Nom : De la Croix des Espines Prénom : Anémone II Surnom : La Posthume Sexe : Femme Age : 18 ans Rang : Princesse Electrice de Sinople et Duchesse de la Croix des Espines Croyance : La Trinité, bien qu'en pratique ce soit plus complexe
Physique Ce qui retient l'attention en premier lieu lorsque l'on regarde Anémone, c'est sa fragile constitution. Née prématurément elle en porte encore des traces, ce dont témoignent son petit gabarit et sa santé fragile. Mesurant à peine un mètre cinquante, elle est plus petite que la plupart de ses contemporains ; même à sa cour presque tous la dépassent d'une bonne tête, voire de deux ! Elle également très mince, pour ne pas dire maigre. Mais cette excessive minceur a au moins un avantage: elle met en valeur ses formes !
Il en faut plus que quelques désavantages physiques pour freiner la princesse, qui compense tout cela par son attitude: son maintien est noble, et son visage affiche généralement une expression de calme et de confiance en ses moyens. De plus, elle est à l'aise pour communiquer avec autrui : bonne actrice, elle est capable de moduler aisément ses expressions faciales et le ton de sa voix pour convaincre ses interlocuteurs. Elle réussit d'autant plus facilement qu'elle est dotée d'un physique agréable, d'un visage doux et d'un joli sourire à la dentition parfaite dont elle n'hésite pas à abuser !
Son visage va de pair avec son attitude. Sa peau est pâle et veloutée, peut être un peu trop émaciée par endroits. Elle porte un nez fin et court et des lèvres suaves. Son sourire est un de ses principaux atouts, dont elle use à bien des occasions. Lorsqu'elle étire les lèvres, il émane de sa bouche aux belles dents blanches une impression de joie et de gaïeté innocente, tantôt teintée d'amusement, tantôt de bienveillance. Seule dément parfois son attitude délicate et enfantine la fermeté et la profondeur de ses grands yeux aux pupilles sombres. La jeune femme a cette manie de les plonger droit dans le regard de ses interlocuteurs, souvent de manière insistante -parfois oppressante- comme si elle était capable de leur sonder l'âme.
Elle a de petites mains blanches aux doigts délicats, en apparence emprêts de douceur, et pourtant capables d'agir avec la rapidité et la fermeté d'une serre !
Anémone est une femme de goût: elle aime porter de riches vêtements à la pointe de la mode, se parer de tissus hors de prix, et se complait à porter les vêtements de la plus haute couture, généralement des robes mettant en valeur sa taille fine et sa poitrine pâle et opulente. En plus des belles robes et des élégants manteaux, elle apprécie en particulier les bijoux: broches, colliers, bagues, bracelets, diadèmes,... Mais ce faste n'est pas uniquement une affaire de coquetterie (bon, d'accord, un petit peu quand même !): si elle se pare ainsi c'est aussi pour soigner son image de marque, car la noblesse n'est pas seulement un statut, c'est avant tout une manière de vivre ! Une noble qui oserait se montrer en public sans un minimum de classe ne vaudrait pas mieux à ses yeux qu'une vulgaire bourgeoise ! C'est aussi, à sa façon, une manière de rapeller qu'elle n'est plus une petite fille mais une Dame avec un corps de femme.
caractère C'est une personne difficile à cerner, tant ses réactions peuvent être imprévisibles ! De prime abord son caractère semble coller à son apparence: une personne fragile physiquement, mais forte mentalement. Ce n'est pas tout à fait exact. En temps normal, la comtesse passe pour une personne distinguée, réfléchie, aimable, et très souriante. Elle s'efforce en tout cas autant que possible de donner cette image d'elle-même. Mais dans ses mauvais moments, c'est une personne lunatique capable de manifester des comportements radicalement opposés et souvent irrationnels, sans aucune raison. Mais nous y reviendrons...
Femme courtoise, la bienséance occupe une place très importante chez elle. Elle voue un grand respect à la hiérarchie et se montrera volontiers serviable -voire servile- face à ceux qu'elle considère comme ses supérieurs. La princesse n'a en revanche qu'une considération très limitée pour les classes inférieures. Si elle respecte les nobles de moindre importance et traite les roturiers avec la bienveillance qu'exige la bienséance, elle voit ceux-ci avant tout comme des outils: indispensables mais peu dignes d'intérêt. Ils sont aux nobles ce que la pierre est au palais: un élément utile mais fade, et négligeable s'il est pris individuellement. Il ne tient cependant qu'à eux de la détromper !
C'est par ailleurs ue bavarde invétérée, qui adore discourrir, échanger, et philosopher sur de nombreux domaines. Elle apprécie les intellectuels, mais aussi les galants. A l'inverse, elle éprouve du mépris pour les paresseux et les négligés, et réprouve par dessus tout les brutes.
Hélas, une ombre vient tâcher ce portrait presque élogieux ! Son secret, et pas des moindres, est que la jeune femme est possédée par le Panthéon des Démons ! C'est ce qui justifie en grande partie son caractère lunatique et sa manie d'alterner ses phases de grande gentillesse avec celles d'égoïsme pur. Il est difficile pour un observateur extérieur de juger ce qu'il en est rééllement. A une époque plus moderne, sans doute lui diagnostiquerait-on simplement une cyclothymie, une schizophrénie paranoïaque, ou une quelconque maladie mentale du même acabit ; d'autant que ces manifestations impies se déroulent uniquement à l'intérieur de sa tête, sans jamais aucune autre manifestation extérieure que les répercussions sur son attitude ! Mais peu importe ce que peuvent en penser les sceptiques, Anémone est sûre de son fait. Elle sait que lorsqu'elle hésite l'un d'eux lui parle. Que si elle est perdue, un autre la guidera. Parfois un démon la trompe, ou au contraire l'aide à se sortir des situations difficiles. Ils connassent ses déirs les plus secrets, et excitent excite parfois ses mauvais sentiments. Une chose est certaine pour elle: ils murmurent au creux de son oreille, et elle ne peut qu'obéir à leurs ordres tant leur parole est vérité et leur volonté absolue. Elle se montre alors capricieuse ou coléreuse, lubrique, cruelle, paresseuse ou bien menteuse, au gré de leurs fantaisies ! La différence entre le rationnel et le surnaturel est parfois très mince, au point qu'il peut être difficile de faire la part des choses. Qu'est-ce qu'une maladie ? Quelle différence avec une malédiction ? Et puis qui sait, les deux ne s'excluent pas ! Anémone n'est cependant pas stupide, aussi prend-elle bien soin de ne parler à personne de son affection, feignant d'adorer comme tout le monde les dieux de la Trinité.
La princesse de Sinople manifeste un vif intérêt pour la politique et les affaires de la cour. Après s'être fait ses armes sur son propre entourage à l'intérieur de son comté, elle envisage désormais de rentrer dans la cour des grands: la cour Impériale. Compte tenu de son absence de scrupules à mentir, de ses talents d'actrice, le tout combiné avec un esprit intelligent, c'est un jeu pour lequel elle possède certains talents. Elle aime intriguer pour le profit ou le pouvoir, mais pas seulement: c'est une activité qui lui fait éprouver un plaisir spécial, presque physique.
Son obsession pour la richesse est un défaut sur lequel les démons qui hantent sa tête n'ont pas eu beaucoup à forcer: Anémone est vénale, plaçant l'argent au sommet de ses préoccupations. Seules deux choses seulement passent au dessus: le pouvoir, et la foi. Le pouvoir d'abord, car son plus grand rêve est de s'élever dans la hiérarchie. A force d'écouter les conseils susurrés par ses démons, elle a fini par se convaincre qu'elle valait bien plus qu'une simple comtesse. En toute modestie elle estime que la pairie lui siérait bien, et elle s'imagine tout à fait devenir à force d'efforts la plus grande Impératrice qu'Eurate ait connu ! Quant à la foi, sachant que chacun de ses actes est inspiré par l'esprit supérieur des démons, et donc d'ordre quasi-sacré, cela tombe sous le sens.
Dans un cadre un peu plus privé, puisque toute sa vie ne tourne pas autour de son métier de dirigeante, Anémone a de nombreuses passions. Elle aime lire: c'est une personne instruite, et en plus des nombreux ouvrages techniques qu'elle a dû ingurgiter au cours de son adolescence elle se plaît à parcourir des romans de chevalerie, d'aventures, de philosophie, de théologie ou les romans d'amour. Sociable, elle apprécie également de rencontrer de nouvelles personnes, et le laisse facilement emporter par les jeux. Elle ne supporte en revanche pas les gens grossiers ! Elle pratique aussi le tissage, les jeux de société, et apprécie grandement les ménestrels, les conteurs et les troubadours. Et enfin, car c'est la marque des élus, elle est gauchère
Histoire Comme chaque famille noble, celle d'Anémone possède une longue histoire dans laquelle elle-même n'est qu'une courte étape au milieu du parcours d'une prestigieuse lignée. Issue d'une famille de seigneurs ayant su prospérer à l'époque ou le monde était encore jeune, la famille De la Croix des Espines règne désormais sur les terres du même nom. Le personnage le plus éminent de cette dynastie était un vaillant seigneurs ayant vécu il y a plusieurs siècles, une femme nommée Anémone la Sage. Ses mérites est ses talents étaient tels qu'à la fin de sa vie, elle régnait sur le plus grand domaine dans les plaines verdoyantes de l'ouest.
Le duché de la Croix des Espines, situé dans les grandes plaines du sud-ouest, est une terre réputée riche et elle est activement exploitée pour ses paturages et dans une moindre mesure pour la production de fourrage. La région vit des ses élevages bovins qui l'approvisionnent non seulement en produits laitiers, en viande, et en cuir, mais approtent également un revenu financier appréciable grâce à la vente des excédents qui sont exportés aux quatre coins de l'empire. C'est cet apport en cette denrée quasi-indispensable qu'est la nourriture qui permet aux seigneurs de la famille d'exercer une influence politique certaine, et au cours des siècles leur commerce s'est étendu aux quatres coins d'Eurate. On y trouve également de vastes champs de blé et d'orge, mais aussi de chanvre et d'une demi-douzaine d'autres céréales en moindre quantité.
Si, faute de temps, nous ne développerons pas plus les gloires et les déboires de la famille, ni ne nous étalerons davantage sur la description des terres familiales, nous nous intéresserons tout de même aux deux parents d'Anémone. Son père, Philippe De la Croix des Espines, était le duc du lieu et Prince Electeur de Sinople, tandis que sa mère Agnès était la fille d'un seigneur voisin issu d'une branche secondaire de la lignée, et un lointain cousin. Philippe, que l'on surnommait "le Jeune", était un seigneur conservateur et assez peu contrariant avec ses sujets, la majorité de son pouvoir étant délégué à ses conseillers, juges, baillis, et autres employés du duché. Les causes de son surnom et de son manque d'investissement étaient simplement dûs à son jeune âge, le duc ayant hérité du titre de son père à l'âge de seize ans seulement, suite au décès de celui lors de la grande épidémie de peste qui frappa le pays à cette époque. Il se maria tôt à une jeune fille de son âge, et sa femme tomba enceinte lorsqu'ils eurent 19 ans. Hélas, un grave évènement allait sévèrement perturber la vie des jeunes époux et ébranler la vie de tout le duché...
C'était la fin de l'autonme. Comme tous les ans à cette période de l'année, à l'occasion de la fête des chandelles, la duchesse et le duc tenaient un banquet dans leur château, réunissant pour l'occasion tout ce que la Croix des Espines comptait comme personnalités influentes: les petits nobles, les bourgeois prospères,... On ignore s'il s'agit d'un bête accident de cuisine comme cela arrive parfois, ou d'un crime, mais le fait est qu'au cours de la soirée le bâtiment du château dans lequel avaient lieu les festivités prit soudainement feu ! Aidé par les nombreuses chandelles disposées pour l'occasion et des énormes feux allumés en raison du grand froid qui règnait au dehors, l'incendie se répandit rapidement, attaquant les planchers en bois, les tentures, le mobilier, et créant une panique générale ! Les dégâts furent catastrophiques ! Sur les deux cent convives et serviteurs présents, près de la moitié périrent dans l'incendie ou à cause de ses suites, victimes des vapeurs toxiques ou de la bousculade. Parmi eux se trouvait le duc Philippe. La duchesse enceinte, elle, ne s'en tirait guère mieux. Gravement brulée sur tout le corps elle était au plus mal ! Ce fut sans doute le choc causé par toute cette agitation qui poussa le bébé qu'elle portait à sortir à ce moment même. Des heures durant, les sages femmes tentèrent d'accompagner leur dame dans sa souffrance. Hélas, l'accouchement fut bien trop éprouvant pour la jeune femme déjà aux portes de la mort, et elle décéda tout en donnant la vie à un minuscule bébé prématuré d'un peu moins de huit mois, sa fille posthume à qui l'on donna le prénom d'Anémone.
La nouvelle de ces tragiques évènements se répandit sans tarder et le duché en fut sérieusement secoué: il avait perdu en l'espace de quelques heures sa dirigeante et la moitié de ses personnages les plus importants ! Nombreuses furent les terres et les héritages qui changèrent de main à cause de cet incendie, sans compter l'impact pour Sinople qui venait de perdre son prince électeur ! Compte tenu de la situation précaire, il fut décidé dans l'urgence que la régence serait assurée par l'oncle de la défunte comtesse, un dénommé Anastase de La Croix d'Espines ; il fut également désigné pour être le tuteur de la petite Anémone II lorsque celle-ci aurait atteint l'âge de raison, et d'officier comme garant de son titre de Princesse Electrice.
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Les premières années de sa vie furent de loin les plus difficiles et les plus incertaines pour la petite princesse que l'on surnommait "la Posthume", puisqu'elle était née après le décès de ses deux parents. Enfant prématurée, elle souffrait d'une maigre constitution et d'une santé bancale ; d'un physique fragile, elle enchaînait maladie sur maladie et d'aucuns estimaient qu'elle n'attendrait jamais l'âge adulte. Malgré cela elle était traitée avec affection et était couvée comme une petite poupée fragile.
L'année de ses cinq ans, il se produit un évènement qui la marquerait pour le reste de sa vie. Comme fréquemment, elle souffrait d'une mauvaise grippe qui la clouait au lit depuis plus d'une semaine ; un soir, alors qu'elle était seule dans sa chambre, elle fut violemment tourmentée par la fièvre. Perdant contact avec la réalité, elle eut alors une vision...
Il faisait nuit. Soudain, le plafond de sa chambre disparut pour laisser place à une voute de nuages rouge feu qui tournoyaient au dessus d'elle. Tout autour résonnaient des voix et des éclats de rire, sans qu'elle ne puisse en déterminer la source. Anémone voulut crier de toutes ses forces, mais aucun son ne sortit de sa bouche ! Soudain, dans un déluge de flammes, un être apparut devant elle ! Il était de forme humanoïde, mais pourtant Il n'avait rien d'humain. Sa peau avait la couleur du sang, et Son torse puissant était parcouru d'énormes veines noires. En dessous du nombril Il était couvert de poils, et Ses jambes ressemblaient à d'immondes pattes de chèvres noires munies de sabots. De son crâne chauve émergeaient deux robustes cornes ; Il avait un visage à la fois beau et terrifiant doté de moustaches et d'un bouc noir, et Il arborait un sourire terrifiant. Ses yeux noirs et jaunes vrillaient la pauvre fille tétanisée par la peur, comme s'ils pouvaient lui découper la tête d'un simple regard pour en extraire ses pensées ! Il portait une couronne de fer. C'était le démon du feu en personne, prince parmi les démons et seigneur des flammes. Lorsqu'il prit la parole, ce ne furent pas de simples mots qui sortirent de sa bouche mais la vérité sans conteste. Ce qu'il disait était loi. Il lui apprit qu'il était venu pour elle. Non pas pour la prendre -pas tout de suite, ajouta-t-il en souriant-, mais pour la reconnaitre comme étant des siens. Jamais plus elle ne connaîtrait la peur ou la souffrance. Ce qu'elle désirait, elle l'aurait. Toutes les terres qui s'étendaient de l'extrème est aus rivage de l'ouest, du lointain nord jusqu'aux mers du sud,... tout cela un jour lui appartiendrait. Il ferait de ses souhaits des réalités et la formerait, la guiderait. Elle serait la plus puissante, la plus rusée, la plus désirable, car elle était née dans les flammes et rien n'était trop beau pour elle... sa fille. Tandis qu'il disait ces mots, il lui empoigna le ventre et le déchira de ses griffes. Alors que la petite fille hurlait d'horreur il entra dans son corps, distillant sa puissance en elle...
L'enfant- princesse se réveilla en sursaut ! Des heures avaient passé, et on était au beau milieu de la nuit. Elle était en sueur et des larmes inondaient son visage, et pourtant, elle se sentait bien. Elle était très faible, mais elle n'avait plus mal à la tête ni à la gorge et sa fièvre avait disparu. La maladie qui la minait depuis sept jours s'était envolée !
Le lendemain, la petite Anémone tenta laborieusement d'expliquer à sa nourrice son étrange vision nocturne. Si elle n'avait pas compris le quart de ce qu'elle avait vécu, elle en était ressortie emplie de sentiments qu'elle désirait adremment partager ! Horrifiée, la nourrice alla répéter l'histoire au grand-oncle de la petite fille, qui occupait toujours les fonctions de prince-régent et de tuteur. L'homme, tout d'abord, n'y prit pas garde. A quoi bon toutes ces jérémiades pour un simple rêve d'enfant ?! C'était un homme rationnel et terre à terre, pour qui la superstition était l'apanage des personnes de moindre intelligence. Cependant la nourrice était bavarde, et tout le château fut bientôt au courant de l'affaire ! Afin de faire taire les vilaines rumeurs, le régent imposa à sa petite nièce un exorcisme. Ce mot évoque pour nous les pires tortures, et pourtant il ne faut pas s'imaginer que l'on infligea un terrible supplice expiatoire à une petite fille de cinq ans ! On fit venir à elle plusieurs éminents religieux du culte de la Trinité. Ceux-ci lui posèrent un grand nombre de questions, puis, à grand renfort de prières et d'incantations, firent leur office. L'exorcisme terminé, ils conclurent que la fillette était saine, et qu'il n'y avait pas d'inquiétude à avoir à son sujet.
Alors qu'Anémone, un peu éberluée et perturbée par l'étrange rituel qu'elle venait de subir, regardait les prélats quitter le château avec la sensation du devoir accompli, une voix murmura au le fond de sa tête.
Ils perdent leur temps... Nous serons ensemble pour l'éternité !
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Les années passèrent, et de l'enfant maladive qu'elle était Anémone devint une frêle adolescente. A l'époque, elle montrait déjà un charme intéressant. A partir de ses sept ans, son grand oncle Anastase commença son apprentissage de future dirigeante. Aidé de plusieurs précepteurs, il lui fit apprendre l'écriture, le calcul, la géographie, le droit et l'histoire. Lorsqu'elle fut plus mûre, il entreprit de lui enseigner les rudiments de la politique et de la gestion d'un comté. Elle apprit également les bonnes manières, les règles de conduite en bonne société, et tous les petits détails qui plaisent tant à la noblesse. En tant que jeune comtesse, elle eut même le privilège d'apprendre à manier l'épée, bien que son apprentissage dans le domaine ne fût que très superficiel ; elle ne se révéla d'ailleurs pas une bretteuse extraordinaire. Au fur et à mesure des années, son grand-oncle l'impliqua de plus en plus dans les affaires du duché et de la principauté: il l'emmenait avec lui chaque fois qu'il faisait siéger le conseil hebdomadaire, ou lorsqu'il rendait la justice au tribunal en son nom .
A quatorze ans, la jeune princesse faisait déjà preuve d'une certaine sagesse: elle savait s'exprimer en public, et exprimer un discours cohérent et juste. Elle était à l'aise avec les chiffres et les textes complexes, et savait tenir des raisonnements philosophiques. Elle s'était intéressée de près à la science agricole, et savait à quelle époque de l'année il fallait planter les différents céréales, comment entretenir la fertilité des champs, comment rentabiliser les productions,... Et, détail que ses tuteurs ignoraient, elle avait également appris à très bien mentir...
Durant toutes ses années son père démoniaque ne l'avait pas quittée. La plupart du temps il le lui parlait pas en personne, et c'était un de ses frères qui s'adressait à elle. Bien qu'elle ait pris soin de cacher cette relation étrange dont elle pressentant qu'elle n'était pas au goût des autres, ses comportements étranges -voir carrément anormaux- lui attirèrent une réputation de fille bizarre auprès des jeunes gens de son âge. Pour cette raison elle se fit peu d'amies. Si elle s'efforçait la plupart du temps de passer pour une fille saine et bien élevée, faisant la fierté de ses professeurs, elle manifestait parfois d'étranges crises au cours desquelles on ne pouvait rien tirer d'elle. Dans ces moments-là, elle se laissait aller à des explosions de colère, à des manifestations d'exubérance ou d'indécence. Elle faisait alors subir à son entourage toutes sortes de tourments au gré de sa fantaisie -ou des désirs de ses maîtres, croyait-elle.
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Nous voilà maintenant le lendemain de son quatorzième anniversaire: Anémone est devenue une jeune fille épanouie et cultivée. Selon la coutume en vigueur, elle n'était pas loin d'être majeure et on lui faisait de plus en plus sentir le poids de ses responsabilités. Alors qu'elle était au calme dans sa chambre en train de lire, sa vue se brouilla.
Il y avait un immense océan balayé par la tempête. D'énormes vagues sombres se projetaient les unes sur les autres avec force, faisant voler des éclats d'écume dans une ambiance d'apocalypse. La pluie tombait dru sur la mer, comme si elle voulait la faire s'élever jusqu'à noyer le monde. Du plus profond des abysses émergea un gigantesque poisson, une créature au corps à demi putréfié à la fois marron et verdâtre, à qui il manquait d'énormes morceaux de chair qui laissaient apparaître ses répugnants cartilages. C'était le terrible Naufrageur. Il ouvrit sa gueule en lambeaux, et sa sagesse se porta jusqu'aux oreilles d'Anémone. Il lui annonça que son heure était venue. Son grand-oncle n'avait que trop longtemps occupé ses fonctions, et elle se devait désormais de prendre la place qui lui revenait de droit. Il ajouta que le régent aimait le pouvoir, et qu'il ne lui avait jamais pardonné d'être restée en vie toutes ces années, le privant ainsi du titre de prince dont il avait espéré hériter. Il ne lui rendrait jamais ses terres dont il avait la garde, à moins qu'elle n'agisse. Dans la tête de l'adolescente, ces paroles prirent sens.
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Le lendemain, le château fut en émoi en apprenant la nouvelle: le régent avait été assassiné au cours de la nuit, et les serviteurs l'avaient retrouvé empalé sur son lit par sa propre épée, une expression de terreur gravée sur le visage ! Sans être excessivement apprécié, Anastase était respecté sur ses terres et l'on s'était habitué à son gouvernement. Le choc fut grand, et la seule qui ne sembla pas accablée par la nouvelle fut la princesse e Anémone. Au lieu de ça, elle arborait un sourire énigmatique... Pourtant, elle ne fut pas soupçonnée un seul instant. On supposa que le meurtre avait été exécuté par une guilde d'assassins, peut-être mandatés par un quelconque puissant ennemi, et on en resta là. Pour la bonne forme, on fit tout de même exécuter les gardes en faction cette nuit-là. Si elle retira une immense fierté de ses actions sur le moment, Anémone subit le contrecoup dès le lendemain. Submergée par ses émotions et peut-être aussi le remords d'avoir tué un de ses plus proches parents, qui avait été comme un père pour elle, elle entra dans une phase de mélancolie qui dura de longues journées.
Mais elle n'aut pas le temps de s'apitoyer sur son sort ! Comme prévu, ce décès accéléra son intronisation. Peu de temps après, âgée de quatorze ans seulement, l'adolescente fut confirmée de plein droit comme "Son altesse Anémone II la Posthume, princesse de Sinople et duchesse de La Croix des Espines".
Il ne fut pas facile pour elle d'imposer sa volonté. Elle était encore jeune, et on le lui faisait sentir. Cependant, elle jouissait d'une certaine bienveillance aux yeux de la population, heureuse d'être à nouveau dirigée par une duchesse légitime. Et puis même si elle n'avait pas régné en personne, elle était tout de même leur souveraine depuis sa naissance ! Son début de règne fut laborieux, mais en quatre ans elle réussit à prendre son territoire en main, et même, grâce à deux années de productions heureuses, à l'enrichir. Si elle était absolument fermée à toute idée d'évolution en matière d'idéologie moderne (ce qui plaisait beaucoup à la majorité des nobles, conservateurs), elle était très demandeuse de nouvelles technologies, en particulier dans le domaine agricole (ce qui ravissait les paysans). Sa politique pour gérer son domaine intelligemment était la suivante: elle s'entourait de ministres choisis parmi les plus compétents auprès desquels elle prenait conseil, tout en maintenant sur eux une forte autorité. Chargés d'oeuvrer en son nom, ils rejetaient sur elle toute la gloire de leurs succès augmentant ainsi son prestige, tandis que tous les torts leur étaient attribués en cas d'échec ; ils étaient alors sévèrement châtiés pour leurs fautes au grand bonheur des foules qui aiment toujours se repaître de la chute des puissants.
Il y eut cependant quelques bémols ! Si elle rendait généralement la justice avec sagesse, il lui arrivait de décréter des punitions absolument injustifiées et/ou immorales. Cela fit beaucoup de bruit lorsqu'au cours d'une séance de tribunal, elle força en guise de châtiment les deux plaignants -deux hommes- à se faire l'amour en public et à se marier, sous peine d'être promptement émasculés. Une autre fois encore, elle décréta que pour l'année à venir on remplacerait les champs de blé par des champs de ronces ! Ses conseillers, les baillis, et même des représentants des paysans tentèrent de protester mais en vain. Deux jours plus tard, elle entra dans une rage épouvantable en apprenant que ses sujets avaient réellement commencé à semer des ronces ! Elle démentit fermement avoir jamais données de telles instructions, et fit emprisonner son conseiller chargé de l'agriculture qu'elle désigna comme responsable !
Enfin globalement, à l'exception des quelques exubérances citées ci-dessus, elle gouvernait ses terres de manière exemplaire compte tenu de ses handicaps de départ.
La princesse Anémone ayant maintenant atteint l'âge de dix-huit ans, nous pouvons laisser de côté l'histoire passée pour entrer dans le présent.
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