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Quand l'air de la capitale donne à réfléchir [Ravasz]
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Quand l'air de la capitale donne à réfléchir [Ravasz] ─ Mer 18 Sep - 8:18
Viktoria Bátor
    http://esteria.forumactif.com
Viktoria Bátor
Dame de cour
Viktoria avait finalement renoncé à aller se mêler dans la foule afin de voir les festivités. Beaucoup trop de monde se pressait aux portes du palais, obligeant les nobles qui étaient arrivés ainsi que leurs gens à rester confinés au palais.

Si la plus jeune des Bátor préférait d'ordinaire profiter le l'extérieur des murs du château de la baronnie de Moscár, elle devait avouer que le palais offrait tellement de pièces et d'espaces à explorer qu'elle y prendrait rapidement goût.

Toutefois, après un énième jeu de joute verbale de ses parents, son père l'invita à se joindre à lui pour se promener dans les jardins. Sans doute avait-il besoin de prendre l'air en bonne compagnie.

Il fallait dire que ces derniers temps, ils ne s'étaient pas beaucoup vus. Elle pouvait s'imaginer combien il ne fut pas évident d'accepter que la plus jeune de ses filles quitte le nid au bras de son cousin afin de l'aider à gagner le titre de duc de la Croix des Espines. Néanmoins contre toute attente, la récompense fut à la hauteur des semaines à l'extérieur à chercher des réponses à propos d'un crime des plus odieux. Permettre à son cousin de s'élever sur l'échelle du pouvoir leur permettait à eux également de bénéficier de cette promotion. Si l'on ne connaissait pas le nom des Bátor dans les hautes sphères jusqu'à maintenant, c'était désormais chose faire. Cette position les amenait également à réfléchir à ce qu'ils comptaient faire et à la suite des évènements.

Voir son cousin éventuellement devenir empereur couronnerait de succès leurs efforts à tous. En outre, devenir la cousine de l'empereur permettrait à Viktoria de pouvoir prétendre à une union des plus avantageuses. Elle n'aurait pas à s'inquiéter de l'avenir et pourrait intriguer à sa guise, tout en servant toujours les seuls intérêts des Bátor et les siens, bien évidemment.

Après un moment à marcher silencieusement avec son père, elle décida de rompre le silence par une question autant anodine que calculée, montrant à son père l'étendue de ses réflexions.

- Père, ... pensez-vous que Ferenc puisse sortir de cette salle empereur d'Eurate ? Quel avenir nous serait réservé dans cette éventualité ?

Sur les quatre ducs, il y avait une chance sur trois que chacun devienne empereur. Si les faveurs allaient à l'étrange duc de Néra dont elle avait tant entendu parler mais qu'elle n'avait jamais eu l'occasion de rencontrer, tout était en revanche possible. Peut-être ne se présenterait-il pas ? Peut-être que son cousin serait en bonne position pour être élu. Après tout, il était un homme d'expérience et un guerrier aguerri. Tant de choses pouvaient être attendues de cette élection... Son cerveau bouillonnait de questions, d'idées, de projets, d'attentes.
Re: Quand l'air de la capitale donne à réfléchir [Ravasz] ─ Mer 9 Oct - 7:10
Ravasz Bátor
    Ravasz Bátor
    Baron
    Comme toujours après une bonne prise de bec avec sa tendre épouse, Ravasz allait au devant du calme et de la sérénité. Fort heureusement pour lui, les jardins impériaux recelaient des coins prodiguant ces deux vertus bien trop rares en ces temps troublés, et sa fille avait décidé de marcher avec lui. Il était agréable de se promener entre les fleurs dorées des forsythias et les lilas délicatement parfumés. Mais plus encore, Ravasz aimait marcher au côté de sa benjamine, Viktoria, qu’il n’avait plus eu l’occasion de voir pendant fort longtemps.

    Il avait remarqué à son allure et à sa manière de se tenir qu’elle n’était déjà plus la même. En si peu de temps passé au service de son cousin, elle était devenue bien plus sûre d’elle encore, et passait chaque minute à étudier silencieusement une question dans sa tête. Ravasz, en l’observant ainsi, se rappelait ses longues soirées d’étude silencieuse, ces moments privés où il était seul face à un problème, et refusait de dormir tant que sa solution n’avait pas éclaté au grand jour. Voir sa fille ainsi se comporter lui apporta une étrange satisfaction, et le fit légèrement sourire, alors qu’ils évoluaient entre arbustes et fleurs colorées.

    Soudain, Viktoria brisa le silence. Ils continuaient néanmoins de marcher, le baron se tenant l’avant-bras dans son dos, bien droit et avançant méthodiquement. A cette question plus que légitime, il répondit :

    - Ton cousin a toutes les chances de devenir le futur empereur. Il est âgé, respecté de ses vassaux, et c’est un formidable chef militaire, comme l’étaient son frère et son père. De plus, il a de l’ambition, et les hommes et femmes possédant cette qualité manquent autour de la table. Théodore de Boisnoir est trop jeune et inexpérimenté, Courage de Néra est certes un excellent candidat, mais il a tendance à préférer l’ombre à la lumière. La duchesse de Mellila ne semblent pas se préoccuper d’accéder à la dignité impériale, mais il est à voir si ce n’est pas simplement un jeu de plus. Non non, Ferenc a toutes ses chances, dans cette élection.

    Il s’arrêta près d’un arbuste précis. Il l’avait cherché, se demandant s’il y en avait au moins un dans les jardins du palais. Il sourit, se penchant au-dessus, et en huma le parfum : légèrement sauvage, il portait des notes subtiles dans l’air, rappelant le jasmin. Ravasz se tourna vers sa fille.

    - Viens sentir celui-ci. Ensuite, je te dirai son nom.

    Il attendit que sa fille s’approche, puis il continua de répondre à sa question. Ravasz aimait les longues tirades, capables de capturer toute sa pensée du moment.

    - Si ton cousin devient le nouvel empereur, alors attends-toi à ce que la résonance de notre nom change à jamais. Les Bátor deviendraient la famille impériale, du moins pendant le règne de Ferenc. Nombre de jeunes nobles viendraient te faire la cour, espérant toujours plus se rapprocher de la pourpre et de l’hermine. J’ai également pensé à obtenir des offices pour nous. Matvei pourrait faire un excellent garde du palais, ta sœur pourrait obtenir la dignité de légat… Et moi… Hé bien, moi, je brigue une place auprès de l’empereur. Pour l’aviser, le guider dans sa lourde tâche. Chancelier ? Chambellan ? Il me faut cette place. Je dois me trouver à l’endroit où se prennent les décisions.

    Pour qui connaissait bien Ravasz, cela n’était pas simplement de la vaine ambition temporelle. Depuis la mort d’István, le baron avait vécu reclus dans son château, écarté des prises de décisions, incapable de prodiguer le moindre conseil à un homme déjà bien entouré. Devant l’occasion de redevenir un homme de soutien pour sa famille, Ravasz reprenait quelques couleurs, et exhibait ses plus belles plumes. Cet office pouvait marquer sa renaissance, preuve pour le monde entier qu’il n’était pas encore ce vieillard aigri enfermé dans sa forteresse aux pierres grises et mornes. Une dernière chance, dans une vie entièrement dédiée aux siens.

    - Cet arbuste, dont tu sens les fleurs… On l’appelle « arbuste de la victoire ». Un empereur lui donna ce nom après l’avoir découvert au soir d’une bataille. L’empire venait de repousser un ennemi puissant, et tout Eurate célébrait la victoire.

    Il vint toucher le buisson d’une main calme.

    - Lorsque je t’ai donné ton prénom, je me suis rappelé de la senteur si particulière de cet arbuste. Je ne m’en souvenais plus vraiment, mais je savais que son odeur était agréable. Je voulais que ma fille en porte la saveur dans ce qui la suivrait pour l’éternité.

    Un fin sourire apparut sous sa barbe.

    - Tu es devenue une femme magnifique, mais aussi attentive et intelligente. Et pour un père, crois-moi Viktoria, il n’est de plus belle victoire.
    Re: Quand l'air de la capitale donne à réfléchir [Ravasz] ─ Mer 9 Oct - 9:29
    Viktoria Bátor
      http://esteria.forumactif.com
    Viktoria Bátor
    Dame de cour
    C'était la première élection d'empereur à laquelle Viktoria assistait et son coeur battait la chamade à l'idée que son cousin devienne empereur. Toutefois si le palais était vaste, elle s'y sentait enfermée. Il y avait trop de monde, trop de nobles et surtout trop de courtisans. Si elle se sentait comme un poisson dans l'eau au sein de la cour ducale de son cousin et si elle adorait participer aux intrigues, celle qui avaient lieu au palais étaient bien plus subtiles et surtout bien plus dangereuse. Des vies avaient été faites et défaites entre ces murs et elle se souvenait des nombreux récits qu'elle avait lu sur ces hommes éprouvés par la disgrâce d'un empereur. Elle n'avait pas envie de faire de bêtise, pas maintenant, pas quand ils étaient si proches du but.

    Se trouver là dans les jardins, à côté de la figure rassurante de son père lui faisait un bien fou. Elle l'accompagnait, écoutant religieusement ses réponses alors qu'il semblait chercher quelque chose dans ces jardins. Il s'arrêta finalement devant une fleur magnifique qu'il l'invita à sentir. Le parfum embaumait et l'envoutait presque.

    Ses mots ne touchèrent pas que ses tympans mais également son coeur. Sentir la fierté de son père était plus qu'elle n'en demandait. Elle ne savait pas quoi répondre tant elle était touchée par ces douces et tendres paroles d'un père à sa fille.

    - Et si Ferenc n'était pas élu empereur? Reviendrons-nous à notre vie d'avant? Reclus à Moscár ?

    La question était quelque peu rhétorique tant elle en connaissait en soit la réponse qu'elle formula à haute voix.

    - J'ai le sentiment que nous avons passé un point de non-retour où nous désirons peut-être plus que ce que Ferenc ne sera en mesure de nous accorder s'il est duc. Serait-ce lui tourner le dos que de poursuivre notre propre route et assouvir nos propres ambitions ?

    Elle regarda avec intérêt son père. Toute sa vie, on lui avait répété que le devoir familial était plus important que tout le reste. C'est pour cette raison qu'elle a rencontré la Comtesse de la Croix des Espines et qu'elle a accepté de partir en mission en son nom. Mais si son père avait raison et qu'il parvenait à obtenir un office impérial, les choses pourraient changer pour eux. S'ils n'interviendraient jamais contre leur cousin, il était peut être possible qu'ils s'en détournent quelque peu. Viktoria avait le cœur jeune et vigoureux. Elle ne voulait pas servir les dessins des autres toute sa vie. Avait-elle tort de penser ainsi ?
    Re: Quand l'air de la capitale donne à réfléchir [Ravasz] ─ Mar 15 Oct - 8:05
    Ravasz Bátor
      Ravasz Bátor
      Baron
      La question que posait Viktoria était fort intéressante. Ravasz avait vu un changement s’opérer chez sa fille, depuis que son cousin l’avait recrutée pour une mission au sein de la Croix des Espines. Le jeu du pouvoir était comme une drogue. Un pied dedans suffisait à y prendre goût, et si l’on ne réfrénait pas ses ardeurs avec assez de conviction, il était aisé de s’y abandonner entièrement. Ravasz avait toute sa vie cultivé une certaine philosophie du pouvoir, de ses intrigues, des passions qu’il pouvait déchaîner. Les yeux de Viktoria ne mentaient pas : elle était déjà pleinement prise au jeu des intrigues.


      Le baron s’entortilla la barbe autour de l’un de ses doigts, avant de répondre :


      - Non. Car nos propres ambitions servent elles-mêmes le dessein familial.


      Ravasz parlait surtout pour lui, car il se doutait que sa fille avait quelque ambition purement personnelle cachée dans les tréfonds de son âme.


      - Notre objectif est de faire coïncider nos intérêts personnels avec nos intérêts familiaux. Le tout est plus que la somme des parties. Il n’y a pas de place pour les vaines ambitions, les égoïsmes… Une famille forte et unie sera toujours plus puissante si ses intérêts sont multiples, mais bénéficient à chacun.


      Il joignit ses mains.


      - Si j’obtiens un office, ce n’est pas pour abandonner Ferenc, et il le sait. Si j’obtiens un office, c’est pour avoir une influence sur la politique impériale. Et il n’y a pas meilleure place pour veiller à ce que nous ne soyons pas lésés par d’autres.


      Un sourire passa sur son visage.


      - Médite bien mes paroles. Ici, ce ne sont plus d’innocentes discussions politiques comme nous en avions à Mocsár que je te propose. Tu es devenue bien trop maline pour t’en contenter. Tu dois à présent comprendre la nature du pouvoir, comme je l’ai moi-même apprise, car si j’obtiens ce que je veux dans la capitale, Viktoria, je ne serais plus au côté de ton cousin. La tâche t’incombera alors de le servir comme je l’aurais fait.


      Ravasz toisait sa plus jeune enfant. La réaction qui allait suivre serait fort intéressante à observer. Et à interpréter.
      Re: Quand l'air de la capitale donne à réfléchir [Ravasz] ─
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