Re: L'Impasse ─ Lun 10 Juin - 17:53
Bohort LeguérrantMercenaire
À ce moment là, Bohort se rappela d'une vieille blague qui avait tourné à la rumeur. Ses anciens compagnons pensaient qu'il était béni par Rajas, et que jamais il ne pourrait mourir au combat. Ils disaient aussi que Tamas, exaspéré de ne point pouvoir mettre fin à la vie du mercenaire pour renvoyer son âme dans le cycle, décida de détruire toutes ses relations amoureuses. Cette histoire, bien que stupide, avait un fond de vérité et pour preuve : L'arrivée de ce jeune homme, fusse-t-elle le fruit du hasard ou de la providence, allait très certainement lui sauver la mise, une fois de plus. Cependant, il était difficile pour lui d'entendre son potentiel sauveur, puisque celui-ci était à l'autre bout de la ruelle. Ainsi, il confirma :
"Ouais, c'est exactement ça. La compagnie de la raie."
Bohort avait encore haussé le ton pour répondre, il voulait que le chef soit bien face à lui, afin que sa coiffe de maille ne le protège pas du carreau qu'il s’apprêtait à lui lancer. Pour le mercenaire, il était impensable de résoudre cette situation pacifiquement. Il connaissait ce genre de brigand, une fois qu'ils tenaient leur proies ils lui coupaient la tête, revenaient voir leur employeur et si ils s'étaient trompés, repartaient à la recherche de leur cible comme si de rien était. Ils n'avaient aucune raison de le laisser partir maintenant, et ce, malgré l'arrivée du jeune homme à l'autre bout de la ruelle. Le pauvre gars s'était mit dans de beaux draps en venant l'aider. Bohort espérait qu'il savait se défendre, car dès que leur chef se retourna, le bruit caractéristique et mécanique de l'arbalète résonna dans l'allée.
Il y eut un petit moment de flottement, deux longues secondes pour que tout le monde comprenne ce qui venait de passer alors que la situation était sur le point d'être désamorcée. C'est au moment où le corps du chef des assassins toucha le sol, un trait fiché dans le front, que le temps sembla reprendre son cours.
Les autres bandits faisaient déjà face au jeune homme et s'approchèrent de lui, assez prudemment. Mais l'un d'entre eux eut la présence d'esprit de foncer sur Bohort pour l'empêcher de recharger son arme. Ce dernier déposa son arbalète au sol pour dégainer sa lame. Son assaillant s'arrêta à quelques pas, et ainsi commença la partie du combat où les deux adversaire se jaugent. La posture ainsi que le regard du brigand laissaient penser qu'il n'en était pas à sa première escarmouche, pourtant, il n'avait pour se protéger qu'une simple gambison délavée, et sa lame, plus courte et plus adaptée aux rues étroites ne lui donnait cependant pas l'avantage de la portée. Assez confiant, Bohort lança le premières assauts qui ne se résolurent que par le fracas de l'acier.
Se laissant guider par son instinct et ses réflexes acquis par des années d'expérience, le guerrier gagnait du terrain face à un ennemi que l'on pourrait difficilement qualifier de véritable combattant. Et lorsque le bandit, après avoir trébuché sur le creux d'une dalle manquante tenta un maladroit coup de taille, Bohort leva simplement le bras pour que l'épée du malandrin vienne ricocher sur son armure. Privé de sa garde, le scélérat eu le temps de voir sa mort arriver, sous la forme d'une lame venant se ficher dans la peau flasque et douce de sa gorge. Quant au blondinet, tout juste essoufflé, il regarda dans les yeux son assaillant et y vit le mélange caractéristique de peur, de douleur et de détresse. C'est avec une légère culpabilité qu'il retira son arme ensanglantée avant de venir en aide à son compagnon d'infortune qui avait du gérer deux adversaires jusque là.