« -Regarde maman, la fille elle a des cicatrices sur le visage...
-Continue de marcher voyons... »
Ce sont souvent les enfants qui sont effrayés par les cicatrices d'Abigail. Une croix sur les lèvres rosées, une autre sur sa joue, et une en boucle, rejoignant la commissure de ses lèvres au coin de son œil gauche. Ses cicatrices sont très fines et propres, cependant cela effraie souvent les gens, et elle porte donc une capuche, presque en permanence.
Abigail est une jeune fille assez petite. A cause de la malnutrition dans son enfance, elle est très fine, mais cependant pas au point d'être squelettique. Sa taille est fine et ses hanches délicates, elle n'a rien d'un modèle de beauté, Abigail n'est certainement pas une femme qui est suivie par de nombreux hommes. Ses cheveux sont d'une couleur marron brillants, souvent attachés en un chignon ou dans une tresse qui lui descend au milieu du dos et sa peau de porcelaine fait ressortir ses grands yeux verts qui reflète toutes les émotions qu'elle peut avoir, tout le monde peut lire en elle comme dans un livre ouvert.
Abigail possède un atout, des doigts fins, agiles et gracieux, fait pour la couture, qui ne supporteraient pas d'être mis à l'épreuve. Ses doigts de fées peuvent travaillé toute la journée et la nuit. Elle n'a pas peur du travail et élabore souvent des robes pour ces dames de la cour jusqu'à ce que le soleil se lève, se privant d'un sommeil dont elle aurait besoin, lui donnant cet air fatigué mais souriant, qu'elle possède depuis qu'elle est enfant. A son poignet se trouve un petit bracelet d'argent, seul objet de valeur qu'elle a, donné par feu sa maman.
Abandonnée près d'une rivière dans la principauté d'Isédra à la naissance par une mère biologique trop pauvre pour la garder, Abigail était destinée à mourir. Mais c'était sans compter sur une couple de pêcheurs qui passait par ce chemin pour aller au village d'à côté. Ils recueillirent cet étonnant petit nourrisson, bien plus maigre que la plupart des bébés, et l'aimèrent de tout leur cœur. Abigail vécut donc les premières années de sa vie dans une maison entourée d'amour et de la foi. La mère adoptive de la petite fille, douée en couture lui apprit comment tisser les filets de pêche, mais aussi à coudre des robes. Il se révéla que l'enfant était bien plu douée avec ses mains qu'avec les paroles, elle ne parla qu'à l'age de 6 ans ne disant que quelque mot bien qu'elle sut lire au même age. La petite fille rafistola des gants en premier, comme neuf, pour une vieille dame qui les avait donné en premier lieu à sa mère. A la découverte du travail de sa fille, sa mère comprit qu'Abigail avait un don qui pouvait la faire survivre dans ce monde. Elle lui apprit donc toutes les techniques de couture, et de plumage qu'elle connaissait.
La vie passait, comme un long fleuve tranquille, le paternel de la petite brune aux yeux verts partait le matin, très tôt, allait vendre le poisson du jour et revenait dans l'après midi. Pendant ce temps là, les deux femmes cousaient pour les femmes du village, en échange d'un peu de pain, d'un morceau de viande, ou bien de quelques légumes pour la soupe. Mais un après midi le père de la petite ne revint pas. Trois hommes vinrent les voir, annonçant un prix. Les dettes de la famille, du père d'Abigail. Chacun avait des dettes, tout les citoyens villageois dépendaient du seigneur, et les revenus de la famille ne pouvaient assurer, la dîme, et les impôts du seigneur. Après de nombreuses supplications, les soldats décidèrent de ne plus écouter la mère de la future couturière et de prendre ce qui était au seigneur. Mais avant de partir, ils firent l'innommable, ils prirent la mère, l'abusèrent jusqu'à la mort, puis se tournèrent vers sa fille, lui faisant de nombreuses cicatrices sur le visage, la défigurant à jamais, la laissant pour morte, sur le sol poussiéreux, ensanglanté, de la maison. Après quelques jours la gamine se réveilla, dans un sale état, elle avait mal, tellement mal. Puis elle vit le corps sans vie de sa petite maman, alors Abigail eut encore plus mal. Les gens d'à coté vinrent l'aider à enterrer sa mère et lui soigner ses blessures.
Pendant de longues années la jeune fille s'enferma dans un mutisme dont elle n'est jamais sortit. Renfermée sur elle même elle ne sort presque jamais, sauf pour donner l'aumône restant enfermée dans la vieille cabane de pêcheur de seulement deux pièces que le seigneur a bien voulu lui laisser lors de la disparition de ses parents. Les années passèrent, la vie reprit son cours, les cicatrices se refermèrent, physique comme mental. La petite est devenue grande, à l'age de 18 ans Abigail est une petite couturière qui connait du succès chez les femmes de petits bourgeois. Abi travaille tous les types de tissus et de plumes pour les chapeaux d'homme. La brunette, bien que plus vieille maintenant, fait toujours aussi jeune qu'à ses 14 ans. Abigail, grâce à son talent, règle toujours ses impôts et sa dîme en temps et en heures et avec toutes les pertes de tissus la petite citoyenne créé des habits pour les enfants du village. Sa générosité n'a d’égale à sa gentillesse et sa foi envers le Trimutri.
Mais pourtant sa foi ne l'aide pas à se protéger des réflexions qui la blessent au plus profond d'elle même, et trop timide elle n'arrive pas à leur faire face. De son atelier, la petite brunette voit souvent de jolies femmes, aux courbes attirantes et à l'allure gracieuse se promener sur le bord de la plage. Ces demoiselles portent souvent des robes qu'Abigail a créé elle même, de jolies drapées recouvres leurs hanches fertiles, un corset, donc elle seule connait le secret, remonte leur poitrine sans trop la montrer, laissant l'imagination de ces messieurs faire le reste... Souvent les dames sont plusieurs, portant des chapeaux, marchant dans des chaussures à talons. Tous leurs mouvements semblent maitrisés, réalisés sans le moindre effort, comme si c'était dans leur nature d'être aussi délicate. Et quand certaines se tournent vers leur maris qui les embrassent chastement, c'est comme un couteau qui s'enfoncent dans la poitrine de la couturière d'Isédra. Alors elle se rassoit à son travail, et découpe le tissus, tissus qui ira sur le dos, sur les bras, sur le ventre et sur les hanches d'une jolie femme, tissus payé par un mari aimant, par un mari qui désire que sa femme soit la plus belle, la plus désirable d'entre tous. Mais le pire, ce n'est pas de les voir repartir, avec leurs servants et leurs malles pleines de robes qu'ils n'ont payé que quelques sous.
Ce qui fait le plus mal à Abigail, ce sont les mariées. Pour cette occasion qui n'arrive qu'une fois dans une vie, Abigail se déplace seule avec ses malles remplies de différent tissus, les malles remplies de ce qui va participer au plus beau jour de leurs vies. La couturière aux yeux verts prend alors les mesures de la femme qui va bientôt marcher vers l'autel, sous les yeux des trois Dieux. Pendant des jours entier, Abigail vit avec la famille des mariés, cachées dans les combles, elle entend les gens se préparer, elle ressent l'excitation des gens présent. Et quand elle voit les femmes, essayer pour la première fois leurs robes, elle aurait envie de pleurer. Elles sont tellement belles, toutes les femmes de la maison viennent pour féliciter la prochaine mariée. Puis le fameux jour arrive. Souvent, Abigail reste au début de la cérémonie, cachée par les piliers de la maison des Trimutri. Et quand elle voit le regard du marié, attendant sa promise, pétillant, amoureux, comme si elle était la plus belle femme qu'il n'ait jamais vu, alors elle sait qu'elle a réussit sa robe. Mais ce même regard, la fait mourir lentement, de les voir si heureux, de les voir si joyeux, elle, qu'aucun homme ne regardera jamais dans les yeux. Les cloches sonnent quand elle part de la cérémonie, avec ses lourdes malles désormais vides, une capuche noire sur la tête, ces cloches qui n'ont encore jamais sonnées pour elle, alors une larme ou deux perles dans ses yeux avant de disparaître, s'effondrer.
Dans ses rêves les plus fous, il arrive à Abigail de se réincarner dans une de ces dames et elle aussi porter des robes de sa propre création, elle rêve de bijoux. Elle rêve d'un mariage d'amour, du grand amour, d'un homme qui lui fasse la cour et qui l'aime comme son père aimait sa mère, elle rêve aussi d'un enfant. Et d'être délestée de ses scarifications qui la défigure et qui font grimacer les hommes qui se moquent ensuite d'elle. Sans même la regarder un seul instant... Et comment devenir mère quand on est surnommée le monstre d'Isédra, par les enfants ?
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