Après la tempête

Cette journée avait décidément été très forte en émotion. Après la présentation au balcon, il était retourné dans la pièce où se trouvaient tous les nobles de l'empire. Chacun aurait sans doute voulu y aller de son petit mot de félicitations mais ils étaient une centaine. Il avait été organisé que ces hommages se feraient à l'occasion du bal qui aurait lieu plus tard dans la soirée.

On conduisit Théodore désormais Jean Ier, à ses nouveaux appartements qui avaient été préparés pour l'occasion et où on avait fait porter ses affaires sitôt l'élection terminée. Il devait rapidement prendre ses dispositions mais il était exclut désormais qu'il ne passe pas l'essentiel de son temps au palais impérial à Évalon qui allait devenir son fief, sa ville. Il allait devoir rapidement se familiariser avec les lieux.

Alors qu'on lui ouvrit les grandes portes dorées de sa suite, Jean demanda à ce qu'on lui apporte de quoi se laver et se rafraîchir. Des domestiques filèrent alors en toute hâte.

Une fois seul, il se laissa tomber lourdement sur un fauteuil et ouvrit le médaillons que son père avait porté autour du coup durant toute son existence. Il l'ouvrit et regarda un instant le portrait inchangé de sa mère et à côté d'elle, comme il se devait, le portrait de son père avait remplacé le sien. Que penseraient-ils en le voyant aujourd'hui ? Seraient-ils fiers ou inquiets ?  S'il se disait qu'il n'avait pas eu le choix en se proposant pour faire barrage au duc de la Croix des Espines, il avait tort. Il avait eu le choix et il avait choisi cette vie, ce rôle, ce nouveau fardeau. On le disait trop jeune pour supporter un tel poids mais ils avaient bien tort. Il avait supporté déjà le pire : l'absence d'une mère. Il parviendrait bien à relever ce nouveau défi.

Perdu dans ses pensées, il fut sorti de ses réflexions par un petit coup à la porte. Il alla ouvrir et découvrit de jeunes servantes, portant le nécessaire qu'il avait demandé quelques instants plus tôt. Avait-il dormi en réalité ? Il ne saurait le dire mais il se sentait quelque peu plus reposé c'était certain. Il s'écarta pour leur laisser le passage et laissa la porte ouverte pour les laisser sortir une fois leur besogne accomplie. Une fois sorties, il se déshabilla et se dirigea vers le petit cabinet de toilettes. Il allait remplir la bassine d'eau lorsqu'il découvrit à côté un petit billet posé là. Il l'examina et fut surpris de son contenu. Les affaires commençaient déjà visiblement.

Quelques instants plus tard, ce fut paré d'un ensemble blanc et or et paré de médailles et distinctions liées à son rang qu'il se présenta aux portes des appartements du duc de Néra. Sans attendre, on l'y fit entrer. Il découvrit alors le duc qu'il avait rencontré plus tôt dans la journée, accompagnée d'une femme dont le visage était masqué par un tissu. Richement vêtue, elle devait être quelqu'un d'important dans l'entourage du duc ou suffisamment proche de lui pour se risquer à se trouver seule dans sa chambre sans que personne n'y trouve rien à y redire. Jean laissa là sa réflexion et s'approcha des deux nobles. Il les regarda s'incliner devant lui. Jean prit alors la parole.

- J'imagine que ce devait être important. De quoi s'agit-il ?

Le ton dans sa voix n'était pas cassant ni même dur, au contraire, il était plutôt inquiet et pour le moins fatigué.