Re: [EVENT]Dans l'attente de voir le nouvel empereur (ouvert à tous) ─ Sam 12 Oct - 17:09
Dans l'attente du nouvel empereur
~ Event ~
Des jurons vinrent vite sur sa tête. Nathaël s'y attendant quelque peu. L'auteur de ceux-ci était le solide seigneur du nom de Sieur Bátor – ainsi que l'avait saisi l'esclave. Il le réprimanda en bonne et due forme. Le jeune homme ne bougea pas, comme à côté de son corps un court instant durant. Il entendait mais préférait laisser glisser, et se promettre seulement de ne jamais plus être repris à une telle maladresse. Un serviteur n'étant toujours que le prolongement de son maître, Nathaël espéra que l'incident ne serait pas l'occasion pour des commères de dire que le Seigneur de Nera ne tenait pas ses gens. Les traits du Sieur Bátor trahissait son irritation réveillée, elle qui ronronnait dans un coin et semblait n'attendre que si peu pour rugir de nouveau. L'esclave haussa les épaules, c'était ainsi...
Dans son discours toutefois, un synonyme attira la curiosité de Nathaël : « décadent ». C'était donc ainsi que ce Messire voyait ce château, cette cour, cette politique... Le petit serviteur, à l'intérêt toujours beaucoup trop attisé par tout ce qui lui tombait sous les yeux, dans l'oreille ou entre les mains, se demanda pour quelles raison l'on pouvait penser ainsi. Oh, quelque histoire invisible aux non-initiés, sous le faste des décors. Ou bien un mécontent, car chaque politique faisait ses heureux et ses lésés – ces derniers évoquant alors la décadence ou que savait-il encore...
L'esprit du garçon s'occupait ainsi pour ne pas céder à la terreur quand les crochets du Sieur Bátor l'avaient attrapé au collet. Heureusement, cela ne dura pas : ses yeux glacés se substituèrent aux accroches et, d'un seul mouvement sec vers l'esclave, lui ordonnèrent de à réparer ses dégâts.
Entre temps, la voix de la comtesse victime de sa bêtise s'était élevée. Elle ne sembla pas gênée outre mesure – ou bien le cachait par politesse – et prit même sa défense, avec toute la politesse et la douceur du monde, devant le gaillard occupé à le corriger.
''Encore pardon, M... Madame, j... Merci.''Les paroles étaient sorties décousues, maladroitement reconnaissantes envers la Dame d'être intervenue pour, sans doute, permettre à la colère de Messire Bátor d'en rester là. Sans perdre un instant, l'esclave acheva de ramasser avec précaution les éclats de verre en faisant tout pour ne pas se blesser. En se redressant, il retint un petit rire quand la Dame de Casterdragon plaisanta en convoquant les Trois Dieux dans un si petit incident. L'idée amusa Nathaël, que ces divinités puissent n'avoir rien d'autre à fiche que de passer leur temps à être derrière le hasard d'événements même aussi ridicules d'insignifiance. Des entités qui s'amuseraient – se désennuieraient – dessous chaque geste, même le plus menu. Si c'était cela, elles feraient mieux de s'occuper de grands maux !
Son esprit allait vagabondant à travers ce genre de pensées, tandis qu'enfin il avait terminé de serrer au creux de sa tunique les morceaux les plus dangereux à aller dégager d'urgence. Près de lui, Kira se défaisait rapidement de tous les regards qui s'étaient accrochés à elle, par un geste léger pour épousseter son habit, et par des paroles elles aussi dénuées de toute gravité.
Nathaël bondit sur ses jambes et s'apprêta à filer jeter les éclats, puis récupérer de quoi nettoyer le reste... quand un autre homme, au teint cuivré – un qui venait d'entrer dans la grande pièce – sembla l'avoir devancé. Il s'approcha de l'esclave avec seau et balai. Après une seconde d'étonnement, ce dernier déversa les débris au fond du baquet puis prit en main les outils. Ses grands yeux ambre vinrent croiser ceux de Fabius, auquel il adressa aussitôt un discret :
''Oh c'est gentil M'sieur.''Sa voix aura trahi son trouble. L'homme venu à son secours n'avait pas l'air d'un pair servile, ni même d'un domestique. Nathaël en fut étonné – agréablement – mais s'en mordilla la lèvre de gêne. À sa suggestion de ne pas tarder davantage, l'esclave hocha vivement la tête. Il épongea, de ses gestes énergiques, avant de filer à vive allure entre les convives – cette fois-ci avec l'agilité d'un petit corps félin entre les obstacles et dont les pas ne faisaient aucun bruit. Si fluet et véloce, il pouvait presque passer inaperçu, et cela n'était pas pour lui déplaire.
Le temps passa et avec le début d'après-midi, sous un soleil au plus fort de sa poigne, Nathaël vit les drapeaux être levés au loin. Dans les dépendances utilitaires de la grande salle, il se trouvait occupé – avec un certain nombre de pairs – à laver la vaisselle qui avait servi ces dernières heures. Le garçon comprit qu'enfin, le nom du nouveau chef était sorti. Oh, cela ne lui faisait ni chaud ni froid – à des années-lumière qu'il était de ces considérations – mais au moins appréciait-il l'atmosphère grandiose qui gonfla alors. Tout le monde acclamait depuis le dehors, l'on entendait battre des mains et si l'impatience de savoir avait une musique, c'eut été celle-là. Nathaël s'empressa s'essuyer le plateau qu'il avait alors entre les mains et ne put s'empêcher de sortir mettre son petit nez pointu à l'extérieur.
Il découvrit une masse de corps et de nobles parures se concentrer autour d'un certain Théodore de Boisnoir, dont le nom fusait de çà de là. Patronyme toutefois vite remplacé par celui qu'il venait de choisir comme appellation souveraine : Jean Ier. À quoi pouvait-il ressembler ? Serait-il à la hauteur de la tâche ? Serait-il un de ces empereurs qui apaisent et aident, ou de ceux sous le sceptre duquel les petits souffraient... L'avenir le dirait. Pour l'heure, très perméable aux émotions et emporté dans les liesses générales, Nathaël se prit à sourire. On s'inclinait de toutes parts. L'esclave ne manqua plus de suivre le mouvement. Il se retrouva ainsi, l'instar des autres serviteurs parsemés à gauche à droite, plus bas encore que le bas qu'observaient les nobles spectateurs.
Chantèrent les Trompettes de la Renommée. Les deux iris-soleils du garçon grimpèrent vers le balcon où, au loin, les autres ducs et les chanceliers se présentèrent en cortège derrière l'empereur, pour boire chacun leur nectar de salutations populaires. Le nouvel empereur, quant à lui, se trouvait à une distance bien trop grande pour que Nathaël put avoir une aperçu précis de ses traits... Mais l'esclave devina de sa silhouette que ce monarque était jeune. Bien trop jeune, aux dires de certains autour de lui. Intimidé par sa charge, également : tel était l'autre bruit qui courait, au milieu des mines pincées et chuchotis serpentins des quelques déçus par cette élection.
Dans ses environs, Nathaël remarqua l'homme qui l'avait aidé tout à l'heure – Fabius – bien occupé à manger des petits fours. On ne perdait pas le nord ! Soudain, le serviteur l'entendit crier à pleins poumons un « Viva ! » pour le récemment choisi Jean Ier. Une exclamation si intense, si détonante et sans doute déclenchée par l'humeur générale, qu'elle arracha à l'esclave une mine jouasse et amusée. Son regard s'alluma plus encore que d'ordinaire et croiserait peut-être celui de Fabius. Connaissait-il donc Théodore de Boisnoir pour ainsi se féliciter bruyamment de sa nomination ?