Re: Dans la foule {Pv Lina} ─ Dim 3 Déc - 16:39
Début 1248, Evalon la pompeuse.
Voilà trois jours que j’étais à la poursuite d’Anselme Beaufroy, respectable bourgeois crosespinien en apparence, mais qui s’avérait être bien moins respectable en réalité. L’annonce ne faisait pas l’éloge de ses crimes et je n’en avais que faire, seule la récompense comptait. Et elle était belle, assez pour m’offrir une nouvelle armure, et peut-être même une paire de bottes de meilleures factures que celles en ma possession.
Suivre la piste du bourgeois ne fut guère difficile en soit. L’homme visiblement trop sur de lui ne prenait pas la peine d’effacer les traces de son passage, ce qui m’arrangeait, un travail facile, on n'y crache pas dessus. Non, ce qui me dérangeait là-dedans était le lieu dans lequel il m’avait mené. Bon sang, la capitale. Une horreur tant visuelle qu’olfactive. Trop de gens bien trop lents à mon goût et surtout bien trop parfumé. Lavande, jasmin et j’en passe, l’on se serait cru dans un jardin aux fleurs à apparence humaine, colorées et immobiles. Je ne comprendrais jamais ces gens, vivre ainsi entassés les uns sur les autres dans une ville aussi bruyante… Très peu pour moi.
Je le suivais donc, à travers la foule visiblement bien plus pressée qu’à l’accoutumée. Quelque chose avait attiré l’attention des badauds et celle de ma cible par la même occasion. Seulement, filer un homme au milieu d’une fourmilière gênante lorsque l’on a ma taille s’avéra plus compliqué que prévue. Je dus jouer des coudes, me faufiler entre des couples et que sais-je encore, pour simplement réussir à me tenir quelques pas derrière lui.
Il était donc là, devant moi, avançant lentement parmi les autres fourmis oisives. Marchant la tête haute, comme si le monde entier lui appartenant et dont il pouvait se jouer allègrement sans que rien ne puisse lui arriver. Erreur… Mais bon sang, que ces gens m’agaçaient, ils marchaient comme des idiots suivant un seul mouvement, pour stopper brutalement. De là où je me trouvais, je ne pouvais guère en savoir plus, j’entendais de la musique, des rires… Mais pas plus d’indices que cela, ma taille ne me permettait pas de voir ce qui se passait. Un spectacle du rue, probablement, où autre animation stupide destinée à divertir le peuple tandis que de petites mains en profiter pour délester leur bourse de quelques piécettes.
Maudissant ma taille, je me tenais sur la pointe des pieds afin de tenter d’apercevoir Beaufroy et son front dégarni surmonté d’un bonnet rouge parfaitement ridicule. C’est alors que brutalement, sans que je ne comprendre pourquoi, je me retrouvais assise sur mon postérieur endoloris. C’est en levant les yeux que je compris, je n’étais pas tombée seule, un homme venait de me bousculer. Grand, habillé comme un sans-abri, mais aux bottes à l’état étrangement acceptable. Bon sang, maudit bouc.
-Dis donc mon grand, ça t'ennuierait de regarder où tu mets les pieds ?
Sans attendre son aide, me doutant qu’elle ne viendrait pas, je me relevais pour délester mon séant de la poussière de la rue. Merde, la cible. A nouveau, je me perchais sur la pointe de mes pieds afin de voir si je l’apercevais, mais rien à faire, il y avait bien trop de monde devant moi. J’avisais donc l’homme qui m’avait bousculé, il était grand, sans nul doute, ses yeux me seraient probablement utile.
-Dis-moi, tu ne verrais pas un homme avec un bonnet rouge brodé d’or par hasard? A quelques pas, devant nous.