui paraissaient excessivement lourdes, et la douleur de son bras se rappelait à elle par des vagues régulières qui lui semblaient de plus en plus fortes. C'était un peu comme si elle se réveillait doucement et que les choses du monde devenaient de plus en plus réelles autour d'elle. La prêtresse avait la sensation d'avoir le visage humide, et même si elle se demanda bien pourquoi elle n'eut pas le courage ou la force de poser la question. Apercevant une silhouette au dessus d'elle, il lui fallut de très longues secondes pour parvenir à la reconnaître, et un long moment encore pour que son prénom lui revienne. Elle voulut parler, mais seul un soupir lui échappa tout d'abord. Ana était réveillée, mais elle n'était pas encore tout à fait là.

            Elle mourait d'envie de s'endormir. Encore toute assoupie, toute engourdie, rester éveillée semblait demander des efforts conséquents qu'elle n'était pas sûre de pouvoir fournir. Ses paupières se refermèrent une ou deux secondes avant qu'elle ne les rouvre comme dans un sursaut et qu'elle cligne des yeux à plusieurs reprises. Elle savait, au fond, que ce n'était pas bien de se laisser aller ainsi. Ses doigts se remirent à serrer doucement son pendentif, qu'ils n'avaient pas lâché jusque là, comme si ça l'empêcherait de sombrer de nouveau.  

            -Gregor ?
            Articula-t-elle péniblement dans un murmure.Elle savait bien qu'elle avait une question à lui poser, c'était pour ça qu'elle essayait d'attirer son attention, mais... Elle avait déjà oublié ce qu'elle voulait lui demander, et espéra presque qu'il n'ait rien entendu. Si elle avait été en pleine possession de ses moyens, elle aurait probablement eu honte. Elle se sentait perdue dans la brume, avec pour seule arme son souffle pour la dissiper.
            Re: Une sale histoire, un sale boulot [PV : Anastasie & Gregor] ─ Lun 16 Juil - 18:22
            Anonymous
              Invité
              Invité
              Les yeux d'Anastasie s'entrouvrirent et ceux de Gregor se perdirent un instant en eux. Pendant ce temps, la jeune bonne revenait avec l'eau-de-vie demandée.

              - Merci mademoiselle.

              Gregor prit la bouteille et en passa passa la bague sous le nez d'Anastasie afin que les vapeurs d'alcool la tiennent éveillée, elle qui semblait avoir les paupières si lourdes. Puis il en but une petite gorgée.

              La voix d'Anastasie, comme un ruisseau sous un soleil d'été, murmura :
              - Gregor...
              - Ou... oui ?

              Il n'avait pas l'habitude de boire de si forts alcools ni d'entendre son prénom prononcé si bas.

              Il regarda Anastasie d'un drôle d'air. Il pensait qu'il devait penser à autre chose qu'au moment présent alors il pensa au voyage qui l'avait ramené ici, dans sa ville de naissance. Plus particulièrement à la rencontre avec Bastien, un garçon d'écurie dont l'histoire l'avait ému au plus haut point. Ce jeune homme avait perdu sa sœur alors qu'il n'avait que six ans et elle deux. C'était une maladie qui l'avait emportée et, aujourd'hui, alors que Bastien avait dix-sept ans, il se souvenait toujours de sa sœur et avec quelle tristesse... Gregor avait seulement profité d'un instant de calme, à la nuit tombée, alors que le garçon l'emmenait à l'étable où son maître avait accepté de faire une place pour le prêtre voyageur, pour lui demander s'il allait bien, si quelque chose le tracassait car il avait remarqué une lueur mélancolique dans ses yeux ; il était prêtre après tout... Et ce fût là que Bastien lui conta sa terrible histoire d'enfance. Et Gregor versa aussi quelques larmes, lui qui n'avait ni sœur, ni frère et qui pourtant imaginait sans mal à quel point l'amour fraternel pouvait être fort et il n'avait pu trouver les mots pour consoler le malheureux. Quand bien même la petite eut-elle rejoint l'un des Trois, elle n'était plus à ses côtés celle qu'il chérissait tant.

              Les yeux brillants, Gregor attendait calmement la suite des mots d'Anastasie.
              Re: Une sale histoire, un sale boulot [PV : Anastasie & Gregor] ─ Lun 16 Juil - 20:10
              Anastasie Lunétoile
                Anastasie Lunétoile
                Prêtresse
                Le point positif évident, lorsque Gregor répondit, fut qu'Anastasie n'eut plus de doutes : elle ne s'était pas trompée de prénom. Dans le flou, elle aurait pu le confondre et faire une erreur qui à défaut d'être gênante aurait pu être désagréable, car elle aurait sans doute donné l'impression que la prêtresse était ingrate et incapable de reconnaître ceux qui lui venaient en aide. Il lui avait fallut des secondes bien trop longues pour parvenir à ce résultat mais ça en valait la peine.
                Elle cligna des yeux plusieurs fois, remarquant finalement que le visage de son sauveur était plus près du sien qu'elle l'aurait imaginé. Il s'était peut-être penché pour l'entendre ? Ou s'était-il penché avant ? Peut-être même qu'il n'avait pas bougé, mais seulement qu'elle voyait mieux et donc plus en détail. Elle n'en savait rien, et cette prise de conscience ne la perturba pas trop longtemps. Moins longtemps que le drôle d'air qu'il affichait, et qui la fit froncer légèrement les sourcils, comme si elle se demandait si c'était vraiment son expression ou si elle voyait mal.

                -Désolée,
                finit-elle tout simplement par murmurer.

                Sa question ne lui était pas revenue, et elle avait beau chercher il n'y avait rien d'autre que des excuses qui lui venaient. Peu à peu elle émergeait, mais le chemin était encore long avant qu'elle ne retrouve tout son optimisme, toute sa joie de vivre, et surtout avant qu'elle cesse d'avoir l'impression que tout son corps était composé de métal pour être aussi lourd. Une goutte d'eau glissa sur sa lèvre, elle voulut l'essuyer avec sa main mais c'était sans compter la blessure du bras qui ne tenait pas son pendentif. La douleur était sourde, régulière, elle avait surestimé ses forces en la croyant diminuée alors qu'elle n'avait fait que s'y habituer. Le bras ne bougea même pas du lit tandis qu'elle gémit doucement de douleur à cause de sa tentative avortée, avec l'impression qu'on venait de lui enfoncer à nouveau l'épée dans la chair. Il y eut un moment de silence, le temps que le battement qu'elle croyait encore ressentir au niveau de la plaie et sa respiration ne se calment, et que tout redevienne supportable. Ça avait l'avantage de l'avoir plutôt bien réveillée, et de lui rappeler sa question.

                -C'est de l'eau ?

                Sa voix s'était élevée lentement, dans un murmure à peine plus assuré que les précédents. Elle sentait toujours son visage trempé, avait-elle tant sué ? Ce ne serait pas impossible, mais ça lui faisait se poser des questions sur la durée de sa... Sieste. Et sur une possible fièvre.
                Re: Une sale histoire, un sale boulot [PV : Anastasie & Gregor] ─ Mar 24 Juil - 14:58
                Anonymous
                  Invité
                  Invité
                  - Désolée ?! Ne soyez pas désolée ! Le seul qui puisse être désolé est celui qui vous a fait ça !

                  Gregor regarda la blessure d'Anastasie et, voyant enfin qu'il n'avait pas enlevé tout le sang de sa peau, prit un coin propre du tissus et, après l'avoir mouillé, nettoya le bras de la prêtresse.

                  - C'est de l'eau ?
                  - Non, de l'eau de vie ! sourit le jeune homme, c'était pour vous tenir éveillé... et pour me récompenser de cette si belle suture !

                  Il tendit l'eau de vie à Anastasia.
                  - Vous voulez la goûter ? Ça ne peut pas vous faire de mal ! Et puis vous l'avez méritée aussi !

                  Et puis, tandis que la jeune femme hésitait, Gregor tourna la tête vers la porte et vit la petite domestique toujours là, l'air gênée. Il ne dit rien et la fille rougit.

                  - Dîtes à vos maîtres que nous ne resterons pas dormir ici... ma sœur est sortie d'affaire.

                  Une "sœur" ; c'était un terme bien étrange à employer pour un fils unique, un orphelin en tout cas... Mais c'était peut-être ça qu'elle était pour lui, c'était peut-être pour ça qu'il s'était senti si impliqué dans son sauvetage, si touché par l'attaque dont elle avait été victime. Et lorsque la domestique eut quitté la pièce, le jeune homme ne put s'empêcher de demander :

                  - Avez-vous des frères et sœurs, Anastasie ?

                  Cette indiscrétion était aussi un moyen de garder la jeune femme éveillée, ce qui, dans son cas, était une fort louable intention. Moins louable était l'intention qu'avait le prêtre de re-goûter à l'eau-de-vie avant d'en être éloigné. Elle était bonne. Ces gens avaient de l'argent. Cela se voyait au décorum et se sentait à la qualité de l'alcool proposé. L'idée de venir soigner la pauvre prêtresse dans une maison bourgeoise était la meilleure idée que Grégor avait eu depuis pas mal de temps ! Il sourit, satisfait de la tournure que prenait cette journée dans sa ville natale.
                  Re: Une sale histoire, un sale boulot [PV : Anastasie & Gregor] ─ Mar 24 Juil - 18:27
                  Anastasie Lunétoile
                    Anastasie Lunétoile
                    Prêtresse
                    La réponse du prêtre au sujet de l'eau surprit tout d'abord Anastasie. Elle n'avait tout de même pas de l'eau-de-vie étalée sur le visage ? La chose l'étonnerait fort, mais elle finit par voir grâce à un geste de Gregor la bouteille d'eau-de-vie qu'il tenait. C'était peut-être l'odeur forte qu'elle avait senti, ils n'avaient pas dû se comprendre. Ana sourit doucement, pensant que la fin de la phrase de son confrère était plus un trait d'humour qu'une réalité mais il en vint même à lui proposer d'en boire elle aussi.

                    Vous voulez la goûter ? Ça ne peut pas vous faire de mal ! Et puis vous l'avez méritée aussi !

                    Il tendait vers elle la bouteille. Ana lâcha son pendentif mais ne prit certainement pas l'objet : elle le repoussa légèrement en direction de son sauveur, sourcils légèrement froncés.

                    Non merci,
                    répondit-elle simplement.

                    Non seulement l'alcool ne faisait pas véritablement partie de l'ascèse pratiquée normalement par les prêtres de Tamas, mais en plus de cela la prêtresse n'appréciait pas du tout ces boissons. Elles étaient fortes et brûlaient la gorge – en particulier l'eau-de-vie - et entre la fatigue, la douleur, et sa carrure de brindille, il était évident qu'elle souffrait bien plus des effets secondaires qu'elle ne profitait réellement de la boisson.
                    Gregor ne sembla pas gêné par ce refus, et se concentra plutôt sur la jeune demoiselle qu'Ana apercevait du coin de l'oeil. La petite domestique était restée au fond de la pièce, et même si elle semblait soulagée d'apprendre que la prêtresse était sortie d'affaire elle resta immobile quelques longues secondes encore, le temps que son esprit intègre tout à fait ce qui venait de lui être dit. Hochant vigoureusement la tête pour bien prouver qu'elle avait compris, elle baragouina un léger « bien sûr » avant de se décider à quitter la pièce et à laisser les deux clercs seuls. Anastasie, épuisée, ferma à nouveau les yeux en tenant une nouvelle fois son pendentif.

                    Avez-vous des frères et sœurs, Anastasie ?

                    La prêtresse était très heureuse que Gregor soit d'humeur à discuter. Rester éveillée en sa compagnie ne pouvait sans doute que lui était profitable, et éviterait pour un temps qu'elle confonde sommeil avec un évanouissement qui la guettait encore. Se forçant à le regarder et essayant d'oublier la douleur de son bras qui restait cependant assez stable puisqu'elle ne bougeait pas, la demoiselle répondit toujours à voix basse et lentement.

                    -Cinq. Avant de partir pour Nacre, du moins. Trois frères et deux sœurs, j'étais la cadette.

                    Un sourire nostalgique prit place sur le visage de la demoiselle qui se remémorait les quelques souvenirs heureux ou amusants qu'elle en avait conservé. Mais les visages s'effaçaient un peu plus chaque jour, et elle craignait que d'ici peu il ne reste vraiment plus rien dont elle puisse se souvenir. Certains diraient que c'était mieux, qu'elle souffrirait moins de l'absence de sa famille quand elle l'aurait oubliée, ou tout simplement qu'elle travaillerait mieux quand tout ceci ne la préoccuperait plus. Mais Ana n'avait pas envie d'oublier.

                    -Je n'ai pas eu de leurs nouvelles depuis mon départ,
                    conclut-elle sur une note plus triste, articulant difficilement la fin.

                    Cela faisait donc vingt et un ans qu'elle ne les avait pas revus et elle ignorait même s'ils étaient encore tous vivants. La peste lui faisait bien craindre que non, mais elle n'avait aucune preuve ni même aucun indice, et même si la curiosité la démangeait elle se doutait qu'il était mieux pour tout le monde qu'elle ne se lance pas dans de trop longues investigations. Si elle trouvait et qu'ils l'avaient oubliée... Elle ne s'en remettrait sûrement jamais.

                    -Et vous ?

                    Gregor avait piqué sa curiosité en posant une question dont elle n'avait pas compris l'origine, à son tour maintenant d'y répondre, du moins s'il le voulait bien.
                    Re: Une sale histoire, un sale boulot [PV : Anastasie & Gregor] ─ Sam 28 Juil - 17:45
                    Anonymous
                      Invité
                      Invité
                      Elle refusa de goûter l'eau de vie et cela ne dérangea pas Gregor. Il savait les femmes - et qui plus est les religieuses ! - peu encline à boire de l'alcool alors il ne fut pas surpris. Un petit sourire, même, apparut subrepticement sur son visage. Il était amusé... et ça lui laisserait l'occasion de savourer de nouveau ce terrible élixir !

                      - Trois frères et deux sœurs ! S'exclama le prêtre.

                      Non pas que ces chiffres étaient très surprenants en eux-mêmes mais, à dire vrai, pour quelqu'un qui n'était pourvu d'aucun frère ni d'aucune sœur, cela paraissait énorme. Mais la pauvre Anastasie n'avait plus eu de nouvelles d'eux depuis longtemps semblait-il. Alors Gregor fut un peu triste pour elle. Il avait eu l'occasion de voir à quel point les relations fraternelles étaient importantes...

                      - Je n'ai de frères et sœurs que dans la religion, dit-il en se surprenant lui-même pas la jolie tournure qu'il venait de trouver.

                      Il finit la bouteille d'eau de vie et, de manière plus terre à terre, continua :

                      - J'suis orphelin, en fait. J'ai été abandonné devant la porte d'un monastère et... l'alcool le rendait anormalement gai. Il sourit, se rendant compte du décalage qu'il y avait entre son propos et son ton. je connais pas mes parents. Et j'sais pas si j'ai des frères et sœurs non plus ! Mais ça s'trouve, j'en ai plus que vous, des frères et sœurs !

                       Et comme il n'était pas à une bêtise près, il ajouta :

                      - Mais j'vous trouve bien comme sœur ! Si vous voulez, vous pouvez être ma sœur !

                      Il n'attendait pas vraiment de réponse à cette farfelue proposition... et, de toute façon, la porte s'ouvrit sur un grand et gros homme, richement vêtu, un type à l'air austère qui, d'une voix grave, interrompit la conversation des deux clercs.

                      - Mademoiselle, monsieur, bonjour. Je vois que... vous semblez aller mieux. Je suis heureux que nous ayons pu vous aider. Je me présente, Archibald Demontaigue. Ravi de vous accueillir chez moi. Votre présence semble éclairer notre maisonnée. Sachez qu'une de nos domestiques vient d'accoucher ! A peine quelques instants après que vous soyez arrivés ! Sans doute un bon présage. Si... hum... l'un de vous... monsieur je suppose, pouvait venir nous aider pour les quelques soins... et pour baptiser l'enfant, je vous en serais très reconnaissant... Mais, je veux être sûr que tout soit réglé ici même...

                      Grégor ne se sentait pas vraiment en état de travailler de nouveau. Mais cet homme avait tourné sa phrase comme un serpent tourne autour de sa proie et le clerc était bien incapable de répondre par la négative. L'air légèrement inquiet, posant la bouteille vide sur la table de chevet, il s'adressa à la frêle prêtresse :
                      - Comment vous sentez-vous, Anastasie ?
                      Re: Une sale histoire, un sale boulot [PV : Anastasie & Gregor] ─ Lun 30 Juil - 7:54
                      Anastasie Lunétoile
                        Anastasie Lunétoile
                        Prêtresse
                        Gregor semblait étonnamment gai alors qu'il répondait à son tour à la question concernant sa famille. Il expliqua sans le moindre problème qu'il était orphelin et avait grandi dans un monastère, ce qui rappela à Ana son ami Florimond. Décidément, les prêtres n'étaient pas très nombreux à posséder encore une famille, du moins au moment de leur départ. La prêtresse songea un instant qu'elle ne connaissait d'ailleurs aucun clerc qui avait gardé contact avec les siens pendant ou après sa formation à Nacre. C'était peut-être mieux, ils étaient plus impartiaux apparemment. Anastasie, qui avait été longtemps attristée par cette séparation, espérait en tout cas qu'elle était justifiée par quelque chose.

                        Mais j'vous trouve bien comme sœur ! Si vous voulez, vous pouvez être ma sœur !

                        La proposition était assez amusante, et Anastasie ne se priva pas de rire doucement. Gregor semblait être plein d'humour, du moins lorsque la situation n'était pas trop grave, et donc d'une compagnie tout à fait agréable. Mais avant qu'elle n'ait eu le temps de dire quoi que ce soit, ou même simplement de faire taire son léger éclat de rire, la porte s'ouvrit assez brutalement. Anastasie tourna la tête vers le seuil, et aperçut un inconnu. Ce dernier n'avait pas l'air aussi porté sur la rigolade que les deux prêtres à ce moment précis, et son air austère, digne et distingué, suffisait à mettre une distance évidente entre eux, que ses vêtements riches soulignaient naturellement. Le sourire d'Ana s'effaça rapidement de son visage.

                        Mademoiselle, monsieur, bonjour. Je vois que... vous semblez aller mieux. Je suis heureux que nous ayons pu vous aider. Je me présente, Archibald Demontaigue. Ravi de vous accueillir chez moi. Votre présence semble éclairer notre maisonnée. Sachez qu'une de nos domestiques vient d'accoucher ! A peine quelques instants après que vous soyez arrivés ! Sans doute un bon présage. Si... hum... l'un de vous... monsieur je suppose, pouvait venir nous aider pour les quelques soins... et pour baptiser l'enfant, je vous en serais très reconnaissant... Mais, je veux être sûr que tout soit réglé ici même...


                        Il ne fallut pas plus de temps à Anastasie pour se dire qu'elle n'appréciait pas monsieur Demontaigue. Elle savait que ce n'était pas bien, et qu'elle était censée accorder la même bienveillance à chacun... Mais il avait une manière de parler qui montrait très aisément qu'il les accueillait volontiers mais tout en espérant qu'ils lui rendraient service. La simple bonté ne paraissait pas lui effleurer l'esprit, et même dans les circonstances présentes il osait qualifier leur venue de « bon présage ». Il aurait dit « profit », ça aurait été la même chose et peut-être même plus juste.
                        C'est à ce moment là seulement qu'elle remarqua que Gregor avait fini la bouteille d'eau-de-vie. Elle ne put pas s'empêcher de se dire que son air inquiet devait y être lié : il craignait peut-être les représailles du maître des lieux à ce sujet.

                        Comment vous sentez-vous, Anastasie ?

                        Un léger sourire lui revint, et elle répondit tout d'abord à son confrère en le regardant.

                        -Bien mieux, merci, ne vous inquiétez pas pour moi.


                        Alors, elle ne put s'empêcher de tourner la tête vers monsieur Demontaigue, se forçant à garder le même sourire bien qu'il ne lui inspire pas autant de sympathie qu'il le pourrait.

                        -Je vous remercie de votre accueil,
                        dit-elle en forçant sur sa voix faible pour être sûre qu'il l'entende convenablement. Nous serons ravis de vous aider à soigner la mère et l'enfant, commença-t-elle. Le « nous » n'était pas choisi par hasard : Anastasie n'avait pas pour habitude de faire passer son confort avant son devoir et si quelqu'un avait besoin d'aide elle n'hésiterait pas à se lever tout de suite pour la lui apporter, qu'on la considère sortie d'affaire ou non. Mais nous sommes des prêtres de Tamas, ainsi... Même si nous savons effectuer les rites de naissance, nous n'avons probablement pas les amulettes et ingrédients nécessaires avec nous.

                        Ana regarda à nouveau Gregor, l'air interrogateur cette fois. Elle parlait pour eux, mais au fond elle n'avait aucune idée de ce qu'il pouvait bien transporter. Elle, elle ne connaissait que le contenu de son maigre sac, où elle transportait de quoi soigner quelques blessures – même si elle n'avait rien imaginé de si grave que ce qui venait de lui arriver en partant de Terresang. Partager ses biens ne lui posait aucun problème, mais elle n'avait tout simplement pas ce qu'il fallait, parce que ce n'était pas à eux de faire cela habituellement. Ils s'occupaient souvent des blessés et des morts, et il était presque triste que le maître de maison en vienne à leur demander à eux de s'occuper de l'enfant juste pour s'épargner d'avoir à faire appel aux prêtres les plus qualifiés.

                        -Moi en tout cas, je n'en ai pas un seul.


                        Elle craignait la réaction de monsieur Demontaigue mais espérait qu'il ne leur en voudrait pas. Ou pas trop.
                        Re: Une sale histoire, un sale boulot [PV : Anastasie & Gregor] ─ Lun 30 Juil - 16:50
                        Anonymous
                          Invité
                          Invité
                          Anastasie semblait aller un peu mieux... et si Gregor se doutait bien qu'elle ne pouvait pas être déjà complètement remise, elle faisait sacrément bonne figure. Il craint donc de devoir laisser son chevet pour s'occuper de celui de la femme et de son nouveau né. Mais c'était mal connaître la prêtresse. Eut-elle pitié de la détresse de son confrère ou bien voulut-elle simplement aider ses prochains, elle proposa en tout cas d'accompagner Gregor - de fort subtile manière - dans la tâche qui venait de lui être confiée.

                          Lorsqu'elle donna ainsi sa réponse, le maître des lieux ne put, l'espace d'un instant, cacher une sorte de mou contrariée.

                          Gregor, quant à lui, sourit en fouillant dans sa petite besace.
                          - Onguent des rivières, poudre de châtaignes, feuilles de lauriers... Je crains qu'il ne me manque également de quoi faire les fumigations.

                          Le sieur Demontaigue sourit d'un air bienveillant...
                          - Alors voici quelques pièces pour que vous puissiez acheter le nécessaire... Mademoiselle sera ainsi exempté de cette fatigante course et pourra commencer les soins de la mère et de l'enfant.

                          Un frisson parcourut l'échine du prêtre. Il se sentait pris au piège. Il avait les pièces dans la main et voyait celle du maître de maison se tendre vers celle d'Anastasie. Il avait l'intime conviction que l'homme était mauvais et préparait un sale coup. Pourtant il n'avait rien fait, rien dit qui eut pu suggérer une quelconque perfidie de sa part, n'est-ce pas ?

                          - D... D'accord, bredouilla Gregor en jetant un regard désolé en direction de la prêtresse.

                          Pouvait-elle, elle-même, faire quelque chose ? Ressentait-elle la même chose que Gregor au sujet de Demontaigue... Il sembla à Gregor qu'elle aussi n'était pas rassurée par cette situation et cet imposant personnage.

                          Gregor attendit donc un instant mais lorsque ses yeux croisèrent le regard inquisiteur du maître des lieux, il dut se résoudre à prendre la direction de la porte...
                          Re: Une sale histoire, un sale boulot [PV : Anastasie & Gregor] ─ Jeu 2 Aoû - 10:19
                          Anastasie Lunétoile
                            Anastasie Lunétoile
                            Prêtresse
                            Monsieur Demontaigue n'avait pas l'air ravi, c'était le moins qu'on puisse dire, et Anastasie se retint de lui présenter ses plus plates excuses. Elle savait bien qu'elle ne devrait pas s'en vouloir, après tout elle n'y pouvait rien si elle n'avait pas ce qu'il fallait : elle n'avait pas pour habitude de faire ce genre de choses. Mais Anastasie ne pouvait pas vraiment accepter l'idée de contrarier quelqu'un et de le faire presque volontairement. Elle détourna les yeux. 

                            Onguent des rivières, poudre de châtaignes, feuilles de lauriers... Je crains qu'il ne me manque également de quoi faire les fumigations.

                            Bon, l'affaire semblait réglée. Ils n'avaient pas de quoi rendre ce service, et cela donnerait sans doute une bonne leçon à monsieur Demontaigue qui apprendrait alors que toutes les économies n'étaient pas possibles ni souhaitables. Mais au contraire, il sourit d'un air hypocrite qui ne dit rien de bon à Anastasie, et répondit. 

                            Alors voici quelques pièces pour que vous puissiez acheter le nécessaire... Mademoiselle sera ainsi exempté de cette fatigante course et pourra commencer les soins de la mère et de l'enfant.

                            Archibald donna tout de suite les quelques pièces à Gregor, comme s'il avait tout à fait prévu cette possibilité. Gregor ne semblait pas du tout conquis par cette proposition, et lançait vers Ana un regard désolé et presque anxieux alors que monsieur Demontaigue s'approchait de la prêtresse en tendant une main vers elle. Le prêtre finit néanmoins par donner son accord en bredouillant, et même si Anastasie partageait le mauvais pressentiment qu'il ne dissimulait qu'à peine, elle lui adressa tout de même un sourire destiné à le rassurer. Même si elle mentait mal, et que ça ne devait pas du tout avoir l'effet escompté. 

                            -A votre service,
                            dit doucement Ana sans quitter Gregor des yeux. 

                            Alors que le prêtre quittait la pièce, monsieur Demontaigue n'hésita plus à s'approcher carrément d'Anastasie pour l'aider à se lever, visiblement très impatient qu'elle s'occupe de la tâche qui lui avait été confiée. Elle eut beau lui demander d'y aller plus doucement, lui expliquer que se relever si vite lui donnait des vertiges, et qu'il lui faisait mal en appuyant sur son bras blessé, celui-ci y fut tout à fait insensible, bien trop pressé. 
                            La prêtresse aurait aimé que Gregor reste, que ce soit lui qui l'aide, mais il n'était pas là et il ne lui serait de toute façon jamais venu à l'esprit de hausser la voix pour attirer son attention tant qu'il ne devait pas être trop loin. Quelqu'un cependant vint à son secours, probablement sans même s'en rendre compte. La porte s'ouvrit à la volée, si brusquement qu'Archibald lâcha Ana qui retomba sur le lit en geignant. 
                            Une femme à l'air aussi sévère que monsieur Demontaigue se tenait là, mais son visage respirait d'une sympathie tout à fait contraire. Ana mit quelques secondes avant de suivre tout à fait la conversation à cause de la douleur de son bras qui n'avait pas été ménagé, mais la dame était simplement en train de se disputer avec celui qui était de toute évidence son mari, en lui expliquant qu'on ne pouvait pas attendre d'une prêtresse blessée qu'elle vienne au chevet de quelqu'un d'autre, et qu'il ferait mieux d'être un peu plus pieux et moins égoïste. La discussion ne semblait pas pouvoir se terminer de manière heureuse, puisque aucun des deux ne voulait abandonner sa position, mais la dame finit par approcher d'Ana tout en lui présentant des excuses au nom de son mari. Ils continuèrent cependant à se prendre la tête tous les deux sur la conduite à tenir, jusqu'à ce qu'Anastasie, fatiguée par tous ces cris inutiles, ne se redresse doucement en s'appuyant contre le mur. Elle dut se racler la gorge plusieurs fois avant d'avoir assez de silence pour qu'on puisse l'entendre parler. 

                            -Je vais y aller, ne vous en faites pas... 

                            La femme, qui ne s'était toujours pas présentée, la remercia bruyamment et l'aida à se mettre sur pieds, non sans continuer de faire des reproches à son époux en disant qu'elle ne faisait cela que parce qu'elle devait s'y sentir obligée par sa faute. Elle vit Anastasie tenter de porter son sac, où se trouvaient sans doute quelques affaires dont elle aurait besoin, et s'empressa de le lui porter et de la prévenir qu'il valait mieux garder ses forces pour la médecine. Ana la remercia avec sa timidité habituelle, et les deux femmes se mirent en route pour aller trouver la mère et son enfant. Anastasie s'arrêta néanmoins dans le couloir, croyant apercevoir Gregor de retour. La dispute des deux époux avait-elle était si longue ?
                            Re: Une sale histoire, un sale boulot [PV : Anastasie & Gregor] ─ Mer 8 Aoû - 20:48
                            Anonymous
                              Invité
                              Invité
                              Gregor vit une once de détresse dans le regard de sa consœur... mais comme les dés semblaient jeté, il se dépêcha de quitter la pièce, priant les Dieux pour que rien n'arrive à sa consoeur. Il descendit l'escalier et là, dans le couloir, trouva une domestique qui venait, un plateau de fruits dans les mains, dans sa direction. Une idée vint alors au jeune prêtre.

                              - Excusez-moi, chère madame, mais... auriez-vous des châtaignes et... et du laurier ?

                              La femme ouvrit de grands yeux ronds... Le prêtre voulait-il la remplacer un cuisine ?

                              - Euh... oui, mais... pourqu
                              - C'est pour la naissance... il faut préparer tout ça au plus vite ! C'est une question de vie de mort !

                              C'était la deuxième fois aujourd'hui qu'il invoquait une telle urgence et, même si l'urgence n'était pas tout à fait réelle, elle n'était pas tout à fait fausse non plus, et comme cette tactique avait fait ses preuves, Gregor n'eut aucun remord à l'utiliser de nouveau. Les yeux de la femme montrèrent un peu d'inquiétude mais elle invita aussitôt le prêtre à la suivre en cuisine. Dans la grande pièce carrelée, elle lui sortit les deux ingrédients demandés, et, pendant qu'il s'attelait à les réduire en une fine poussière brunâtre, il demanda, à tout hasard, si la dame avait de l'onguent des rivières. Logiquement, la cuisinière lui répondit par la négative, ajoutant seulement qu'elle avait un onguent de mer - connu pour ses bienfaits sur les rhumatismes... Et le prêtre se dit que mieux valait tromper un peu la recette plutôt que laisser Ana entre les mains de l'étrange maître de maison.

                              Il mélangea rapidement les ingrédients jusqu'à obtenir la fameuse mixture de baptême. Chipant quelques rameaux de vignes bien secs pour faire les fumigations requises, il remercia la cuisinière avant de retourna à l'étage les mains plaines et l'esprit rassuré.

                              Sur le palier, Ana était là, aussi légère et vacillante qu'une feuille de chêne à la fin de l'automne. Gregor regarda la personne qui l'accompagnait. L'homme fort s'était transformé en femme décidée. Cela n'était pas un mal. Pressant le pas, le prêtre vint soutenir l'autre bras d'Anastasie et se présenta.

                              - Je m'appelle Gregor, je suis prêtre, j'aide mademoiselle Anastasie pour... pour tout ce qu'elle a à faire aujourd'hui.
                              - Isobel Demontaigue, enchantée de faire votre connaissance, allons-y !

                              Derrière-eux, le maître de maison, la queue entre les jambes, annonça solennellement qu'il avait une importante visite à rendre et qu'il souhaitait une bonne réussite aux deux clercs. A l'oreille d'Anastasie, Gregor chuchota :
                              - Désolé de vous avoir laissé avec lui... mais les Dieux semblent avoir entendu ma prière ; tant mieux...

                              Et tandis qu'ils avançaient vers une porte entrouverte, les cris d'un bébé se firent entendre. Gregor sourit. Quelque soit la situation de ce nouveau-né et de sa mère, une naissance était toujours un signe de la présence bienveillante des Dieux. Sans même s'en rendre compte, il prit doucement la main d'Anastasie.
                              Re: Une sale histoire, un sale boulot [PV : Anastasie & Gregor] ─
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