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Tódor "Tótó" Ujváry
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Tódor "Tótó" Ujváry ─ Mer 30 Mai - 10:32
Tódor Ujváry
    Tódor Ujváry
    Vagabond

    Tódor Ujváry


    “Du champ de bataille, seuls sortent victorieux les mouches et les corbeaux”



    42 ans
    Originaire de Comté de Posvány
    Vassalité : Plus aucune
    Statut social : Pègre
    Son métier : Ancien capitaine des Paludéens ; déchu vagabond


    Caractère


    Deux hommes habitent et se disputent la vieille carcasse de Tódor. Deux fantômes du passé s’acharnant pour le contrôle d’une coquille de chair fragile, aux années déjà sacrifiées sur l’autel des dieux. Tódor est à la fois l’un et l’autre, l’ancien et le nouveau.


    L’âme de Tódor était pure et idéaliste, depuis sa plus tendre enfance. Un véritable modèle que ne purent suivre ses compères chevaliers, alors qu’il s’agissait-là de l’essence-même de leur serment envers le comte et Posvány : chérir l’œuvre de Sattva, lever son bouclier pour Rajas, frapper et pardonner pour Tamas. Il vécut par et pour ces principes, les pensant justes et universels. Des lois qu’il ne fallait pas enfreindre, mais qu’il fallait embrasser pour vivre en paix et heureux avec le monde. Cette paix, il l’avait trouvée au sein de sa famille, auprès de sa femme et de ses précieux enfants. Confiant en la bonté intrinsèque de chacun, même les pires criminels, il avait baissé sa garde.


    Et confiance s’était muée en naïveté.


    Bien trop naïf, lorsqu’il crut que les Trois viendraient sauver son logis des flammes, et ses proches de la mort. Où se terrait donc la bonté et la noblesse, dans le cœur des hommes qui lui avaient tout pris ? Il connaissait la bassesse de l’être humain et la facilité avec laquelle il prodiguait le mal. Mais de voir ses anciens compagnons, ses vieux frères d’armes prendre les armes et lui transpercer le dos de leur sournoiserie, c’était une forme de trahison que Tódor n’avait encore jamais vécue. La pire de toutes les perfidies.


    Si bien qu’il ne s’en remit jamais, et qu’un autre homme vint le hanter et combattre l’ancien.


    Des idées noires l’agitent. Il n’est plus si sûr que l’humain ait un bon fond, qu’il mérite l’œuvre des dieux. Une grande tempête s’agite dans les tréfonds de son âme, dont l’issue décidera si l’espoir l’emporte, ou si le désespoir le tirera dans les noirs abîmes. Cette bataille a lieu pourtant bien loin des préoccupations premières de Tódor : la sécurité et la protection de sa fille. Elle est le dernier témoin, l’héritage de l’homme de bien qu’il fut naguère. Elle est le rempart qui le sépare du néant et un lien qui le rattache à son passé qui lui fut si cher. Sans Mirella, plus de bouclier à lever contre la noirceur de son âme. Sans Mirella, plus de retour vers la lumière possible.


    Physique


    Il ne faut jamais sous-estimer plus petit que soi.


    Car pour son gabarit, Tódor cache bien plus de potentiel qu’il n’est permis d’en déceler au premier coup d’œil. Du haut de ses cinq pieds deux pouces, il n’est guère impressionnant, et sa petitesse a souvent contribué à ce que l’ennemi le sous-estime. Mais sous ses épais vêtements bourrés d’étoupe, le Posvanéen entretient son corps pour l’endurance et la vitesse. Il sait qu’il n’a aucune chance contre un mastodonte, à moins de pouvoir l’éviter pour mieux riposter, ou le fatiguer pour mieux l’achever. Ses dispositions physiques reflètent son style de combat, maintes fois éprouvé. Sur son épaule, il porte le tatouage de la confrérie des Paludéens.


    Tódor a le teint d’albâtre typique des habitants des marais, auxquels la lumière du jour peine à parvenir. Son visage marqué par la quarantaine semble ciselé dans le roc, avec cependant de légères rondeurs au niveau des pommettes qui, selon feue sa femme, lui donnait tout son charme. Son nez, légèrement aquilin, trône sur une bouche aux lèvres fines et une barbe poivre-sel lui mangeant une bonne partie du visage. Ses yeux sont gris comme l’acier, légèrement plissés, avec quelques ridules et cernes les entourant. Une tignasse noire et décoiffée court sur le dessus de son crâne, sa nuque et le devant de son front.


    Anciennement capitaine des Paludéens, il a conservé pour lui son matériel : sa brigandine, son gambeson bourré d’étoupe, ainsi que ses protections en cuirbolli, mais également son casque au panache tombant, qu’il a coupé après sa fuite. Somme toute une armure efficace et légère, adaptée à ses vieilles activités. Il a conservé son arc à double courbure et son carquois travaillé, plus précieux encore que ne le sont son épée et son poignard. Il en prend soin chaque jour, parce qu’il sait que sans ces derniers atouts, c’est un homme mort.


    Histoire


    Bien avant de mener la vie d’un paria, interdit d’eau et de feu, Tódor avait d’abord chaussé d’autres bottes.


    Né dans l’antique forteresse de Besbána, il est fils de forgeron, mais n’a jamais appris grand-chose de son père. Ce dernier mourut durant son cinquième hiver, l’abandonnant lui et sa mère au monde des Hommes. Fort heureusement, à l’époque, le jeune comte István Bátor avait fait preuve de bonté en installant Tódor aux écuries afin qu’il y aide le palefrenier. Si près du donjon, il put côtoyer dès ses sept ans d’autres enfants bien plus privilégiés ; des fils de nobles ou de riches marchands, natifs de la forteresse ou simplement envoyés en parrainage auprès de chevaliers y résidant… Tódor n’était rien de tout ça. Pourtant, tout comme lui, ils durent eux aussi nettoyer les écuries. Dès l’âge de sept ans, tous ces fils de quelqu’un, ces grands noms aux lettres brodées d’or, devaient servir dans le crottin et la paille humide : car telle était la première étape pour espérer devenir un chevalier.


    Tódor se fit autant d’amis que d’ennemis au sein de ses nouveaux comparses galopins. Mais parmi ses amis, il pouvait compter sur un soutien sans faille, et de taille : Árpad Bátor, l’héritier du comte. Ils avaient scellé leur amitié en « empruntant » un cheval au palefrenier à la faveur de la nuit, pour le monter à deux le long de la route reliant Besbána et la grande ville de Nagyváros. Depuis cette folle nuit, qu’ils passèrent le vent dans les cheveux et ivres de rêves chevaleresques, ils se jurèrent de toujours être fidèle l’un envers l’autre, ce même dans les temps de besoin. De retour à Besbána, néanmoins, le vol n’était pas passé inaperçu. Dénoncé par un jeune garçon nommé Damján, qui avait tout vu depuis l’entrée, Tódor risquait le fouet et sans doute pire encore. Árpad intervint auprès de son père et du maître des écuries engoncé dans sa colère, avouant qu’il avait lui aussi pris part au vol, et qu’il devait être puni en conséquence. Après mûre réflexion, et avoir vu son fils faire preuve d’un si grand courage pour partager le sort de son compagnon, István décida qu’il ne serait donné que cinq coups de bâton pour les deux garnements. A peine forgée, l’amitié entre Tódor et Árpad venait déjà d’être mise à l’épreuve. Avec succès.


    Les jeunes galopins devinrent des pages, les pages devinrent eux-même des écuyers. Tódor, quant à lui, continuait ses travaux à l’écurie, car il n’était pas destiné à porter un jour l’épée et l’armure. Pourtant, il s’entraînait régulièrement avec Árpad, ainsi qu’avec quelques autres aspirants. D’autres amitiés naquirent dans le feu du combat, des rivalités s’exacerbèrent aussi. Damján, qui se considérait comme le meilleur bretteur de tout le petit groupe, l’avait eu fort mauvaise lorsqu’il se fit battre par un Tódor certes petit, mais souple et rapide, se mouvant comme une anguille pour porter les coups là où il le fallait, et surtout éviter chacun de ceux de l’adversaire. Dans une relative bonne entente, l’émule grandissait entre les futurs chevaliers et leur comparse le garçon d’écurie. Si bien qu’à l’aube de ses douze ans, devant ses nombreux talents à exploiter et sa détermination à l’entraînement, István le prit comme pupille. Un honneur tel que celui-ci mit Tódor en émoi, et gonfla de fierté la poitrine d’Árpad, qui ne semblait pas fort innocent dans cette démarche si soudaine. Face à son rêve presque devenu réalité, Tódor fit vœux aux Trois d’à jamais les honorer pour leurs bienfaits, et de devenir le meilleur de tous les chevaliers : un parangon de justice, de droiture et de force mise au service des faibles.


    Il fut adoubé lors d’une chaste cérémonie en plein air, au cours de laquelle ne se retrouvaient qu’une ribambelle de chevaliers posvanéens, de clercs venus de tout le comté, et bien sûr, le comte en personne avec sa clique d’aspirants et d’écuyers. Chaque preux effectua le saint triangle de sa lame, avant de recueillir le serment de leur pupille. Tous en ligne, ils unirent leurs voix pour énoncer la vérité des Trois et leur promesse d’éternelle servitude. A la fin de tout cela, ils reçurent tous la Bonne Claque, ce secret bien gardé de toutes les cérémonies, et qui faisait en sorte qu’elle se grave à jamais dans la chair et dans les mémoires. Une fois fait chevalier, Árpad s’était levé solennellement et avait demandé à ses pairs de se réunir autour de lui. Des serviteurs sortirent du couvert des arbres à l’appel du jeune homme, porteurs de grands morceaux d’étoffe d’un noir d’encre. Tous ils reçurent ce cadeau de la part de leur ami et futur suzerain, qui s’avérait être une chlamyde. Árpad expliqua qu’il souhaitait que tous se vêtent de leurs armures selon la Háború Torvänya, mais qu’ils n’oublient jamais de porter ce morceau de tissu noir en signe d’humilité. Tous l’enfilèrent avec fierté, et devant l’assemblée naquit la plus belle de toutes les fraternités : la Confrérie de Besbána. Ils se tinrent mutuellement les épaules les uns après les autres, se regardant dans les yeux, et prononçant des paroles d’allégeance. A la vie, à la mort. Fidèles et fraternels…


    Les premières années furent celles de l’innocence : Tódor accompagnait ses frères à la chasse et aux banquets, débarrassait les chemins de la Langue de ses brigands. Il se réconcilia plus ou moins avec Damján après que ce dernier le battit en combat singulier, mais lui avoua sous les effets de l’alcool qu’il ne s’était entraîné exclusivement que pour ça. L’âge d’or de la confrérie était faite de petites victoires sur les Joyeux Compagnons, la traque de Khöz isolés dans les marais, et de fêtes somptueuses dans la Grande Salle de Mont-Gris. C’est aussi à cette époque que Tódor déçut le cœur de Vírag le Preux, qui lui avoua son amour près du chêne sous lequel ils s’étaient tant de fois installés pour y faire la sieste. Tódor aimait beaucoup son ami, son frère d’armes de toujours. Cependant, c’était une jeune paysanne au nom inconnu qui avait éveillé l’intérêt du jeune chevalier… Une brune aux yeux envoûtants qu’il avait croisée au détour d’un chemin, et qu’il n’avait pas su oublier depuis.


    Le temps passait, et la confrérie se portait à merveille. Du moins, en apparence. Tódor commençait à trouver l’arrogance de Damján dérangeante, et indigne de la chlamyde agrafée sur son épaule. Vírag était passé d’un amour éperdu à une haine profonde envers lui, à son grand désarroi, et beaucoup d’autres chevaliers commençaient à jalouser sa position de favori auprès d’Árpad, désormais comte depuis la mort tragique de son père. Ce climat tendu n’était pas du goût de Tódor, qui avait encore l’espoir que les mots échangés durant leur cérémonie d’adoubement n’étaient pas de vaines paroles perdues dans les flots des appétits personnels. Tels des frères, pourtant, ils s’aimaient autant qu’ils s’enviaient. Bien des discordes éclatèrent, et Tódor sentait un peu plus chaque jour qui passait le poids de la culpabilité et de la tristesse. Un jour qu’il était à bout, fatigué par cette parodie qu’était devenue la confrérie, il rendit sa chlamyde à un Árpad surpris et désemparé. Il partit de la forteresse, fit le choix d’épouser cette paysanne qui l’obsédait depuis quelques années, et se construisit une petite bicoque dans les marais, loin des présomptueux chevaliers qu’il avait jadis appelé ses frères.


    Árpad revint vers lui très vite, lui demandant des comptes. Tódor put expliquer calmement à son suzerain et ami les raisons de son départ, et ce pourquoi il ne porterait plus jamais la chlamyde noire. Après cela, le comte se résigna à abandonner de raisonner son plus vieil ami, mais lui demanda tout de même une faveur. En tant que son élément le plus droit et le plus fiable, il devait diriger l’ancestrale compagnie des Paludéens, ces traqueurs mortels dont les Khöz faisaient des cauchemars, et utilisaient leur nom pour forcer leurs enfants à manger leur soupe. A l’époque, Tódor ne savait pas dans quoi il s’embarquait, ni ce qu’il allait faire à la tête de ces baroudeurs plutôt connus pour leur cruauté que pour leur miséricorde. Il ne pouvait cependant pas refuser ce service à un vieil ami, ni à un comte. Il promit de les prendre en main, et de les discipliner. Peut-être que leur réputation ne leur servait qu’à faire peur à l’ennemi ? Peut-être n’étaient-ils pas ces brutes sanguinaires qui hantaient les récits des Languards et des Pieds-Secs ?


    Et pourtant, leur notoriété n’avait rien d’usurpée…

    Les Paludéens étaient le produit de cette brutale roture qui parcourait les marais pieds nus depuis leur plus tendre enfance, des hommes de peu aux mœurs pugnaces et impies. Ils pouvaient flairer le crin d’un cheval khöz à un kilomètre, le traquer pendant des jours afin de l’épuiser, avant de finalement le ressortir de la mangrove une fois qu’il s’y soit noyé, pour lui retirer tout ce dont son enveloppe morte n’avait plus l’usage. En arrivant au sein de cette compagnie militaire, Tódor avait cru que les dieux le punissaient pour avoir refusé l’honneur d’être un chevalier de Besbána. C’est là qu’il fit la connaissance du plus agreste et du plus fort de tous les chasseurs : le sergent Henrik. Le courant mit du temps à passer entre les deux gaillards, qui cherchaient l’un et l’autre le moyen d’établir leur autorité sur le groupe. En tant que nouveau capitaine, Tódor devait se faire une place, et Henrik souhaitait conserver ses acquis en tant que simple sous-officier. Ils réglèrent leur inimitié sous le couvert d’un grand arbre, à mains nues. Tódor se mangea la pire dérouillée de toute sa vie, vaincu par le géant blond et sa force colossale. Mais avant de sombrer dans la léthargie la plus totale suite à l’épuisement et aux coups du vainqueur, le capitaine avait gagné le respect de ses troupes, et celui de son adversaire, qui s’il avait gagné, avait tout de même senti la bagarre maintes fois tourner en sa défaveur. Le combat épique, entre un David et un Goliath, cimenta les nouvelles réalités du commandement paludéen : Tódor était certes petit, mais c’était un homme courageux qui n’abandonnait jamais, même face à plus fort que lui. Et ils l’aimèrent pour cela.


    Tódor apprit chaque centimètre de chemin praticable dans les marais perdus de Posvány, chaque sentier secret caché par la brume et la végétation. Henrik lui enseigna l’art de se dissimuler et de fabriquer les pièges les plus vicieux pour le gibier le plus malin : l’Homme. Il tenta de devenir un aussi bon archer que ses compagnons, sans réel succès. Ses dons de commandement étaient cependant indéniables, et après quelques embuscades bien ficelées, les Paludéens se jurèrent de le suivre même jusqu’aux pieds de Tamas. A cette occasion, et sans qu’il ne le sache vraiment, les traqueurs le surnommèrent Tótó, au même titre que le comte Árpad était surnommé « Papa ». Tódor finit néanmoins par découvrir l’existence de ce pseudonyme, sans que cela ne le gêne outre mesure. Après tout, à passer sa vie loin des codes de la noblesse, plus proche des gens de peu aux habitudes moins rigides, il avait fini par savourer la légèreté des uns, la tranquillité des autres. Il vivait au rythme des batailles et des premiers pas de ses marmots. Un mois de guerre pour un mois de paix. L’un chez ses hommes, l’autre chez sa femme. Les Paludéens n’étaient demandés que par nécessité, ou lorsque des raids khöz traversaient la frontière. Bien plus présent pour élever ses enfants et pour apprécier pleinement ce qu’il avait, il était un modèle pour tous les Paludéens rongés par les tracas de l’existence. La plupart étaient brutaux parce que la vie en avait décidé ainsi, ils étaient alcooliques, mauvais joueurs, querelleurs et opportunistes. Mais peu à peu, un changement s’opérait en eux. Ils volaient moins sur les champs de bataille, se bagarraient moins avec les villageois.


    Tódor participa à bien des campagnes. La dernière fut celle de Durdinis, celle qu’il appela la Glorieuse Défaite. Les Paludéens y furent employés comme des éclaireurs et des embusqués, mais durant la bataille, leurs flèches barbelées firent des ravages dans les rangs désorganisés des Thoréens aux blondes barbes. Ils s’y battirent comme des lions, et durent rentrer comme des chiens. En rentrant chez lui, Tódor avait un goût amer dans la bouche : l’impression que toutes ces morts n’avaient servi strictement à rien. Il n’y avait eu nul vainqueur, seulement des vaincus. Et chacun y voyait pourtant la coupe à moitié pleine, comme pour se dédouaner de l’horreur et de la triste vérité. Celle que sur ces champs de bataille jonchés de viande morte et de rêves brisés, les corbeaux étaient les seuls champions à triompher.


    Quelques mois plus tard, Árpad tomba mystérieusement malade. Tódor connaissait bien cette force de la nature, bien trop robuste pour trépasser d’une simple fluxion, et décida de se rendre à Besbána pour s’enquérir de son état. Sur place, il y retrouva ses anciens compagnons qu’il n’avait retrouvés au grand complet que lors de la campagne durdinienne. Damján lui expliqua alors que leur comte bien-aimé avait attrapé la peste, cette mystérieuse maladie qui avait frappé le sud du comté. La nouvelle choqua Tódor, notamment car il pensait qu’Árpad n’aurait jamais approché sciemment un endroit infesté de la sorte. Ce qui lui retourna le plus l’estomac, néanmoins, fut la venue à Mont-Gris de l’héritier par défaut du domaine posvanéen : Ferenc Bátor. Ce dernier se voyait déjà sans doute comme le prochain comte, et ce depuis la mort tragique de ses deux neveux.


    Lorsque ce dernier évoqua d’ailleurs la succession de son frère, tous les chevaliers lui assurèrent qu’ils seraient de son côté, en tant que Bátor de sang et de droit. Tous sauf Tódor. Ce dernier n’avait jamais apprécié le frère de son suzerain, ni même sa femme, qui avait plus de venin en elle que tous les serpents grouillant dans le marais. Les dernières paroles de Tódor furent incisives et pleines de fiel, quand il prononça ces mots à Ferenc :


    « Je ne vois ni l’or des Bátor, ni leur coq de sable en vous. Seul le corbeau noir qui boite et qui conspire. »


    Et en quittant Besbána pour repartir chez lui, il avait su qu’il devrait payer le prix de cette déclaration.


    Il n’aurait cependant jamais pu se préparer à payer un si lourd tribut…




    Le matin prenait fin lorsque Tódor vit la colonne de fumée s’élever depuis les frondaisons. Une fumée noire et épaisse, tourbillonnant vers les nuées d’un gris opaque qui s’amoncelaient. Son cœur manqua un battement lorsqu’il avisa la provenance de ce nuage noir. Ses éperons d’or talonnèrent sans merci Lándzsás, effrayée par la soudaine violence des coups, qui traversa les chemins boueux du marais au triple galop. Il était couché vers l’avant, la tête proche du crin de sa monture, et empruntait le raccourci le plus rapide vers son logis, dont il craignait qu’il soit la cible d’un incendie. Il cavalait comme si la horde d’Atabeï Khan était revenue d’outre-tombe pour le courser à travers les bois et les marécages, et l’écume suintait des poils de son fidèle cheval. Son esprit était entièrement focalisé sur sa destination, sur sa famille. Aussi, il ne vit pas le piège qui lui avait été tendu.


    Son cheval trébucha contre quelque chose. Un hennissement sonore retentit dans les oreilles de Tódor, alors qu’il sentait l’arrière-train de Lándzsás se soulever derrière lui. Il décolla de sa selle, et retomba deux mètres plus loin dans la boue mollassonne, roulant comme un rondin dans un tourbillon de feuilles mortes et de brindilles. Il mit quelques secondes à se remettre de sa chute, tournant finalement le regard vers son destrier. Il s’était relevé en boitillant, et partit se réfugier dans la forêt en mugissant.


    L’odeur de la fumée piqua les narines de Tódor, dont la tête tournait encore. Une ombre passa à proximité de lui, puis une deuxième. Et avant qu’il n’ait le temps de s’en rendre compte, de puissants bras l’agrippèrent comme un étau de fer, le relevant avec force. Lorsqu’il voulut se débattre contre cette nouvelle menace qu’il n’avait pas encore définie, il sentit un poing s’écraser contre son ventre, lui faisant vider ses poumons. Il cracha, essaya de reprendre sa respiration coupée, et releva la tête gaillardement pour observer les alentours.


    La vague sensation de tournis s’estompa, laissant place à l’horreur. Sa maison brûlait. Elle était là, devant lui, la charpente nimbée de flammes qui crépitaient. L’arbre au-dessus du toit flamboyait aussi, victime collatérale de cet enfer. Le regard paniqué de Tódor cherchait sa famille comme un animal guettant une sortie, et un effroyable cri naquit dans sa gorge lorsqu’il les vit devant la masure.


    Szilva avait été abattue comme un gibier fuyard, le dos lacéré et la colonne brisée. Elle était étendue en pantin désarticulé sur le sol, les cheveux en bataille, la face contre terre. A ses côtés avaient été rassemblés ses deux fils, Géza et Árpad, égorgés. Les sons qui sortaient de la bouche de Tódor, distordus par la douleur, se muèrent en de longs sanglots désespérés. C’est ce moment que choisit un homme pour se placer dans son champ de vision. Il était de dos, et portait une armure onéreuse surpassée d’un morceau d’étoffe d’un noir délavé. Tódor se rendit également compte de la présence des deux hommes qui le retenaient chacun d’un côté. Le chevalier devant lui parla, dévoilant ainsi qui était le déshonorable frère qui venait de briser son serment.


    « Tu choisis mal tes ennemis Tódor. Et tu ne sais pas conserver tes amis. »


    L’homme se retourna. C’était Pongrác, le plus jeune de la confrérie, avec son visage de jeune premier et ses cheveux blonds et courts qu’il affectionnait de graisser et de sculpter. Son sourire moqueur, dans cette situation de cauchemar, était insupportable.


    « Le Comte souhaite t’accorder une dernière faveur. Une mort rapide, auprès de ceux que tu as aimé. »


    Les deux pandores qui cernaient Tódor usèrent de leur brutalité pour l’emmener vers un arbre, sur lequel était pendue une corde. Le Paludéen se démenait comme un diable pour se sortir de la poigne de fer des hommes, hurlant comme un possédé alors qu’il était traîné jusqu’au gibet. Un troisième homme vint le saisir par les jambes, afin de le porter sans qu’il puisse se débattre autrement qu’un poisson dans l’eau. Il reconnut la voix de derrière lui, et toute sa combativité se brisa : c’était Vírag.


    Une fois au pied du grand chêne sous lequel il lisait jadis les Saintes Ecritures à ses enfants, Tódor sentit que l’on passait une corde à son cou. Il tenta une nouvelle fois de se débattre, en vain. Ses mains ne furent pas liées, cela aurait pris trop de temps. Pongrác souhaitait que tout se passe vite et que rien ne relie les deux chevaliers judas à leurs méfaits. Leurs sbires firent couler le nœud, qui se serra autour de la gorge nue du capitaine déchu. Un premier coup sur la corde, et le sol se déroba sous lui. Comme un réflexe fulgurant, il porta ses mains à son cou, cherchant frénétiquement de ses doigts la corde blanche qui lui bloquait la respiration et lui brûlait la peau. Ses yeux s’écarquillaient sous la pression, sa gorge était en feu. Il s’élevait par à-coups vers le ciel, aux premières loges pour voir son foyer brûler, et les cadavres de ses proches pourrir en plein air. Un sentiment de panique le paralysa. De panique et de plaisir. Un plaisir qu’il ne comprenait pas.


    Les séides coururent se disperser dans la forêt, mais il ne les remarqua pas. Ni même lorsque les deux chevaliers enfourchèrent leurs montures, et que Pongrác partit devant au galop, laissant derrière lui une maison en flammes, une famille brisée, et un ami trahi. Tódor sentait sa vision se brouiller, ses sens s’alourdir, et son corps tout entier convulser. Il ne tiendrait plus longtemps. Il ne tiendrait plus…


    Un éclair le frappa. Il était face contre terre, le visage enfoui dans les feuilles et la mélasse. Quel tour lui jouaient donc encore les dieux ? Toujours engourdi, il ne bougeait plus d’un pouce, comme un mort en sursis. Plusieurs secondes passèrent comme une éternité, avant qu’il ne bouge lentement pour se mettre sur le dos, ses mains libérant son cou de leur entrave qui s’y était enfoncée jusqu’au sang. De grandes goulées d’air lui frappèrent ses poumons à vif, le faisant suffoquer. Il avait mal, mais il continuait de redécouvrir les bienfaits de l’air, comme un nouveau-né sorti du ventre de sa mère. A travers les sons diffus qui résonnaient autour de lui, un homme parla. Un homme qu’il connaissait, c’est tout ce qu’il savait dire pour le moment. Il entendit ses paroles, mais ne les comprit pas tout de suite.


    « Puisses-tu tous nous pardonner un jour, Tódor… »


    L’inconscience guettait le pendu, dont le cerveau avait été privé d’air. Un mal de gueux lui envahissait le crâne, le thorax et la gorge. Un mal qui ne le quitterait pas avant longtemps.


    C’est aux environs de midi que Tódor se remit à bouger. La douleur lancinante de son crâne s’était légèrement estompée, et sa respiration, bien que laborieuse, était plus supportable. Couvert de boue, il se remit sur le ventre, afin de se relever à l’aide de ses bras. La corde n'avait pas cédé, elle avait été coupée. Le visage de Vírag lui revint un instant à l'esprit, mais il l'oublia bien vite. A quatre pattes, il releva la tête pour observer les dégâts. Le feu brûlait encore, et la charpente ravagée menaçait de céder. Les corps roidis de sa famille n’avaient pas bougé, et Tódor sentit à nouveau le chagrin l’accabler. Il pleura à chaudes larmes durant de longues minutes, s’affaissant contre le sol duquel il avait tenté de s’extirper. Il ne comprenait pas. Pourquoi tant d’horreurs à vivre pour des paroles en l’air ? Était-ce de son fait, si Ferenc avait anéanti tout ce pour quoi il s’était battu toutes ces années ? Méritait-il un tel châtiment ? Les dieux pouvaient-ils cautionner pareille hécatombe ?


    Des cris lui parvinrent alors de l’intérieur de sa maison devenu brasier. Des cris perçants, qu’il n’aurait jamais voulu entendre de toute sa vie. Un semblant d’énergie lui revint des tréfonds de son âme blessée, lorsqu’il comprit de qui il s’agissait. Son troisième enfant. Sa fille.


    « Mirella... »


    Ses genoux et ses coudes l’aidèrent à ramper jusqu’au pied du feu, dont la chaleur émanait comme cent cheminées. Il se releva tant bien que mal, titubant jusqu’à l’intérieur de sa bicoque en ruine. La fumée l’empêchait de voir clairement. Il se repérait aux cris, aux suppliques. A tâtons, il se rendit dans sa chambre, où la petite s’était réfugiée. L’endroit était encore épargné par les braises, mais ne tarderait pas à être pris d’assaut. A la vue de son père, la gamine courut se réfugier dans ses bras, le serrant comme jamais avant ce jour. Prenant dans ses bras le dernier de ses trésors, Tódor fit passer sa fille par la fenêtre, afin qu’elle s’éloigne du brasier. Puis, avec des mouvements encore engourdis, il fit glisser le coffre de sa chambrée vers la fenêtre, le soulevant avec ce qu’il lui restait de force, afin qu’il passe de l’autre côté. Après ce dernier effort colossal, le Paludéen se jeta lui-même par la fenêtre, retombant un mètre plus bas contre le sol, hoquetant encore de douleur lorsqu’il tenta d’avaler sa salive.


    Tétanisée, Mirella avait les yeux rivés sur les cadavres de sa famille. Elle ne bougeait pas, ne pipait mot. Tódor mit du temps à se relever, mais une fois de retour sur ses jambes flageolantes, il alla chercher sa fille, qu’il serra contre lui.


    « C’est fini, Mimi… Les démons sont partis… »


    Mais dans l’esprit de Tódor, qui recouvrait lentement ses facultés et son intégrité, c’était loin d’être fini. Il devait disparaître, sauver son dernier enfant, éviter que le sort ne les rattrape. Et si Tamas le voulait, s’il se montrait assez fort et assez déterminé, alors, il se vengerait.


    Il laissa le feu emporter les dépouilles de sa famille, récitant prières et vœux pour leur passage dans l’au-delà. Recouvrant ses facultés motrices, il ouvrit le coffre qu’il avait sauvé des flammes pour y prendre ses effets, armes, équipements, derniers deniers. Avec sa fille entre les bras, qui n’avait plus parlé depuis qu’elle avait vu sa mère gésir dans son sang, il partit en quête de Lándzsás, qui se cachait quelque part dans la forêt. Il le trouva plus loin, sa patte blessée l’empêchant de courir. Juchant la petite Mirella sur le dos de son destrier, il prit la bride d’une main, et se dirigea vers le sud, à travers le sentier des beau-bogs.


    Plein sud. Loin de l’horreur. Loin de Besbána et de son tyran.


    Compétences



  • Survie (Milieu naturel) - Niveau 3

  • Arme (Épée) - Niveau 3

  • Équitation - Niveau 3

  • Arme (Arc) - Niveau 3

  • Commandement - Niveau 2

  • Tactique - Niveau 1

  • Bagarre - Niveau 1


  • Derrière l'écran



    Êtes-vous majeur ? Yep !
    Avez-vous lu le règlement ? Validé par le Chroniqueur
    Comment-êtes vous arrivé sur Les Serments d'Eurate ? Je connaissais déjà Smile
    Une suggestion ? Suggéquoi ?
    Ce personnage est-il un DC ? Si oui, de qui ?Nope !




    Re: Tódor "Tótó" Ujváry ─ Dim 22 Juil - 14:13
    Chroniqueur Impérial
      Chroniqueur Impérial

      Réputation - 04.08.2018



    • LA CAPITALE EVALON : PERSONNALITÉ LOCALE



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      Noble:.......... ■ - ■ - ■ - ■ - ■ - - ■ - ■ - ■..... 2000/4999 pts

      Religieux:..... ■ - ■ - ■ - ■ - ■ - - ■ - ■ - ■...... 2000/4999 pts




    • DUCHÉ DE LA CROIX DES ESPINES : GREDIN


    • COMTÉ DE LA CROIX DES ESPINES
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      Noble:.......... ■ - ■ - ■ - ■ - - ■ - ■ - ■ - ■..... 0000/1999 pts

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      COMTÉ D'EMERALD
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      COMTÉ DE POSVÁNY
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    • DUCHÉ DE MELLILA


    • COMTÉ DE MELLILA
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      COMTÉ D'ARAGON
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      COMTÉ DE CORDUBA
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    • DUCHÉ DE NÉRA


    • COMTÉ DE NÉRA
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      COMTÉ DE BAROS
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      COMTÉ D'UZÉ
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    • DUCHÉ DE VOLG


    • COMTÉ DE VOLG
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      COMTÉ DE TERRESANG
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      COMTÉ DE MONT DRAGON
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    • ÎLE DE NACRE


    • Le clergé :..... ■ - ■ - ■ - ■ - - ■ - ■ - ■ - ■... 0000/1999 pts


    • HORS FRONTIÈRES


    • Territoire Thoréen:.... ■ - ■ - ■ - ■ - - ■ - ■ - ■ - ■... 0000/1999 pts

      Territoire Khöz:......... ■ - ■ - ■ - ■ - - ■ - ■ - ■ - ■... 0000/1999 pts

      Royaume d'Azelan:.... ■ - ■ - ■ - ■ - - ■ - ■ - ■ - ■... 0000/1999 pts

      Royaume de Feynes:.. ■ - ■ - ■ - ■ - - ■ - ■ - ■ - ■.. 0000/1999 pts