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[Terminé] La robe et l'armure
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Re: [Terminé] La robe et l'armure ─ Sam 31 Aoû - 15:58
Anonymous
    Invité
    Invité

    Ses blessures étaient bien trop profondes pour être soignées. Certaines d’entre elles la tuaient à petit feu chaque jour, mais elle ne lui en dit rien. Elle n’était pas à ce monde, c’était comme demander à la lune de rester auprès du soleil. Et, en plus il s’excusait comme s’il lui avait fait du mal alors qu’il devrait la détester. Pourquoi ne la détestait-il pas ? Elle leva la main pour stopper son flot de paroles, mais cela ne l’arrêta pas. Bien au contraire. Elle voulait lui dire qu’elle portait malheur, qu’ils étaient tous morts et qu’elle ne voulait pas que lui suive le même chemin. Seulement aucun mot ne sortit de sa bouche. Une boule douloureuse s’était logée dans sa gorge et sa vue se troublait pour une raison inconnue…

    Elle eut subitement envie de fuir la pièce et elle releva son regard juste au moment ou le chevalier s’approchait. Il la prit dans ses bras et elle se raidit un quart de seconde avant de s’abandonner contre son torse. Ses bras vinrent s’enrouler avec douceur autour de sa taille et son visage se cacha dans sa chemise les yeux fermés. Il avait l’odeur de l’été et du vent. Elle songea vaguement qu’elle devait reculer. Au lieu de s'exécuter, elle se contenta de relever son visage pour recevoir ce baiser qu’il lui donna.

    Sa réflexion lui arracha un triste sourire et elle murmura.

    -C’est donc ainsi que font les hommes chez vous ? Ils renoncent avant même d’avoir essayé ?

    Elle lui caressa une nouvelle fois la joue.

    -C’est un monde bien triste, bien plus triste que le mien…

    Elle se mit sur la pointe des pieds et vint une nouvelle fois capturer ses lèvres avec passion. Elle l’embrassa comme la noble sauvage qu’elle était et ne s’arrêta qu'à bout de souffle. Elle recula ensuite, s’échappant cette fois à son étreinte.

    -A quoi bon des mots Guillaume ?

    Elle releva ses yeux sur lui pour le fixer avec tristesse.

    -Pourquoi avouer quoi que ce soit si vous comptez abandonner ? Je ne suis certainement pas le genre de personne pour qui l’on voudrait se battre…

    C’était peut-être mieux ainsi, elle ne prendrait pas le risque de le voir mourir. Il était finalement plus sage qu’elle ne le serait jamais. Ses épaules s’abaissèrent légèrement avant qu’elle ne se redresse complètement pour dévisager cet homme qui avait réussi à briser sa coquille.

    Re: [Terminé] La robe et l'armure ─ Sam 31 Aoû - 19:44
    Guillaume de Mornoie
      Guillaume de Mornoie
      Chevalier
      Face, leurs visages affrontés, profils taillés dans la clarté du jour qui coulait par les croisées. Pile, le pas de danse, de dérobade en feinte, comme une joute d'épée où l'on fendait avant d'esquiver, d'un coup, d'un baiser, d'un mot à l'autre. 

      Guillaume lâcha un rire amer, et baissa les yeux sur elle, avec encore à la bouche le goût de la sienne, comme celui d'un vin qui s'attarde. 

      - Parce que vous me l'avez demandé, ma dame, lui répondit-il avec toute sa franchise coutumière. Je ne vous ai jamais menti, je n'ai jamais rien caché, et je ne pouvais avoir l'audace de vous dissimuler ceci.

      Le coeur à nu, quand elle gardait toutes ses nuées. Il avait sa réponse, semblait-il, mais elle ne lui apportait soudain aucun réconfort, parce qu'il ne voyait que la plus intense tristesse dans les yeux de Tyssia, et l'écho d'un chagrin insondable qui lui fanait le visage et le verbe. Quelqu'un, quelque chose, qui ne disait pas son nom : une hantise en pavane, embusquée ça et là, et qui se montrait toute grande, toute profonde, sans jamais dire vraiment ce qu'elle était. 

      - Je n'ai pas songé un instant que cela puisse vous causer si grand trouble. J'y avais déjà renoncé, parce que j'ai cru que vous me ririez au visage, ou bien que vous me prendriez en pitié de m'éprendre de vous, fol que je suis. Je ne pouvais croire avoir l'heur de vous plaire. Au fond, je sais bien ce que vous dites : vous n'êtes point pour moi, et je ne suis point pour vous, nous voici sans doute bien trop différents pour cela. Je n'ai rien qui puisse vous satisfaire, et pourtant voilà que j'ai l'orgueil de vous désirer, vous que rien ne peut atteindre. 

      Et pourtant, voilà qu'il l'avait fait, lui, avec ses simples mots, avec... Quoi, au juste ? Des paroles de baladin, des mots de poète, des manières de gandin poussé dans la lumière et l'indolence d'une terre qui n'avait jamais autant souffert de la guerre ? 

      Ses doigts erraient dans les boucles noires de sa dame, en froissaient les mèches éparses. Ils glissaient sur son visage, éprouvaient le tranchant de ses traits, et le battement au fond de sa poitrine semblait chercher le sien, son poul, son souffle, comme si toute substance dont il était fait ne cherchait que l'écho de la sienne. Qu'elle était belle, qu'elle était triste, qu'elle était douce, cette tristesse au fond de lui, et le goût des choses à demi consommées. Il avait renoncé, déjà, mais il hésitait encore, sur le seuil, comme dans un moment de bascule où ils ne savaient tous deux que faire. 

      - En d'autres temps, je me serais battu, reprit-il, laissant sa paume errer le long de sa joue. 

      Il la regardait comme l'on contemple un souvenir, comme s'il voyait à travers elle l'homme qu'il avait été, celui qu'il aurait pu être, pour elle. 

      - Mais je suis las, ma dame. Je suis las d'aimer sans retour, de tout risquer, encore et encore. Je n'aspire qu'à la paix, et je sais que ce n'est point auprès de vous que je puis la trouver. Mais voici que je doute, contre toute raison. 

      Guillaume lui saisit les mains, les tint entre les siennes et chercha son regard. Il lui fallait lutter pour garder le fil de ses pensées, et ne pas se laisser noyer par sa seule présence. Lutter pour parler, chercher le bon chemin au milieu de la tourmente, faire ce qu'il fallait quand une partie de lui ne lui dictait rien d'autre de se plier à cette inflexion qui le guidait vers elle. 

      - Je vois bien que vous êtes en grande peine, reprit-il, et je devine que cette peine-là porte un nom, sans doute celui d'un amour qui vous fut cher. Je crois que nous avons tout deux trop perdu pour risquer encore, alors, cela en vaut-il vraiment la peine ? On peut aimer de bien des manières, alors, nous pourrons bien trouver la nôtre.
      Re: [Terminé] La robe et l'armure ─ Mar 10 Sep - 16:44
      Anonymous
        Invité
        Invité

        l'armure et la robe


        C’est vrai qu’elle le lui avait demandé. Elle n’avait pas supporté de le sentir si distant. Et, c’est encore elle qui lui avait demandé d’arrêter prise de panique. Guillaume lui avait simplement obéis sans discuter. Elle n’était pas habituée à ne pas batailler pour tout. Seulement, le chevalier qui lui faisait face n’était pas comme les autres, tout comme elle. Il ne lui serait jamais venu à l’idée de rire ou de le prendre en pitié. Face à une tel déclaration, elle ne pouvait qu’être sincère avec lui.

        La suite de ses propos lui fit froncer les sourcils. C’est vraiment lui qui se n’imaginait ne pas être à la hauteur ? Comme il se trompait ! Elle avait bien conscience que sans titre, elle n’avait pas plus de valeur en Eurate qu’une pestiférée. D’un autre côté, elle avait déjà deviné, il y a deux ans que l’homme avait déjà trop souffert. Il était peut-être judicieux de ne pas le détromper. Il aurait été plus courageux, même de ne lui laisser aucun espoir…. Seulement sous ce regard la tout courage l’avait fui et elle hésitait…

        Elle resta un instant en retrait les bras entourant ses épaules et ses yeux l’observant en silence. Il y avait un monde entre eux deux. Etait-il ne serais que possible de les rapprocher un peu ? Elle aurait donné n’importe quoi à cette instant pour que son regard s’illumine de son habituel joie. Elle finit par hocher la tête et lui décocher un sourire qui cachait tout ce qu’elle pouvait penser ou ressentir. Elle fit de nouveau un pas vers lui ayant enfin décidé de la suite alors qu’il lui saisissait les mains.

        -Oui il existe bien des manières et pourquoi pas tenter ainsi… Mais si vous avez l’occasion de trouver la paix, je vous interdis d’hésiter…

        Elle vint sur la pointe des pieds cueillir un nouveau baiser. Tout en douceur cette fois-ci, prenant le temps de découvrir tout ce que l’homme avait à offrir. Elle ne le relâcha que bien après.
        Re: [Terminé] La robe et l'armure ─ Mer 11 Sep - 20:35
        Guillaume de Mornoie
          Guillaume de Mornoie
          Chevalier
          Durant un moment qui lui sembla durer mille ans, Guillaume demeura suspendu, comme un naufragé, au silence que lui opposa Tyssia. Le sourire qu'elle fit était une consolation à elle seule, comme une permission donnée, ou bien son pardon, il ne savait plus très bien. Que tout se troublait, alors, toute pensée, tout songe, toute chose se mêlait et se défaisait pour ne plus laisser paraître que la persistante brûlure qui lui courait sous la peau comme un fer porté au rouge.

          Elle lui sourit, et tout passa, tout s'en fut, nuées enfuies dans la lumière alors que l'apaisement, enfin, se faisait entrevoir. Il y eut un baiser, un de plus, et s'il avait toujours le goût de l'adieu, celui-là avait perdu de son poison : on peut aimer et renoncer tout à la fois, Guillaume le savait bien, et cela soudain n'avait plus que la tristesses des choses déjà passées. L'instant s'étira comme un infini suspendu entre deux soupirs, deux battements de cil et d'un cœur qui lui fut ravi plus encore qu'auparavant. Un seul acte, un seul mot pouvait avoir tant de nuances, qui se déclinaient comme une palette : voilà qu'il en découvrait une de plus, et celle-là lui fut aimable et lancinante tout à la fois.

          Le contact se rompit, enfin, et une dernière fois, sa main usée glissa le long des boucles noires.

          - Ne vous affligez point de ce que je puis ressentir, dit-il, et il y avait une infinie douceur, dans sa voix qui enfin retrouvait sa mélodie coutumière. Je n'en veux point faire un fardeau. Sachez seulement que, où que me portent mes pas et les vôtres, fussent-ils fort loin, mes pensées chercheront les vôtres. Allons, ma dame, je ne nous veux point tristes de ceci, et quels que soient les émois, gardons-les pour ce qu'ils sont : une chose fort belle et fort triste, car il est doux de pouvoir aimer.

          Il sourit, enfin, comme libéré d'un poids immense. Il y avait encore de la tristesse, tant de tristesse dans ses yeux, mais celle là était belle à voir, et ne troublait plus rien.

          - Je m'en irai loin de vous, ma dame, et je reviendrai peut-être, mais je garderai ceci comme un trésor. Et si c'est auprès d'une autre que je trouverai la paix à laquelle j'aspire, qu'il en soit ainsi, si c'est là votre vœu, cela ne m'empêchera en rien de vous garder en mon cœur. Je me suis épris tant de fois que j'en perds la mémoire, et je m'éprendrai encore, car c'est ainsi que je suis.

          Cela, il ne pouvait le cacher : Guillaume aimait, il aimait tant et plus, par-devers ses propres ombres, en dépit de toute raison.

          Une dernière fois, le chevalier serra Tyssia dans ses bras, comme pour bercer ces émois trop forts qui avaient tant troublé l'imperturbable guerrière. Avec douceur et toute la tendresse qu'il pouvait encore offrir, dans le silence qui se faisait, et l'écho d'un sourire derrière ses yeux clos l'espace d'un moment.

          - Il me faut prendre congé, dit-il enfin, à regret. Je voudrais m'attarder plus avant, mais il me faut m'en retourner car je crains que le devoir ne m'appelle bien tôt. Peut-être vous verrai-je plus tard, s'il vous agréé. Et puis, je ne voudrais vous tourmenter davantage, il vous faut vous remettre de ces émois que j'ai causés.
          Re: [Terminé] La robe et l'armure ─ Lun 16 Sep - 13:53
          Anonymous
            Invité
            Invité



            Ils restèrent encore un moment dans les bras l’un de l’autre, profitant de l’instant présent. A cet instant, même si l’avenir était incertain, elle n’eut plus d’appréhension. Puis, bien trop rapidement à son gout, il s’éloigna. Chacun avait ces devoirs et ils ne pouvaient s’y soustraire, elle le savait. Elle hocha la tête et lui sourit à nouveau tout en retirant une chaine qu’elle avait gardé à son cou depuis son départ de la Thorée. Elle lui tendit la chaine d’où pendait une médaille gravé d’un loup.

            -Prenez ceci afin que mes pensées puissent trouver les votre plus facilement. Je serais toujours heureuse de vous voir Guillaume, n’hésitez pas.

            Elle le laissa repartir sans plus un mot, son regard le suivant jusqu’à ce qu’il disparaisse. Une fois seul dans la pièce, elle se laissa tomber sur un fauteuil de velours, son visage reposant dans ses mains. Qu’était-elle en train de faire ? N’avait-elle pas dit être capable de choisir un compagnon qui saurait s’occuper de son comté comme elle le ferait elle-même ? 

            Au bout d’un long moment, elle releva la tête. La lumière avait baissé suffisamment pour qu’elle soit obligée de plisser les yeux. IL était temps d’aller se changer pour le repas et elle allait devoir affronter ses conseillers, les prétendants et Arnes… Elle n’avait plus du tout envie de manger soudainement. Elle resterait en chambre afin de s’accorder plus de temps.

            Elle quitta finalement à son tour la pièce, laissant la place aux servants.
            Re: [Terminé] La robe et l'armure ─
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