Son caractère
Pur produit de « l'aristocratie champêtre », Tancrède vit selon un idéal chevaleresque bien particulier. Noble jusqu'au bout des ongles, il est bercé depuis sa plus tendre enfance par les chansons de gestes et les récits de héros épiques, qu'il est censé imiter. Saint-Gilles, dont il tient le nom, est celui qu'il cherche le plus désespérément à émuler, au point d'avoir des hallucinations de lui lorsqu'il a un peu trop bu ou consommé des champignons particuliers. Il vit selon un étrange code d'honneur, celui d'un chevalier qui lutte pour les gens en danger, pour défendre la veuve et l'orphelin, les édifices religieux, et pour combattre les démons et les barbares impies qui violent et tuent. Cela fait de lui un homme honorable, poli, courtois...
Mais également un homme sacrément naïf et manipulable. Si Tancrède se rêve en futur héros éponyme, il doit se confronter à la dure réalité de son existence. Il n'a aucun fief, aucun moyen de subsistance, le forçant à multiplier les tournois pour tenter de gagner des récompenses et des rançons. Il laisse bien souvent une mauvaise impression sur les gens, ce qui est dû par son comportement de connard plutôt hautain, et surtout par la méfiance que la plupart du peuple a pour un chevalier qui n'a ni suzerain, ni conroi de camarades. De plus, même s'il rêve d'imiter des grands bien mieux que lui, Tancrède n'est qu'un nain sur les épaules de géants ; Il est très loin d'être une personne parfaitement honorable, n'hésitant pas à faire de menus larcins, ou à courtiser des femmes simplement pour les prendre puis filer sans un « au revoir », laissant une petite traînée de bâtards dans son sillage. C'est un homme avec des problèmes relationnels. Étonnamment assez timide, surtout lorsqu'il est entouré de ses pairs, il n'a aucun véritable lien d'affection, si ce n'est pour son destrier, « Räzell », et son écuyer bedonnant et légèrement faible mentalement, Guy, que l'on croise toujours monté sur une ânesse baptisée Élise que Räzell s'amuse à saillir copieusement. Au final, Tancrède est juste un gamin qui fait sa crise d'ado sur le tard. Excepté que c'est un ado avec une armure et une épée. Il rêve d'un jour trouver un seigneur qui voudra bien l'accepter et une jolie dame avec qui il pourra avoir des enfants. Mais la réalité le rattrape toujours, et à chaque fois qu'il tente de s'installer quelque part, c'est pour s'en aller sitôt de basses œuvres accomplies, lors de quelque guerre privée ou razzia face à des barbares. En réalité, malgré tous les bons airs qu'il se donne, malgré son accent hautain, malgré son tabar aux couleurs d'une maison noble, il faut se rendre à la réalité : Il ne vaut pas mieux qu'un routier qui accepterait de se battre pour quelques sous.