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Théodore de Boisnoir
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Théodore de Boisnoir ─ Mar 11 Juin - 9:31
Jean I
    Jean I
    Empereur

    Théodore de Boisnoir


    “Tous peut-être, mais pas moi.”



    21 ans
    Originaire de Boisnoir, Duché de Volg
    Vassalité : Duché de Volg
    Statut social : Noble
    Son métier : Héritier légitime du Duc de Volg


    Caractère



    Le jeune héritier du duc de Volg n'est pas un homme des plus faciles à cerner. Froid et distant, il ne s'ouvre pas facilement aux gens. Il faut avoir fait ses preuves avant que le jeune homme ne se montre lui-même et jusqu'à maintenant, peu étaient les personnes s'étant attelées à la tâche.

    S'il est si mystérieux, ce n'est pas pour plaire à la gente féminine, il n'a aucun mal à cela du fait de sa position mais surtout du fait de son histoire.

    Sa mère étant morte en lui donnant naissance, il a très jeune développé un sentiment de culpabilité qui ne l'a jamais quitté jusque là. Seul bonheur mais aussi seul malheur de son père à ses yeux, il entretenait une relation extrêmement forte avec son seul parent qu'il vénérait presque. Toujours heureux de le voir, il tâchait d'être une fierté à ses yeux pour lui faire oublier qu'à cause de lui, l'amour de sa vie n'était plus près de lui.

    Romantique direz-vous ? Peut-être, enfin si vous le voulez. Pour le moment la douceur de l'amour n'avait pas encore atteint le coeur protégé par une solide carapace de ce jeune homme alors faire la cour n'était pas vraiment son genre pour le moment. Peut être la force des sentiments changera un jour cette attitude mais pour le moment il ne s'intéressait pas vraiment aux intrigues du coeur, excepté peut être pour tester ses capacités de séduction, sans jamais aller plus loin que cela toutefois. Néanmoins sa réputation de séducteur le poursuivait. Était-ce bien réellement dû ?

    Du fait de son apparence chétive, il a été pour le moins moqué par les enfants de son âge dans sa baronnie. A tel point qu'il préféra s'isoler plutôt que de subir les méchancetés de certains autres enfants qui jalousaient sa position. C'est à ce jeune âge (vers ses 6-7 ans) qu'il préféra la compagnie des livres à celle des hommes, ce qui fit courir le bruit avec le temps qu'il était hautain et froid, peu enclin à la compassion. Toutefois personne ne pouvait lui reprocher son calme et sa patience. D'ailleurs c'était un jeune homme très réfléchi, tout comme son père dont il partageait beaucoup de traits de caractère.

    C'est à cet âge que Eudes de Ferpierre l'initia au maniement des armes, comme il le fit avec son père avant lui. Son maître d'armes avait beau être vieux et expérimenté, il se battait comme personne et il apprit beaucoup au jeune homme. A force d'entraînements il apprit à manier la lance comme personne. Si son père préférait l'épée, plus noble, il savait également manier la lance, question de tradition. Théodore quant à lui était bien plus à l'aise avec ces armes longues certes mais qui avaient l'avantage d'être légères. Néanmoins il n'y prenait pas grandement de plaisir, se contentant de faire plaisir à son père et d'apprendre à être suffisamment aguerri pour survivre le jour où il aurait à se battre. Contre toute attente, ses prédispositions à la lance firent la fierté de son père, ce qui ravit le jeune homme également.

    Leur vie coulait presque de source lorsque vint une nouvelle famine. On n'en avait pas connu dans Volg depuis la mort de sa mère. Il avait alors vu son père des plus sombres, presque torturé, voyant son peuple souffrir et souffrant avec lui. Il était alors écuyer de son père et c'était la première fois également qu'il quittait la baronnie. Ne souhaitant pas revivre la famine qui l'avait vu perdre sa bien-aimée, il a préféré remettre en cause la légitimité de son seigneur le duc de Volg et le combattre en duel. Toutefois, Théodore ne parvenait pas à se contenter de cette explication, son père avait quelque chose de changé, ce qui entraînait la méfiance du jeune homme, sans pouvoir tout à fait l'expliquer. Si son père était protecteur envers son héritier, le jeune homme en faisait de même avec son père à son insu. C'est en voyant l'accueil fait par la duchesse à son père et leurs regards échangés qui se voulaient discrets qu'il comprit toute l'entourloupe qui s'était joué devant eux.

    Son père avait risqué sa vie, risqué de ne plus voir son fils pour répondre à l'appel séducteur de cette femme intrigante, lassée de son mari. Stupidité, aveuglement. Depuis la vue de cette femme lui était tout simplement insupportable et elle multipliait depuis les affronts. Tout d'abord en épousant son père, le forçant à assister à cette immondice (à défaut d'avoir pu convaincre son père de renoncer à cette alliance). Puis en annonçant héberger en son ventre la vie. Une vie dont il refusait d'entendre parler.

    Peu après avoir été élu duc de Volg, l'OST fut appelé par l'empereur. Comme tout homme loyal, son père y répondit (à vrai dire, il n'avait pas le choix) et comme tout fils de son âge, Théodore l'accompagnait à la guerre. Il évita autant que ce peut les aurevoirs larmoyants de cette désormais belle-mère qu'il haïssait et accompagna son père faire son devoir. Ils se battirent l'un à côté de l'autre au nom de l'empereur dans une guerre sanglante qui mit à mal tant les corps que les esprits. C'est à l'occasion de la dernière bataille que son père fut terriblement blessé. On parvient tout de même à le ramener à Volg afin de pouvoir bénéficier des meilleurs soins.

    S'il était renfermé avant, désormais Théodore était terriblement préoccupé. Une nouvelle facette de sa personnalité s'exprimait alors, celle d'un fils aimant, attentionné et profondément marqué de voir ce roc si affaibli. Une fois de plus il devait son malheur à cette vipère qu'il a épousé et qui depuis lors n'a attiré sur leur famille que la tristesse et les difficultés.


    Physique



    Le jeune héritier du duc de Volg est un homme chétif à la peau légèrement hâlée et aux yeux d'un bleu très clair. Blond, les cheveux courts, il n'aime pas avoir de mèches devant les yeux alors il les fait couper régulièrement.

    Peu enclin à sourire, c'est un jeune homme sérieux mais réputé pour sa jolie frimousse. Il n'hésite d'ailleurs pas à en jouer, comprenant bien qu'il ne laissait pas les femmes indifférentes mais il ne le faisait que pour obtenir d'elles ce qu'il voulait.

    Sa voix quant à elle, est le reflet de sa personnalité : calme et posée. Elle n'était pas tellement grave mais pas vraiment aigüe non plus. Elle restait plutôt dans des médiums. Toutefois, il parlait si peu qu'il avait le bénéfice qu'on l'écoutait quand il parlait.

    On ne pouvait pas dire qu'il avait la carrure sportive de son père qui adorait faire de l'exercice et chasser mais il a suffisamment de muscles pour être bon dans les arts du combat. Il avait apprit le maniement de la lance, arme traditionnelle des Boisnoir avec le maître d'armes de son père.

    Toutefois, on le voyait le plus souvent à l'ombre d'un arbre, lisant un livre que s'échinant à courir après les animaux. Il n'aimait pas la violence qu'il n'utilisait que lorsqu'elle était indispensable, il se voulait devenir un homme loyal, bon et juste comme son père. Toutefois, il avait tendance à trouver plus de réponses dans les livres que sur le terrain au contraire de son paternel.

    Discret, il aimait pouvoir écouter certaines conversations utiles à l'insu de certains, ce qui lui permettait d'apprendre de nombreuses choses sur son entourage. Fin, il faisait attention aux petits détails et se montrait très perspicace. On redoutait son intelligence qui se trahissait dans son regard. Peu locace, il était en revanche un redoutable observateur.

    Comme tout noble digne de ce nom, il savait danser. Dire qu'il aimait cela était un bien grand mot, la chose ne lui déplaisait pas et il n'avait aucun mal à trouver une partenaire dans l'assemblée. Pour le moment, il se sentait un peu tel un jeune cocq de basse-court mais ce n'était pas là l'endroit où il se plaisait le mieux. Il aimait, comme son père, être au contact des gens et les aider à trouver des solutions à leurs difficultés, c'est pourquoi il adorait faire un tour de leurs terres avec lui ou participer aux séances de doléances. Son père y apprenait beaucoup, lui se sentait enfin lui-même.


    Histoire


    Né dans le château de Boisnoir durant l'une des grandes famines qui a ravagé le duché de Volg, sa naissance fut des plus tragiques puisque sa mère est morte en lui donnant la vie.

    Élevé les premières années de sa vie par une nourrice du nom de Lamëa, cette petite bouille fut pendant des années la joie de son père. Une fois l'âge venu, il dû accepter avec déchirement de ne plus avoir sa bien aimée Lamëa près de lui. Elle avait été jusque là son pilier et son seul repère féminin. "C'est mieux ainsi." Lui avait juste dit son père pour le rassurer, une main affectueuse sur l'épaule alors qu'ils regardaient la nourrice quitter les lieux. Théodore comprit qu'il était temps pour lui de devenir le digne héritier de son père.

    Il chercha à faire la fierté du Baron de Boisnoir, apprenant à se battre, ne se plaignant jamais, étudiant avec hargne afin de ne générer que de la joie dans les yeux de son seul parent. Il a eu beau avoir été victime de la méchanceté de jeunes enfants de la baronnie, son père n'en a jamais entendu parler. Théodore est un enfant très débrouillard.Cet incident l'incita à apprécier la solitude. Il découvrit alors le plaisir qu'il pouvait ressentir en se plongeant dans des récits ou diverses poésies. Il a vraiment développé un goût prononcé pour la littérature.

    Lorsqu'il atteint l'âge requis, le maître d'armes de son père Eudes de Ferpierre, lui apprit les rudiments du combat. S'il lui apprenait à se battre comme un noble, il lui enseignait également comment se défendre au péril de sa vie, ce qui lui serait grandement utile dans les batailles où là il n'est pas lieu de règles bien établies avec des bottes que l'on a le droit d'utiliser ou non mais de tuer ou d'être tuer. C'est à cette occasion que son côté débrouillard et son intelligence s'exprimaient et lui permettait d'éviter bien des embuches, ce qui impressionna beaucoup son professeur.

    Contre toute attente, Théodore devint assez doué au maniement de la lance, pour le plus grand plaisir de son père qui se montra des plus fiers de sa progéniture. Voir son père heureux, c'est là ce qui motivait le jeune de Boisnoir à se dépasser. Ainsi, il fit le bonheur de ses précepteurs successifs, d'Eudes qui ne tarissait pas d'éloges sur son élève et celui de son père.

    De manière générale, Théodore n'aimait pas trop la violence. A vrai dire en soit, qui aimait ça ? Même son père qui n'était pas tant attaché que lui à la littérature mais plutôt à des activités plus viriles telles que la chasse, n'était pas friand de cela. Pour lui, c'est certes un outil mais qui ne s'utilise que lorsqu'il n'y a pas d'autre choix possible. Ainsi jusqu'à maintenant, il n'y a jamais eu recours et de sa mémoire de jeune homme son père non plus. En tout cas, jamais devant lui.

    Théodore est avant tout un homme bon, ce qui était de plus en plus apprécié au sein de la baronnie à mesure où le jeune homme prenait des responsabilités. Il prenait beaucoup de plaisir à travailler avec son père et à apprendre le rôle qui serait un jour le sien. Il participait avec bonheur aux séances de doléances où il prenait le temps d’écouter ses gens et n’hésitait pas à leur proposer des solutions. À mesure qu’il prenait de l’âge, le jeune homme était vu comme un excellent futur seigneur qui, comme son père avant lui, a grandement à cœur de défendre le bien vivre des personnes qui l’entourent. Il s’était toujours montré respectueux de ses gens, peu importe leur condition du moment que ces derniers le respectaient également.

    Son intelligence lui permettait d’apporter de nombreuses solutions aux difficultés qui se présentaient à lui mais il savait aussi se montrer juste et impartial, ce qui était très apprécié. Même si, comme toute baronnie, ils connaissaient leur lot de truands et criminels, d'autant plus avec la forêt aux abords de leurs terres, il n’avait encore jamais eu à prendre la vie d’un homme du fait de ses fautes, ce qui lui allait très bien. Évidemment, s’il le fallait véritablement, Théodore ferait ce qu’il s’impose mais ce ne serait pas de gaité de cœur, loin de là.

    Avec l’âge, il prit de plus en plus de responsabilités au sein de la baronnie. Son père en profitait pour partir souvent en déplacement pour créer ou renforcer leurs alliances. Il s’occupait alors de la gestion de la baronnie seul en son absence, ce qui soulageait beaucoup son père. Mais de plus en plus depuis quelques temps, il remarquait que son père avait une attitude bizarre. Il était souvent perdu dans ses pensées. Pas que son père n’était pas reconnu pour son sens de la réflexion mais cette fois, c’était d’une toute autre manière. Là il pouvait regarder dans le vide de bonnes minutes avant de se rendre compte qu’on le sollicitait. Lorsqu’on essayait alors de savoir ce qu’il lui arrivait, il se montrait soudainement méfiant et quittait rapidement les lieux comme s’il avait quelque chose à cacher ou un secret qu’il fallait préserver.

    Théodore comme les autres, avait tenté de comprendre ce qu'il arrivait à son père mais c’était une mission bien vaine et le début d'une nouvelle famine les occupèrent de façon à ce que personne n'évoqua plus ce problème. Ils avaient bien trop de chats à fouetter. Il n’accorda alors plus d’importance à cette ombre car le peuple avait faim et eux-mêmes n’étaient pas épargnés. Ils firent leur possible pour trouver du grain à échanger mais toutes les baronnies du duché semblaient souffrir du même mal. Toutes excepté le duché lui-même.

    Pour une fois, Théodore accompagna son père voir leur cousin à Volg, la capitale du duché. Amaigris tous les deux, ils furent accueillis par un véritable festin où l’abondance était de mise. Sous leurs yeux ébahis les nobles s’empiffraient de ces mets quand le reste du duché mourait de faim. Cette situation était tout bonnement inacceptable. Sans rien toucher à ces fins entremets qui se présentaient devant eux, son père se leva et prit la parole d’une façon dont jamais encore Théodore ne l’avait vu parler :

    « Votre Altesse, mon cousin, je ne puis plus longtemps supporter cette situation. Je suis venu de la baronnie de Boisnoir que vous connaissez bien et appréciez où les gens se meurent à petits feux par la faim. Vous êtes au courant de la situation autant que moi puisque nous sommes nombreux à vous avoir envoyé des missives à ce sujet. Voir des enfants mourir dans les bras de leur mère à un âge où on devrait seulement se réjouir d’avoir donné la vie, alors que vous et votre cour vivez dans l’opulence n’est pas seulement un affront mais c’est totalement irresponsable, mon cousin. En tant que mon duc que j’ai toujours servi avec la plus grande loyauté et mon cousin que j’aime, je vous demande instamment d’ouvrir les greniers du sud afin de permettre à votre peuple de se nourrir à sa faim. »

    Le duc de Volg ne se leva pas de sa chaise et n’avait pas cessé de manger durant tout le temps où Alastor son père avait parlé. Il ne lui avait pas même accordé un regard. Comme s'il savait dors et déjà de quoi son père allait l’entretenir et ce qu’il allait y répondre. Il resta ainsi d’un calme olympien et laissa une voix bien aiguë s’élever. Une voix posée et tout aussi calme.

    "Parce que vous êtes mon cousin bien aimé, je vais fermer les yeux sur votre affront pour cette seule et unique fois. Je ne voudrais pas avoir à vous faire exécuter en plein dîner, qui plus est devant votre orphelin." À cette évocation, il eut alors un sourire poli (ou sadique peut-être?) dirigé vers Théodore qui se sentit alors glacé d'une telle attitude. "Pour ce qui est de votre requête, je ne saurai y consentir car voyez-vous, si nous ouvrons les greniers, que nous restera-t-il à nous ? Vous ne voudriez pas que nous mourions de faim au même titre que la populasse mon cousin."

    Pour toute réponse, la cour du duc partit dans un éclat de rires. Théodore et son père assistèrent là, à une scène totalement surréaliste. Comment un seigneur pouvait-il choisir délibérément de laisser son peuple mourir de faim quand lui vivait dans l'opulence la plus complète ?

    Loin de se laisser perturber par une telle réponse, Théodore vit son père rester impassible et répondre avec un calme exemplaire : "Comprenez votre Altesse que je ne peux pas, tout comme vos gens, me satisfaire d'une telle réponse. Vous oubliez que c'est grâce à ce peuple qui vous aime, que vous siégez à la place qui est la vôtre. C'est parce qu'il a confiance en nous, leurs seigneurs, que nous bénéficions de tant de privilèges et de pouvoirs. Toutefois ne vous leurrez pas mon cousin, si nous ne nous montrons pas à la hauteur de leur confiance, ce pouvoir, ces privilèges dont vous vous targuez aujourd'hui avec toute cette ignoble abondance vous seront bien vite repris. À vous de savoir ce que vous voulez."

    Le silence alors régna quelques secondes dans l'assemblée. Le visage du duc de Volg s'empourpra d'une colère contenue quand sa cour murmurait de parts et d'autres. Le père de Théodore reprit alors.

    "C'est d'ailleurs en ma qualité de seigneur et vassal et au nom de vos autres vassaux qui m'ont autorisé à les représenter dans ce document, que je vous fait part du mécontentement de votre peuple votre Altesse. Puisque vous préférez fermer les yeux sur vos obligations et que vous avez prononcé une fin de non-recevoir à notre demande légitime, je me vois dans l'obligation de vous provoquer en duel, comme le veulent nos lois."

    Les murmures cessèrent et tous, Théodore compris, n'osaient presque plus respirer tant la tension était palpable. Abasourdit par le coup que son cousin venait de lui porter, le duc de Volg alors reprit contenance et se redressa sur son trône : "Que l'on fasse venir mon champion !" Tonna-t-il avant d'être coupé dans son élan. "Avec tout le respect que je vous dois votre Altesse, nos lois sont claires, vous devez combattre en personne." Le duc de Volg alors blêmit avant de se lever pour visiblement prendre congé : "Puisque vous tenez tant à mourir aujourd'hui devant votre progéniture alors, soit !"

    Le temps que chacun se prépare, l'heure du duel fut venu. Toute la cour s'était réunie pour cet évènement inédit. À son grand étonnement, la duchesse elle-même (qui pour je ne sais quelle raison n'était pas présente au banquet), était venue assister à la joute. 

    Théodore n’était pas rassuré et voyait la situation d'un mauvais œil mais son père semblait d’une détermination sans faille. Il n’osait laisser ses pensées franchir ses lèvres. Que se passera-t-il s’il perd et qu’il est blessé ou même tué? Que se passera-t-il si ma disgrâce s’abattait sur leur famille suite à ce duel? De toute évidence il n’était pas prêt à devenir orphelin pour la seconde fois. Il avait dû laisser paraître son tourment car immédiatement, son père posa une épaule affectueuse en lui disant qu’il ne comptait pas mourir aujourd’hui. Son sourire le rassura quelque peu mais n’empêchait pas ses noires pensées d’abonder dans son esprit.

    Du fait de son expérience du combat et de son goût pour l’exercice, son père semblait nettement plus à l’aise à l’épée que son adversaire. Théodore qui s’inquiétait pour son père à chaque coup de son ennemi, remarqua rapidement qu’il n’était pas le seul à se mordre les lèvres à chaque coup porté par le duc. L’épouse même de ce dernier sursautait au moindre choc. Si la noblesse attribua ces sursauts à l’amour qu’elle éprouvait pour son époux, le jeune de Boisnoir n’était pas dupe. C’était bien son père qu’elle ne quittait pas des yeux. Un nouveau sentiment alors empli le cœur de Théodore. Un sentiment qu’il n’avait jamais eu à ressentir : le dégoût. Comment cette femme pouvait être à ce point sans cœur pour n’avoir d’yeux que pour un autre homme alors que son époux risquait sa vie? Incompréhensible.

    Son père parvint finalement à bout du duc de Volg qu’il acheva d’un dernier coup. Alors que le public encourageait jusque là son favori, un silence pesant s’abattit. Chacun prenait la mesure de ce qu’il venait de se passer. Le duché n’avait désormais plus personne à sa tête. En silence, son père rejoignit le château, suivi par Théodore qui ne manqua pas de lancer un regard noir à la duchesse dont les larmes coulaient le long de ses joues. Était-ce des larmes de tristesse ou plutôt de joie? Théodore avait son opinion, chacun se fera la sienne.

    Alors qu’ils faisaient leurs bagages pour quitter les lieux on vint les chercher pour les informer que compte tenu de la situation, l'Assemblée du duché allait se réunir pour juger de la situation et élire un nouveau duc. Dans cette attente afin de s'assurer que son père ne s’enfuirait pas, il fut conduit dans les geôles où il resta une semaine.

    Pendant ce temps, Théodore allait rendre visite à son père chaque jour afin qu'il garde bon moral. Alors qu'il était auprès de son père, on convia Théodore à assister à l’Assemblée des Comtes du duché en tant que représentant de la baronnie de Boisnoir en lieu et place d'Alastor. Ce dernier l’enjoignit d’y aller pour qu’au moins un témoin véritable pourrait parler pour sa défense. Quelle étrange situation que d’avoir la vie de l’homme qui nous a mis au monde entre ses mains ! Bien évidemment, la duchesse était également présente. Elle avait souhaité s’entretenir avec lui durant son séjour mais à chacune de ses demandes, il avait répondu par une fin de non-recevoir. Mieux valait rester loin d’elle, elle n’apporterait rien de bon à sa famille. C'est dire combien il la portait en haute estime...

    Durant tout le temps où l’on évoqua le sort de son père, Théodore le défendit avec intelligence et honnêteté. Il se découvrit alors un talent qu’il ne connaissait pas : il était un excellent orateur. Finalement, comprenant la situation et fort de la missive signée par de nombreux autres barons, il parvint à faire libérer son père que l’on amena se joindre à l’assemblée.

    Cette dernière prit alors une tournure assez inattendue. Le duc de Volg ayant succombé sans avoir offert au duché une descendance, il revenait à l’Assemblée le choix d’élire son nouveau duc. Beaucoup de ses membres Touchés par l’attitude de ce seigneur capable de faire passer les besoins de son peuple au-dessus de sa vie et même des intérêts de sa famille et ce dernier ayant déjà le bénéfice d’une alliance des plus intéressantes pour Volg par le soutien que lui apportait le duc de Nera, ils décidèrent à une majorité écrasante d’élire son paternel duc de Volg.

    Alastor de Boisnoir, baron de Boisnoir devenait désormais Duc et Comte de Volg. Pour le remercier de son soutien et appuyer sa position d’héritier, son père le nomma à sa place baron de Boisnoir. Le jeune homme était des plus reconnaissants et des plus touchés par ce gente d’affection dont le gratifiait son père. La prochaine fois qu’il rentrerait chez lui, ce ne serait plus en tant qu’enfant de Boisnoir mais en tant que maître des lieux. Ils purent chacun à peine goûter à cette félicité nouvelle que les ennuis revinrent à grand pas pour Théodore. La veuve de leur cousin en profita pour mettre le grappin sur son père qui ne sut pas résister à ses avances. Il l’épousa finalement, liant un peu plus sa maison à celle de leurs alliés de Nera, cousins d’Adélaïde. Il avait fait tout ce qui était en son pouvoir dans l’ombre, pour empêcher son père d’épouser cette femme mais rien n’y fit. Il fut contraint malgré lui, de devoir assister aux noces, pour son plus grand désarroi. S'il n'acceptait pas que son père aime une autre femme que sa mère, il n’avait pas eu le cœur à refuser la demande si touchante de son père qu’il soit son témoin, lui, son fils. Il était donc aux premières loges du mariage de l’année et sans doute le seul à vouloir être ailleurs. Lorsque la mariée s’était approchée de lui, à l'issue de la cérémonie, tout sourire, pour lui dire avec gentillesse qu’ils allaient fonder une belle famille, il ne put s’empêcher de refroidir les ardeurs de la belle et de lui glisser à l’oreille qu’elle avait peut-être séduit son père mais que pour autant, elle ne ferait jamais partie de leur famille. Dès que la bienséance l'eut permis, il prit rapidement congés, laissant à la fête ceux qui avaient le cœur d’y être.

    Le jeune de Boisnoir vit alors comme une félicité ce message que les dieux leur amena. Ils furent ainsi officiellement informés de l'intention de l’empereur de lever son ost pour mener une guerre. On demandait à chaque vassal de l'empereur de préparer son armée pour la campagne. Théodore y voyait là le signe évident que ce mariage était une erreur. Il en voulait cet évènement pour preuve. Il s'employa ainsi à préparer la baronnie à partir en guerre tout en respectant ses devoirs envers son père car à côté de cela, Alastor dût intervenir avec force afin de régler un conflit entre deux de ses Comtés : Terresang et Montdragon. Le Comte de Terresang dont la réputation le précédait ne cessait de manigancer à l'encontre du deuxième. Afin de calmer les choses et d'éviter que le duché ne s'embrase, Alastor exigea qu'Alexandre de Terresang lui envoie ses enfants en otage. Ayant pratiquement le même âge que Théodore, son père lui demanda de revenir de Boisnoir pour l'occasion.

    Théodore n'était pas très enthousiaste à l'idée de rencontrer les enfants du Comte Sanglant comme il l'appelait. Il fallait dire que les récits sur la cruauté et les répressions sanglante de ce Comte sanguinaire avaient dépassé toutes les frontières. Il avait peur que ses enfants soient comme lui. Après tout, n'avait-il pas eu tout le loisir de conditionner ces pauvres jeunes gens ?

    A leur rencontre, il se sentit touché par ces deux jeunes gens timides et apeurés. Ils se demandaient sans doute ce qui les attendait. Il comprit alors pourquoi son père avait exigé de lui qu'il soit présent. Alastor voulait se montrer hospitalier, montrer à ces enfants qu'ils n'étaient en aucun cas tenus responsables de l'attitude de leur paternel.

    Leur séjour dura un an, une année pendant laquelle Théodore a eu l'opportunité d'apprendre à connaître les enfants Terresang. Il se rappellera toute sa vie du regard émerveillé d'Elena lorsqu'il lui montra la bibliothèque ducale : tous ces récits de guerre qu'elle allait pouvoir découvrir ! Il s'entendit également merveilleusement bien avec son frère jumeau Victor avec qui il adorait se balader et parler de l'avenir, de leurs devoirs, de leur manière de voir les choses, de leur enfance, des raisons qui avaient amené Théodore à détester comme il le faisait sa belle-mère. Parfois Elena se joignait à eux pour leur plus grand plaisir. C'était une femme très intéressante. Pour la première fois de sa vie Théodore ressentit comme il était bon de ne pas se sentir seul et d'avoir des amis avec qui partager des choses. Leur père ayant calmé le jeu avec Montdragon, il fut rapidement temps pour les héritiers de Terresang de rentrer chez eux mais l'au revoir ne se fit pas sans tristesse et ils se promirent de rester en contact, ce qu'ils firent.

    Quelques semaines plus tard, l’ordre fut donné de lever enfin l’ost et de partir en campagne au nom de l'Empereur. C'est la première fois qu'il vit son père exercer son devoir à contre cœur, ne souhaitant pas laisser sa nouvelle épouse si rapidement. Néanmoins, par sa position désormais de duc, il ne pouvait décemment pas se dérober à son devoir et il se devait de répondre à l’appel et de l’empereur et de son protecteur le duc de Nera.

    La guerre fut dure et dévastatrice. Ils perdirent beaucoup d’hommes mais parvinrent à repousser l’ennemi. Théodore put voir combien les leçons de son maître d’armes avaient pu être utiles et combien son sens de la débrouillardise pouvait lui être précieux. Théodore et Alastor veillaient à tout moment l’un sur l’autre et avec l'aide de leurs compagnons de campagne, ils parvinrent à s'en sortir mais en ayant perdu de nombreux hommes. A l'occasion de cette campagne, ils eurent l'occasion de rencontrer les autres ducs ayant répondu à l’appel. Il ne pensait presque plus à Volg et au mariage de son père jusqu’à ce que ce dernier lui apprenne que la duchesse attendait un heureux évènement. Son père allait connaître une nouvelle fois les joies de la paternité, 20 ans après la première. Théodore n’avait pas pu rester une minute de plus à regarder la mine profondément heureuse de son père, cette mine qu'autrefois il avait lorsqu'il le contemplait. Il n'avait pas su faire autrement que d'aller s'isoler pour donner des coups de lance contre un arbre (qu'il se voulait abattre) en criant son désespoir et en pleurant à chaudes larmes. Jamais il ne s'était senti aussi blessé de toute sa vie, pas même lorsqu'il était l'objet des moqueries des enfants de la baronnie.

    La guerre fit son lot de morts ainsi que celui de blessés dont fit partie son père qui revint gravement blessé de la campagne. Malgré son attention constante, Théodore n'avait pu empêcher son père d'être la proie d'un mercenaire visiblement plus habile à l'épée que lui. Si Alastor avait réussit à survivre au voyage, c’était uniquement grâce à la surveillance constante dont il faisait l’objet et aux meilleurs soins possibles, compte tenu des circonstances.

    Théodore avait pris soin, dès qu'il le fut possible, de faire prévenir le château de Volg de leur arrivée et du nombre de blessés qui allaient devoir être pris en charge et dont son père faisait partie. Le duc pu ainsi bénéficier de la meilleure attention possible dès son arrivée. Bien sûr revoir la duchesse et sa tristesse lui étaient insupportables mais il ne pouvait pas l'empêcher d'être au chevet de son père. Un jour où elle arriva pour le remplacer (il ne supportait pas de se trouver dans la même pièce qu'elle), elle vint avec un petit être dans ses bras. Elle s'approcha de lui en lui présentant ce qu'elle appelait sa soeur. Théodore qui s'était levé regarda ce petit être qu'il avait certes trouvé mignon, mais là n'était pas le problème et répondit à la femme alors que son père dormait :

    "Vous pouvez tromper qui vous voudrez, madame, en prétendant que cet être est l'enfant de mon père mais nous savons l'un comme l'autre que c'est faux. Je sais encore compter Madame et il est impossible que cet enfant soit le fruit d'un mariage heureux. Parce que je ne souhaite pas éprouver mon père, encore moins dans la condition qui est la sienne, rassurez-vous, je ne dirai rien mais un jour, vous aurez à assumer les conséquences de vos tromperies."

    Théodore avait alors quitté les lieux sans jeter de plus ample regard à cette femme qui n'avait jusque là, apporté que le malheur chez les Boisnoir. L'enfant était âgé d'au moins 3 mois et ils étaient mariés depuis seulement 6 mois. Il n'était pas possible qu'il soit l'enfant de son père alors que la dame était mariée à feu leur cousin le duc de Volg.

    Fort heureusement, son père se remit de ses blessures mais ce n'est pas pour autant que les Boisnoir n'en avaient pas fini avec les fléaux qui s'abattaient sur eux car très vite, ils durent gérer un maux bien pire encore que la guerre : la peste. Lorsqu'elle se déclara, Théodore insista pour rentrer à Boisnoir afin de pouvoir gérer la baronnie et être présent pour leur peuple. Bien qu'inquiet, son père ne sut l'empêcher de faire cette folie. Comment pouvait-il reprocher à son fils de s'inquiéter pour leur peuple quand c'est l'exemple même qu'il lui avait donné ? Guidé par les missives de son père qui l'informait également de la situation générale et prenait presque chaque jour des nouvelles de son fils, il parvint à faire tenir bon la baronnie qui comme toutes les terres touchées par cette terrible maladie, connut son lot de morts.

    Il prit également des nouvelles de Terresang où se trouvaient ses amis pour qui il s'inquiétait. Il apprit alors d'Elena les tristes évènements qui eurent lieu dans sa baronnie dont les vassaux s'étaient soulevés contre leur père qui les avaient trop lourdement imposés. Dans cette bataille terrible d'un peuple qui se soulève contre son seigneur, elle y avait malheureusement perdu son père mais surtout Victor. Cette nouvelle attrista profondément le jeune de Boisnoir.

    Il apprit quelques jours plus tard qu'un complot contre son père avait été révélé dont le commanditaire n'était autre qu'Alexandre de Terresang. Théodore n'avait pas eu le courage d'écrire à Elena depuis cela mais son père l'informa qu'il s'était montré clément envers elle en lui laissant la baronnie contre son accord pour épouser l'un des cousins de Boisnoir. Le jeune homme comprit cette clémence, il ne pouvait pas reprocher à Elena ce que son père avait fait mais comment les autres vassaux de son père comprendrait qu'on laisse les Terresang à la tête de la baronnie après tout ce qu'ils avaient fait ? Théodore avait peur que ce ne soit là un aveux de faiblesse de son père dont certains allaient certainement jouer contre lui. Sans doute Adélaïde l'avait à tort, conseillé dans ces dernières décisions. Il commençait à se dire qu'elle allait le mener à la mort et cette pensée l'attrista terriblement mais renforça également sa haine à l'encontre de sa belle-mère.


    Compétences



  • Arme (lance) - Niveau 3

  • Persuasion - Niveau 3

  • Intendance - Niveau 2

  • Politique - Niveau 1

  • Discrétion - Niveau 1

  • Équitation - Niveau 1


  • Derrière l'écran



    Êtes-vous majeur ? Oui
    Avez-vous lu le règlement ? VALIDE PAR CONTEUR
    Comment-êtes vous arrivé sur Les Serments d'Eurate ? Par la porte d'entrée
    Une suggestion ? Ce forum est juste sublime, j'adore toujours.
    Ce personnage est-il un DC ? Si oui, de qui ? Oui de Viktoria Bátor.




    Re: Théodore de Boisnoir ─ Mer 7 Aoû - 17:13
    Chroniqueur Impérial
      Chroniqueur Impérial

      Réputation - 07.08.2019



    • LA CAPITALE EVALON



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    • DUCHÉ DE LA CROIX DES ESPINES


    • COMTÉ DE LA CROIX DES ESPINES
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      COMTÉ DE POSVÁNY
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      COMTÉ DE CORDUBA
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    • DUCHÉ DE NÉRA : PERSONNALITÉ CONNUE


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      COMTÉ DE BAROS
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    • DUCHÉ DE VOLG : CITOYEN REMARQUÉ


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      COMTÉ DE TERRESANG
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    • HORS FRONTIÈRES


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