Tout devait bien se passer. Tu avais fini ton apprentissage sur l’île de Nacre, tu étais enfin prête à prendre ta place à Lonrivage. Tu avais déjà rencontré les soldats de la baronne Dame Melesya Lonrivage, qui avaient pour mission de te protéger. Alors pourquoi ? Pourquoi tu te retrouves hors du temple ? Comment as-tu réussi à semer les soldats ? Et surtout ! Que font ces enfants autour de toi ?
Certes, tu as voulu dire un dernier au revoir à Evalon, ta ville natale. Pour ce faire, tu as décidé de te promener une dernière fois dans ces rues bien familières. Mais ? Pourtant les soldats de Dame Melesya te suivaient au début. Ah oui, il est vrai, tu as croisé le regard éteint d’un enfant aux haillons rapiécés. Tu n’as pu retenir ton expression d’inquiétude pour un si jeune enfant des rues, tu as affiché un sourire, ni trop grand, ni trop petit, sourire juste, doux, chaleureux. Tu t’es accroupie, sorti un pain de ta besace et tendue sans peur vers cet être affamé. Ce fut à ce moment-là que tu as semé, sans le vouloir, les soldats de la baronne. L’enfant t’avait regardé, son regard s’étant illuminé, mais pas de manière reconnaissante, la malice qui s’affichait alors sur son visage, tu n’arrivais pas à la déceler. S’en prendre le pain que tu lui tendais, sans te remercier, le petit garçon prit la direction d’une ruelle hors des grandes rues. Et comme à ton habitude, sans même prévenir les soldats qui faisaient attention aux alentours, tu l’as suivi.
Tu as suivi l’enfant aveuglément, dans l’optique qu’il accepte le pain que tu lui tendais. Sans t’en rendre compte, ce petit sacripant t’a fait faire des tours et des tours dans les rues d’Evalon, au point que tu aurais du mal à retrouver les soldats tellement ton esprit est embrouillé. Une pression au niveau de tes hanches te fit baisser les yeux sur une bouille efféminée. Plus jeune que l’autre enfant, une fille s’était accrochée à ta robe, cachant son visage dans les plis, reniflant bruyamment, tu ne pus réfréner ton élan d’enlacer l’enfant, essayant de lui apporter du réconfort. Au même moment, tu te fis bousculer par un troisième enfant. Celui-ci s’excusa brièvement, avant de détaler. La petite fille se mit à tirer ta manche, comme pour te demander de la suivre, ce que tu fis, pour te retrouver sur l’une des sept places de la capitale.
Il était seul, puis deux, puis trois et maintenant ils sont cinq à te tourner autour. La petite fille accaparant tes mains, ne te laissant pas trop de répit. Sans le voir, une main entra furtivement dans ta besace, ta petite bourse ne t’appartenant plus. Ton visage dégageant ta panique d’être dépasser par la situation. Une silhouette imposante d’un homme s’approcha, brun, bronzé, il regardait la scène d’un air dubitatif. Il demanda aux petits ce qui se passait, celui qui venait de te dépouiller cacha la bourse. L’homme t’adressa la parole, te demandant si les enfants te dérangeaient.
Tu affichas un sourire crispé à l’homme, ton visage laissant entendre qu’effectivement tu aimerais un peu d’aide pour aider ces enfants. Les enfants, eux, n’étaient pas vraiment rassurés de voir le monsieur, il était intimidant. La petite lâcha tes mains et se réfugia derrière toi, lançant un regard de peur sur l’homme. Le garçon qui avait la bourse tenta de s’enfuir, il chuta en butant contre un pavé et lâcha son butin. Tous les enfants ne furent pas bien à cette découverte, dans la panique qui s’ensuivit, les quatre garçons prirent la fuite chacun de leur côté, l’un emportant ta bourse. La petite, complètement paniquée, s’agrippa à ta robe, des larmes coulant à flots sur ses joues.
Ton regard s’attendrit, tu te baissas pour que ton visage soit au niveau de la petite et tu l’enlaças. Caressant doucement sa chevelure et la berçant, l’enfant finit par se calmer, reniflant bruyamment, elle planta un regard désolé dans le tien. Tu te redressas alors, fouilla ta besace pour y trouver ta bourse et c’est la que tu compris enfin : la bourse que tu as vus tomber des mains de l’autre enfant, c’était la tienne ! Tu te mis alors à regarder frénétiquement dans toutes les directions, paniquée. Tu finis par poser tes yeux sur l’homme qui avait mis cette pagaille, tu joignis tes mains en signe de prière pour demander à l’homme s’il pouvait t’aider à retrouver ta bourse.