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Adélaïde de Boisnoir dite La Douce, Duchesse de Volg
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Adélaïde de Boisnoir dite La Douce, Duchesse de Volg ─ Ven 16 Fév - 0:38
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    Adélaïde de Boisnoir


    “Beautiful Things Are Fragile”



    30 ans
    Originaire de Volg
    Statut social : Citoyenne
    Son métier : Duchesse de Volg


    Caractère



    S’il était possible de personnifier, de rendre tangible, physique, la notion même de la douceur alors Adélaïde pourrait l’incarner sans aucun doute. Tout en elle inspire l’apaisement. Il suffit de la regarder ou de se faire regarder par elle, ou de l’entendre parler pour se rendre compte de ce qu’elle dégage. La délicatesse d’une orchidée, fragile comme la plus fine dentelle. Depuis toujours la jeune femme est la bonté même. Elle a le cœur sur la main, trop peut-être car elle est toujours prête à tout donner aux autres autant que faire se peut sans rien attendre en retour, qu’ils le méritent ou non elle n’en est pas la juge –ce qui ne la rend pas naïve pour autant-. Raison pour laquelle la noble dame est tant adorée du peuple. Sa gentillesse et sa piété ne gâchent rien. Adélaïde était déjà une jeune fille de grande vertu lorsqu’elle a été « présentée au monde », une longue histoire qui ne sera pas racontée dans l’immédiat. Autant de qualités qui suscitaient en ce temps beaucoup d’intérêt de la part des jeunes gens de son rang, et pas seulement. Même le cœur le plus dur peut connaître la tendresse face à un tel personnage, à ce visage baigné de pureté. Lumineuse mais extraordinairement timide, ceci explique pourquoi les hommes la faisaient fuir avant qu’elle ne soit promise. D’autant plus qu’elle a vécu à l’écart de toute présence masculine avant d’atteindre un âge propice. Et l’ancien Duc a achevé d’établir ce mur entre elle et la gent masculine.
     
    La jeune duchesse est à la fois très respectueuse de la tradition et prête à marcher sur les limites de certaines coutumes. Malgré sa discrétion et sa réserve, elle sait quand vient l’heure de défendre une cause qui lui semble juste, quand il faut affirmer son point de vue concernant telle ou telle question, qu’il s’agisse d’éthique ou de diplomatie. La politique l’intéresse plus qu’elle ne le dit car la duchesse aimerait à veiller sur les bonnes relations entre les divers duchés et, à vrai dire, il serait avantageux d’utiliser cet étrange pouvoir qu’elle a de parler aux autres et son discours qui agit comme un baume sur quiconque daigne l’écouter. C’est une femme assez indépendante et pour cause, elle s’est retrouvée seule assez jeune et n’a pas eu de compensation lors de son premier mariage ce n’est rien de le dire.
     
    Admiratrice de la nature, Adélaïde ne manque jamais une occasion de se perdre quelques heures dans le parc immense qui entoure sa demeure.  Mais ce qu’elle aime par-dessus tout, c’est monter à cheval. Activité qu’elle a pratiqué au sortir de l’enfance et qui lui a été interdite jusqu’à ce qu’Alastor ne lui accorde de la reprendre, à son plus grand ravissement. Il faut dire qu’il n’est pas bien vu pour une Dame de sa trempe de défier le vent, les cheveux sauvagement lâchés au cours d’un galop débridé mais c’est une sensation intense dont elle a cruellement besoin. Alors peu lui chaut du qu’en-dira-t-on, si son actuel époux lui-même reconnaît que le grand air lui est bénéfique. Il n’est donc jamais surprenant pour les habitants du duché de la voir parfois rôder dans les alentours ou de la croiser en forêt, notamment parce qu’elle s’attarde volontairement dans les villages pour s’assurer de l’atmosphère qui y règne.
     
    Même les terribles épreuves de ces dernières années n’ont pas réussi à la briser totalement à lui enlever cette humanité exacerbée. La jeune femme est toujours aussi aimable et bonne. C’est en tout cas ce qu’elle montre, car il va de soi que tout son être est profondément meurtri par les mauvais traitements qu’elle a subi tout au long de ce mariage désastreux. Adélaïde a encore très peur du contact humain, dont seule sa fille en est la bénéficiaire, et sa réticence envers les hommes s’évanouit très lentement. Sans être particulièrement fière, elle arbore les marques de sa souffrance avec la plus grande dignité, sans honte ni malaise. Elle a survécu au monstre qu’était le Duc et grâce à celui qui vient de prendre sa place, il ne lèvera plus jamais la main sur elle. Néanmoins, malgré toute sa reconnaissance, les relations entre Alastor et Adélaïde sont encore un peu compliquées, elle s’en excuse toujours auprès de lui car un homme aussi chevaleresque mériterait une bien meilleure épouse. Elle était assez méfiante sans le vouloir les premiers temps, extrêmement craintive mais comment lui en vouloir ? De Boisnoir est solide, imposant, très intimidant de son point de vue, elle avait peur qu’il finisse lui aussi par avoir la main leste et à voir la taille de ces dites mains… Il y avait sûrement de quoi ressentir quelque douleur. Mais jamais il ne l’a ne serait-ce que menacée, bien au contraire, le Duc est même d’une patience d’or avec elle et il aime leur fille comme si elle était de son sang. Ce qui touche tout particulièrement son cœur, bien qu’elle ne lui en ait jamais rien dit.
     
    Il faut dire que sa fille est la prunelle de ses yeux, pourtant fruit d’un amour inexistant et relativement consenti, elle produit le même effet que sa mère dont elle est la copie trait pour trait. Une chance d’ailleurs qu’elle n’ait rien de l’être immonde qu’était son père. Chance double car ainsi les soupçons quant à sa naissance se taisent plus facilement. Son enfant est son bien le plus précieux à qui elle donne toute son affection sans l’étouffer pour autant. Mais elle reste la seule envers qui la duchesse se montre pleinement démonstrative. Pourtant Adélaïde a de l’amour à revendre, elle déborde d’attentions, mais elle n’a jamais eu l’occasion de l’offrir de tout son cœur. Qui sait si son nouvel époux saurait appréhender aussi cette partie d’elle ?


    Physique



    Femme qui s’ignore sous tous ses aspects, Adélaïde ne se considère pas comme une personne charmante, elle ne s’est même jamais demandée si elle était belle ou non. Façonnée dans l’humilité en grandissant et perçue comme un objet le temps restant, elle a encore bien du mal à penser qu’on puisse la trouver attrayante. Et c’est même bien plus que cela.
     
    La duchesse est un minuscule bout de femme d’à peine un mètre cinquante-deux –pour mettre un chiffre sur la taille de cette demoiselle-. Petite certes mais qui n’a rien d’une femme-enfant et rien à envier à nulle autre. Malgré sa taille fine, Adélaïde a toujours eu des formes généreuses, la grossesse a même accentué gracieusement sa silhouette. Un corps tout à fait désirable dans l’esprit d’une presque ingénue qui n’a pas la moindre idée de sa valeur ou de l’attirance qu’un homme éprouverait pour elle. D’autant plus qu’elle pense la notion de beauté physique très surfaite, elle n’aime pas une apparence mais la profondeur de la personne pour sa part.  Elle n’est pas non plus coquette d’ailleurs, les rares bijoux qu’elle porte sont fins et discrets, vestiges de sa défunte mère. Plutôt que de se parer d’objets brillants, la jeune femme préfère arborer des couleurs qui donnent bonne mine aussi ne la voit-on jamais porter des couleurs sombres ou ternes, ses robes sont toujours d’un bleu profond, vert pastel ou émeraude, parfois rouge, etc.
     
    Sa peau laiteuse, toute pâle, a presque l’éclat de la nacre et les quelques discrètes taches de rousseur sur ses pommettes disparaissent lorsqu’elle rougit un peu trop. Ses traits fins sont accompagnés de petites joues très légèrement rebondies, d’un petit nez ni droit ni en trompette mais à mi-chemin de l’un et l’autre. Mais ce qu’elle a de plus saisissant ce sont ses yeux incontestablement. Deux grandes opales scintillantes d’un bleu céleste presque turquoise aux éclats verdoyants cerclés d’anneaux bleu minéral autour de l’iris, et un regard si intense et franc qu’il désarçonne malgré elle. Et ses lèvres pleines dont le relief est particulièrement marqué s’opposent au portrait angélique qu’elle représente, une bouche pulpeuse, insolente d’un rose naturellement soutenu. Et autour de ce visage plein de douceur, une crinière de feu indomptable. Des cheveux ondulés, épais mais soyeux, d’un roux à l’antipode de sa discrétion. Lorsqu’elle chevauche, sa tête dénudée  semble léchée par les flammes. C’est peut-être le seul moment où un regard curieux pourrait surprendre son sourire, un sourire à pleines dents, éclatant qui éclaire la douleur qui le marque.
     
    Il y a en effet comme une ombre sur ce tableau si harmonieux, une cicatrice brillante en forme d’étoile sous son œil gauche et une longue estafilade en éclair partant de sa mâchoire au bas de sa gorge. Ces traces de son premier mariage troublent ses traits depuis sa nuit de noces. Elles n’ont hélas été qu’un prélude. Certaines ecchymoses éphémères parcourent encore son corps mais d’autres blessures seront toujours visibles bien après sa mort. Notamment des entailles, certaines plus profondes que d’autres, sur sa cuisse gauche ou sur son épaule droite, trois sortes de griffures au-dessus de son nombril, des lacérations dans son dos mais surtout… Un comble de l’horreur… Une croix faite au fer rouge au niveau de ses reins, plus à droite. Témoin ultime d’un mari aussi possessif que fou, paradoxal et dangereux. Si Alastor a eu l’occasion de voir quelques apparitions de ces mauvais traitements, cette brûlure cuisante, son épouse ne lui en a jamais soufflé mot, elle en a terriblement honte car ce soir-là quand le Duc de Volg la lui a faite, Adélaïde a pleuré toute la nuit, des jours durant. Et la vérité, c’est qu’elle redoute le jour où De Boisnoir verrait peut-être de ses yeux comme son corps est meurtri. Elle n’est pas vaniteuse, loin de là, mais la duchesse se demande comment un homme pourrait regarder une femme bafouée, couverte de vilaines cicatrices et la trouver agréable.
     
    Pour ce qui est de sa posture et de sa démarche, leur « normalité » et leur légèreté sont le résultat d’efforts colossaux et surtout de souffrances atroces. Les coups du Duc n’ont pas fait que marquer sa peau, suivant la force qu’il y mettait, l’ossature elle-même d’Adélaïde en pâtissait. Il a été alors question d’une rééducation de son corps toutes les semaines, un médecin du peuple assez bienveillant pour aider en cachette celle qui n’était encore qu’une enfant lors de sa première « consultation ». Adélaïde n’a jamais su si son défunt époux se doutait de quoique ce soit mais visiblement le fait qu’elle restait gracieuse malgré tout semblait lui être profitable. Toutefois encore aujourd’hui les douleurs demeurent vivaces sans qu’elle n’ose s’en plaindre.
     
    Le silence a bercé sa vie toutes ces années.


    Histoire



    A bien des égards, mon histoire est complexe, enfin pas tant que cela, mais mon parcours en tout cas fut semé d’embûches. Qui le croirait puisque je n’en dis rien et pourtant… J’aurais sans doute dû deviner que le commencement de ma vie, déjà fortement contrarié et marqué par des événements au combien malheureux, n’annonçait qu’une suite d’autres événements plus malheureux encore. Je crois qu’en fait, si je n’ai pas anticipé tout ce qui a bien pu m’arriver toutes ces années, c’est tout simplement parce que je n’ai pas pour habitude de me plaindre, à tort parfois car à ne dire rien sur rien on ne peut être aidé, j’en ai longtemps fait les frais, et aujourd’hui… Disons que je m’accoutume à me confier très vaguement.
     
    Du plus loin que je me souvienne la plus grande partie de ma vie se résume à un seul Duché, celui de Volg. J’y ai tout vécu, pour le meilleur et surtout pour le pire.
     
    Je naquis au cœur des vallées boisées du Duché de Néra, une des grandes fortifications du duché. Une autre ville, ainsi que ses quelques autres lopins de terre, devait appartenir  à mon père Gentil Litovski, pour sûr j’aurais dû naître à Mirann. Un nom qui resta longtemps sur les lèvres des plus anciens, dans la mémoire de ceux qui avaient vécu bien des guerres et qui étaient toujours à même de les raconter. En effet, mon père, auparavant Comte du duché de Mirann, fut un des acteurs principaux dans la lutte contre le Royaume de Feynes en 1202, c’était grâce à lui et à ses quelques hommes tous en première ligne qu’ils avaient pu récupérer des terres pour former, avec Volg, le nouveau duché. Gentil Litovski était vu tel qu’il était, un homme bon et juste, prêt à tout pour défendre les causes justes et la partie de son territoire qui, hélas, était tombé aux mains de l’ennemi. Aussi prit-il naturellement les armes le premier, avec soutien bien évidemment, contre la Croix des Espines pour maintenir les frontières quelques années plus tard afin que la situation ne s’aggrave pas. Au vu de la réussite de cette énième bataille dans l’histoire d’Eurate, le Comte se vit affublé d’une réputation émérite. Détail qui n’était pas de trop dans la vie de cet homme pieu et preux qui avait dû fuir ses propres terres et se réfugier au Duché de Néra où l’accueilli un cousin dont il était très proche. Sa fierté masculine ne supportait pas de vivre en exil et pourtant sa « déchéance » ne l’empêcha pas de prendre femme dans le courant de cette même année où il remporta une énième bataille. Son nom synonyme de prouesses avait tinté aux oreilles d’un vicomte qui voulait marier sa fille, Andromeda de Tourvel. Ma mère. La plus belle femme que mon père n’eut jamais vue, disait-il, -et il n’était pas le seul-. Elle avait de très longs cheveux roux flamboyants et épais, de grands yeux bleu-vert et le teint éclatant. Ce portrait ne vous rappelle-t-il pas quelqu’un ? On dit de moi que je lui ressemble, bien qu’elle avait disait-on un très fort tempérament, hélas, je n’ai pas la chance de m’en souvenir. Quoiqu’il en soit, ce mariage qui avait pour simple but de redorer un blason ne fut pas sans amour bien longtemps. Mon père aima Andromeda à l’instant même où son propre père la lui présenta et cette femme si forte, une main de fer dans un gant de velours, qui devint sa plus grande fierté ne fut pas longtemps insensible à sa gentillesse que son prénom ne pouvait vraisemblablement pas démentir. Et dans une vie commune de tendresse et de prospérité, je fis mon apparition l’an 1218, cinq ans après mon frère aîné Fitzwilliam Charles Litovski. La copie parfaite de ma mère, mais déjà le caractère de mon père.
     
    Dû au hasard et surtout à un hiver particulièrement froid, mais bien moins que celui de l’hiver 1241, le bonheur immense de notre petite famille fut de courte durée, j’avais seulement cinq ans lorsque ma mère tomba gravement malade. Ce que l’on diagnostiquerait comme une pneumonie avait entraîné l’anémie, il ne fallut que quelques nuits pour qu’elle s’éteigne. Mon père en fut dévasté, il aimait cette femme plus que de raison et si je n’ai plus beaucoup de souvenirs de cette époque, je crois que je me souviendrai toujours de la souffrance de l’homme qui m’éleva tant bien que mal par la suite. Du moins lorsqu’il était présent, auquel cas, ma nourrice prenait soin de moi.
     
    Mais comme un malheur n’arrive jamais seul, je devais aussi perdre mon père, l’année 1231 alors qu’il défendait l’Ouest de l’Empire aux côtés d’autres hommes lors des raids Thoréens. J’entamais seulement ma treizième année… Et voilà que mon frère et moi nous nous retrouvions orphelins. Lui comme héritier et futur revendicateur de tout ce qui symbolisait notre famille. Mais il était trop jeune pour porter seul le poids de mon existence sur ses épaules, alors Fitzwilliam demeura à Néra avec notre cousin et je fus envoyée à Volg, confiée à ma tante et sœur de mon père afin qu’elle achève mon éducation et me protège de quelques profiteurs avides jusqu’à ce que jeunesse se passe. Ma tante, la vicomtesse Catherine de Volanges, était d’une très grande bonté, tout comme son frère. Elle m’avait légué sa passion pour l’équitation et pour les chevaux eux-mêmes. Activité audacieuse et bien mal vue par bon nombre d’autres femmes de la noblesse, mais Catherine n’avait absolument aucune considération pour la critique méprisante.
    Vint mon dix-septième anniversaire, ma très chère tante ne put malheureusement plus me garder à l’écart de la gente masculine comme on me disait déjà vieille. Ce qui était vrai dans le fond, on mariait toujours idéalement sa fille à l’âge de quinze ou seize ans. Pourtant dix-sept printemps, c’était si peu de chose, j’étais encore une enfant malgré tout. Mais les protestations n’empêchèrent pas l’avènement de mon fléau pour les douze années à venir.
    Je fus conviée à rencontrer le duc Petyr de Volg peu de temps plus tard, un homme de treize ans mon aîné, imposant par sa prestance plus que par son apparence, mais charismatique, mystérieux peut-être. Il fut charmant avec la jeune fille timide et craintive que j’étais, très attentionné et fort sympathique. Et les autres fois où nous nous vîmes, je fus enchantée d’être promise à un tel homme. Comment aurais-je pu savoir qui il était en réalité ? Il demanda ma main à ma tante qui lui accorda à contrecœur. Ni elle ni moi ne savions qu’il ne désirait que le profit d’un nouveau vassal qui n’aurait pas le droit de lui faire défaut… Et également le corps de femme que je possédais déjà et qu’il désirait plus que tout. Nous nous mariâmes dans le mois selon le culte du Trimurti. Mon destin était scellé. Et quel destin par Tamas…

     
      
    Je crois que si un seul souvenir devait me rester en mémoire, ce serait sans nul doute celui de ma nuit de noces. L’amorce d’années de souffrances silencieuses. Le duc qui m’avait tant rassurée, cajolée jusqu’à cette fameuse nuit se révéla violent et cruel à la faveur de la lune. Je ne saurais raconter avec exactitude ce qu’il s’était déroulé cette nuit-là, ce récit honteux vous provoquerait bien trop d’effroi. Mais ce que je puis vous assurer c’est que je ne consentis rien de ce qui se passa. Je fus repoussée contre la commode qui laissa la première marque indélébile sur mon visage, sous mon œil gauche. Juste avant de sentir la pointe d’une lame qui entaillait superficiellement ma gorge. Je fermai les yeux toute la nuit… Et toutes les autres nuits. N’y avait-il donc personne pour voir ma détresse ? Bien sûr que si, mais mon mari était craint par-dessus tout autant qu’il était haï. Quoi de plus normal ? En plus de battre sa femme c’était un homme qui méprisait son peuple et n’en prenait pas soin. Et il répugnait que je le fasse. O comme la douleur était grande quand il me prenait à soigner des servantes qu’il besognait et frappait autant qu’il le faisait avec moi. Je n’avais aucune rancœur envers ces femmes qui le subissaient elles aussi, malgré leur volonté. Une d’elles, ma propre servante avait presque été battue à mort, mon cœur s’était fendu lorsque je l’avais retrouvée alors je la fis porter hors de nos terres afin qu’elle se remette et surtout que plus jamais Petyr ne lève la main sur elle. Dois-je vous dire qu’il s’en vengea prodigieusement ? Tel fut l’acte qui me valut la profonde entaille sur ma cuisse semblable à celle qu’il fit sur mon épaule… Sans parler des effroyables lacérations dans mon dos. Jamais je n’aurais cru qu’une ceinture de cuir puisse provoquer de pareils saignements. Les plaies me firent souffrir de longues semaines, je n’arrivais pas à les faire cicatriser. Je ne me souviens plus d’où me viennent les marques d’ongles au-dessus de mon nombril… Peut-être du jour où je l’avais surpris sans le vouloir au détour d’une rue sordide avec une femme de maison de passe bien malchanceuse… Pour ma part je lui suis toujours restée fidèle, Sattva n’aurait pu me garder si je ne l’avais pas été. Je n’ose imaginer ce qu’il m’aurait fait à moi et à mon hypothétique amant pire encore. Je ne rêvais même pas d’un sauveur chevaleresque qui briserait mes chaînes. Je subissais sans dire mot, passive, docile pour que tout passe plus vite, mais les années étaient longues. Mon époux pensait-il que les autres hommes ne me regarderaient pas s’il laissait ses marques ? Petyr était matérialiste, possessif, narcissique. S’il se fichait des autres femmes et des bâtards qu’il semait, je demeurais intouchable, pour les autres j’entends. Son bien le plus précieux. Que dis-je, sa chose. Sa possession. Et si par malheur un de ses invités était surpris à admirer ma silhouette généreuse ou seulement ma sauvage crinière, ce qui arriva hélas, il s’animait d’une colère noire. Un soir, lors d’un bal, un marquis, ou était-ce un vicomte, m’avait invitée à danser après m’avoir longuement sourit toute une heure… Malheureuse que je fus quand nous nous retrouvâmes seul à seule le duc et moi. Il exécuta sa pire sentence, mon ultime humiliation, cette croix faite au fer rouge, empreinte éternelle au creux de mes reins. Symbole d’une vie de captivité. Car les deux dernières années je n’osais plus visiter les villages alentours. D’autant plus que je savais le peuple révolté de l’inactivité de mon époux face à leur famine et la précarité de la situation après la canicule qui avait ruiné tout le revenu agraire, les élevages ne s’en portaient pas mieux non plus. Mais puisque cela n’avait aucun impact sur le confort de mon si cher tendre et doux Petyr, il faisait la sourde oreille. J’avais osé émettre le conseil de faire preuve d’attention envers le peuple. Quelle erreur…
     
    Puis tout s’enchaîna à une vitesse folle, vertigineuse.  Je découvris peu avant que toute mon existence ne bascule que je portais un bébé enfin, depuis sans doute un bout de temps, et j’étais assaillie par la crainte. Je ne voulais pas offrir cette vie à mon enfant. Petyr ferait-il du mal à sa descendance ? Les mauvais soirs je me surpris à prier pour que mon fils ou ma fille ne vienne jamais au monde pour lui épargner une vie misérable. A ma plus grande stupéfaction ma prière fut entendue, mais interprétée de façon plus inattendue encore...
     
    En faisant fi des réclamations du peuple, le Duc de Volg avait attisé une rébellion menée par son propre cousin, Alastor de Boisnoir ainsi que par mon très cher et aimé frère Fitzwilliam qui ne supportait plus de ne pouvoir agir contre cet homme qui me faisait du mal et qui avait de plus trahi sa promesse de l’aider à reconquérir les terres des Litovski. Vous voyez ce chevalier en armure dont je n’osais rêver car je pensais ma salvation impossible ? Et bien c’était lui. Alastor. Un simple duel qui prouva que même dans le combat mon mari était un piètre homme sans honneur. J’eus bien du mal à réaliser mon veuvage, je n’étais pas accablée, ou si… Accablée par le soulagement. Plus jamais il ne me ferait plus de mal, j’en avais pleuré de bonheur la nuit même de sa mort. J’étais sauve et surtout, mon enfant était sauf. Enfin presque… Je ne pouvais me retrouver seule avec mon enfant. Une autre décision prise à mon insu mais qui était arrangeante pour tous fut prise alors. Je devins la femme d’Alastor, devenu Duc de Volg. Il m’offrait une certaine stabilité sans exiger de contrepartie et il se déclara surtout père de l’enfant que je portais, ma reconnaissance était sans bornes même si je restais méfiante face à cet homme austère, grave, un peu bourru, pourtant intrigant. Je ne savais pas quoi penser de lui, j’étais effrayée, incapable de le laisser m’approcher ou me connaître et lorsque je voulus enfin lui laisser une chance de nous découvrir il fut appelé alors que le Royaume de Feynes venait de commettre sa vile trahison, plongeant l’Empire dans une nouvelle guerre.
     
    Je mis ma fille au monde peu après le retour de mon nouvel époux gravement blessé, j’étais inquiète, plus que je ne voulais l’admettre. Mon accouchement fut difficile et je crains que mon enfant ne se retrouve sans père ni mère car je devais tomber malade juste après. Mais la fièvre passa et je pus voir ma merveilleuse Héméra me sourire, ce bébé beau comme le jour qui me ressemblait trait pour trait. Je n’avais cure de ce qu’on disait d’elle, de sa naissance, et lorsque je la voyais dans les bras d’Alastor, je n’avais aucun doute, aucune peur pour elle. Il était un père attachant, auquel je commençais à faire confiance progressivement. Nous nous appréhendions doucement mais sûrement au plus grand damne de son fils qui ne me portait pas dans son cœur, loin de là. Je le savais et j’en étais terriblement malheureuse car j’ignorais l’origine de tant de mépris. Malgré tout je tentais de me reconstruire, avant tout je voulais reprendre dignement ma vraie place de duchesse, ma place auprès du peuple et peut-être en trouver une auprès de mon époux…
     
    Car ma vie commence enfin.


    Compétences



  • Étiquette - Niveau 3

  • Sport - Équitation - Niveau 3

  • Persuasion - Niveau 2

  • Animaux - Cheval - Niveau 2

  • Politique - Niveau 1

  • Armes de jet - Couteaux - Niveau 1


  • Derrière l'écran



    Êtes-vous majeur ? Je suis plus auriculaire
    Avez-vous lu le règlement ? Of course !
    Comment-êtes vous arrivé sur Les Serments d'Eurate ? Des démons m'ont chuchoté à l'oreille, j'ai suivi les pas de Satan en personne
    Une suggestion ? Une goutte de Cognac ?
    Ce personage est-il un DC ? Si oui, de qui ? C'est moi Joe le Clodo (ou le Rigolo ça dépend des jours) !




    Re: Adélaïde de Boisnoir dite La Douce, Duchesse de Volg ─ Dim 22 Juil - 11:27
    Chroniqueur Impérial
      Chroniqueur Impérial

      Réputation - 04.08.2018



    • LA CAPITALE EVALON



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    • DUCHÉ DE LA CROIX DES ESPINES


    • COMTÉ DE LA CROIX DES ESPINES
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      COMTÉ D'EMERALD
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      COMTÉ DE POSVÁNY
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    • DUCHÉ DE MELLILA


    • COMTÉ DE MELLILA
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      COMTÉ D'ARAGON
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      COMTÉ DE CORDUBA
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    • DUCHÉ DE NÉRA : PERSONNALITÉ CONNUE


    • COMTÉ DE NÉRA
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      COMTÉ DE BAROS
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      COMTÉ D'UZÉ
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    • DUCHÉ DE VOLG : PERSONNALITÉ CONNUE


    • COMTÉ DE VOLG
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      Noble:.......... ■ - ■ - ■ - ■ -  -  - ■ - ■ - ■..... 2000/4999 pts

      Religieux:..... ■ - ■ - ■ - ■ -  -  - ■ - ■ - ■...... 2000/4999 pts





      COMTÉ DE TERRESANG
      Citoyen:....... ■ - ■ - ■ - ■ - - ■ - ■ - ■ - ■...... 0000/1999 pts

      Noble:.......... ■ - ■ - ■ - ■ - - ■ - ■ - ■ - ■..... 0000/1999 pts

      Religieux:..... ■ - ■ - ■ - ■ - - ■ - ■ - ■ - ■...... 0000/1999 pts





      COMTÉ DE MONT DRAGON
      Citoyen:....... ■ - ■ - ■ - ■ - - ■ - ■ - ■ - ■...... 0000/1999 pts

      Noble:.......... ■ - ■ - ■ - ■ - - ■ - ■ - ■ - ■..... 0000/1999 pts

      Religieux:..... ■ - ■ - ■ - ■ - - ■ - ■ - ■ - ■...... 0000/1999 pts





    • ÎLE DE NACRE


    • Le clergé :..... ■ - ■ - ■ - ■ - - ■ - ■ - ■ - ■... 0000/1999 pts


    • HORS FRONTIÈRES


    • Territoire Thoréen:.... ■ - ■ - ■ - ■ - - ■ - ■ - ■ - ■... 0000/1999 pts

      Territoire Khöz:......... ■ - ■ - ■ - ■ - - ■ - ■ - ■ - ■... 0000/1999 pts

      Royaume d'Azelan:.... ■ - ■ - ■ - ■ - - ■ - ■ - ■ - ■... 0000/1999 pts

      Royaume de Feynes:.. ■ - ■ - ■ - ■ - - ■ - ■ - ■ - ■.. 0000/1999 pts