Léothéric est un homme fier, mais il faut lui reconnaître une certaine droiture d'esprit. Il n'est pas homme à faire le mal gratuitement, et il ne cherchera jamais à nuire pour le plaisir. On peut également le dire courageux, tout comme il se montre un roc lorsqu'il s'agit de supporter les conséquences de ses choix de vie. En effet, si sa profession le met au ban de la société, il n'en montre pas le moindre signe d'affliction. En réalité, voir les badauds détourner le regard à son passage lui plaît assez, quand bien même ce n'est pas quelque chose qu'il avoue aisément. Dans cette optique, il va toujours le visage découvert, que ce soit au quotidien où lors des exécutions publiques. Il n'a pas honte de sa profession, et accepte la grande part de solitude qui va de paire avec cette dernière.
De caractère placide et souvent stoïque, il aime raisonner froidement et avec pragmatisme, à l'inverse de bon nombre des bouillants Posvàniens : il ne se laisse que rarement emporter par ses émotions. Son tempérament calme lui est un atout dans l'exercice de sa profession. Il ne montre d'ailleurs pas grand état d'âme lorsqu'il doit abattre sa hache, mais à la vérité, il tâche de ne jamais se poser la question du bien fondé des ordres qu'il reçoit, peu désireux d'encombrer sa conscience de maux dont il n'est pas l'auteur. Recevant ses ordres du Comte, Léothéric a l'habitude d'interagir avec des nobles et sait donc se comporter en conséquence. Ainsi, s'il faut admettre qu'il parle peu, il parle bien.
Léothéric est enfin un homme modérément pieu. Comme ses pairs, il voue une attention toute particulière à Tamas, bien qu'il soit lui même loin de s'imposer l'ascétisme prôné par les clercs. S'il ne se montre pas particulièrement cupide (du moins tâche-t-il de se préserver de ce vice) il faut savoir qu'il est de nature plutôt pingre.
Son dernier trait de personnalité notable est son désir de marquer son temps et de se faire un nom. On ignore d'où lui vient cette envie d'entrer dans l'Histoire, mais elle guide nombre de ses actions.

Léothéric est un homme de taille normale, voire légèrement plus petit que la moyenne. En revanche, ses larges épaules carrées rendent sa carrure forte, sa stature trapue. Malgré ses courtes jambes, il est donc solidement battît. Ajouter à cela sa profession fort peu appréciée fait de lui un personnage que l'on évite.
Noirs de cheveux, il a également le teint sombre, ce qui lui confère un visage ombrageux. Ses yeux sont l'unique touche de clarté dans sa figure, l'iris en étant d'un gris très pâle et moucheté. Son regard est droit et froid, ils sont peu nombreux à le supporter sans gêne.
Assurément, l'homme paraît plus vieux que son âge : ses traits sont marqués et anguleux, le visage mangé par une barbe fournie - bien qu'entretenue - et des sourcils épais. Tout cela lui donne une expression somme toute très rude. La dernière particularité de son visage ce trouve être une fine cicatrice, partant du creux de son œil gauche, et s'étendant sur toute sa joue. Cette marque est le souvenir d'une chute d'arbre dans son enfance, il n'a d'ailleurs gardé de cette mésaventure aucun autre stigmate.
Son physique ne le rend pas d'abord aisé, pourtant Léothéric aime à soigner son apparence : il ne néglige pas le côté pratique de ses tenues, mais il accorde une importance certaine au fait d'être toujours présentable et propre sur lui. On le verra souvent habillé de noir, et toujours avec des vêtements de facture très correcte.

Léothéric est le deuxième né d'une fratrie de cinq enfants. Premier rejeton mâle, il hérite du rôle de son père à la mort de ce dernier, emporté par une fièvre des marais. Préparé depuis son plus jeune âge à reprendre le flambeau de son géniteur, il a bénéficié des enseignements nécessaires à l'exercice de sa profession. Les exécutions étant publiques et relativement courante en Posvàny, Léothéric revêt l'habit de bourreau sans heurt ni appréhension...
 
1238 – C'est lorsque Léothéric est âgé de 22 ans ce son père décède. L'homme avait subitement disparu durant plusieurs jours, pour ne refaire surface qu'atteint d'une forte fièvre. Dans la famille, on soupçonna un excès de boisson qui aurait conduit l'homme à s'égarer dans quelques coins obscurs des marais de la région. Mais la raison exacte ne fut jamais évoquée car même sur son lit de mort, le père de Léothéric resta muet comme une tombe. Sans doute peut-on considéré cela comme un trait de caractère familial : personne n'était très causant dans la maisonnée du bourreau....
Si le décès resta nimbé de mystère, on ne chercha pas à en savoir davantage. L’événement ne marqua d'ailleurs pas outre mesure Léothéric. Comme bien des choses, cette mort ne semblait pas l'atteindre. Il avait reprit le flambeau de son père avec une froide volonté de le bien faire, mais rien de plus n'avait transparut. Cachait il profondément ses sentiments ou était il vraiment engourdit fasse à toutes émotions fortes, la question demeurait entière.



Comme le reste des siens, il ne se mêle que peu à la société. C'est sa mère qui l'a instruit, il sait donc lire, écrire et compter. Il a toujours vécu dans une maison installée à l'écart du bourg principal s'étendant au pied de la forteresse de Besbàna. De construction humble mais solide, la bâtisse est entourée d'un lopin de terre que se partagent des poules et quelques bovins. Léothéric possède également un chien d'aspect lupin, vigile attentif en sa demeure. 

 
1227 – À l'aube de ses onze ans, le jeune Léothéric s'était vu confié la garde d'un chiot, cadeau de son père. L'enfant, se sentant ainsi investi d'une mission de première importance, avait prit son rôle très au sérieux, et avait dressée l'animal avec toute la patiente dont il était capable. La bête ne l'avait plus quittée, se faisant l'ombre de son jeune maître. Cette compagnie était d'autant plus salutaire à Léothéric qu'il ne côtoyait guère d'enfant de son âge. Qui donc aurait laissé sa progéniture sympathiser avec le fils du bourreau ? Pourtant à cette époque, Léothéric avait bien quelques contacts avec des jeunes de son âge. Ces derniers se lançaient entre eux pour défi d'aller saluer, ou au moins de s'en approcher, testant leur courage. À cette époque déjà, il était aisé de noter la différence de tempérament flagrante qui existait entre Léothéric et les autres enfants. Déjà peut enclin aux contacts, les capacités relationnelles du fils du bourreau semblaient comme anesthésiées. Sans doute était ce là le résultat d'une quasi-absence de vie sociale en dehors du cercle de sa famille, tout était il que le caractère froid et distant dont Léothéric faisait aujourd'hui preuve commençait déjà à poindre.
Un des rares événements qui parut le marquer fut la mort de son chien. Ce dernier s'était noyé dans une tourbière, et Léothéric s'en tint pour responsable. Cette culpabilité qu'il s’infligeait le laissa à l'écart des siens pendant quelques jours, puis ce moment passa. Il était alors âgé de vingt ans. Il ne fallut guère attendre longtemps pour que le jeune homme adopte un nouvel animal, s'étant habitué à la présence constante de son chien précédent. Ainsi, sur un marché, il fit l'acquisition d'une bête à l'aspect lupin qu'il nomma Martel. Cette bête accompagne encore aujourd'hui Léothéric.



Mandé par le Comte et payé par le clergé, Léothéric entretient et vit avec sa mère ainsi que sa plus jeune sœur. En ce qui concerne le reste de sa famille, l'aînée est décédée en bas âge, le deuxième frère s'est fait mercenaire, et le troisième est entré dans les ordres. Léothéric s'entend relativement bien avec eux. 

 
1229 – Léothéric n'a que treize ans quand un premier drame ébranle sa famille. Sa sœur aînée s'éteint, sans que l'ont sache bien à quelle maladie elle succomba. Ce décès laissa planer une ombre certaine sur la maison du bourreau, car non content de n'avoir pu trouver de quoi se mourrait l'aînée de la fratrie, l'apothicaire du village n'avait donné qu'a regret quelques remèdes lorsque l'on était allé le consulter. Personne n'avait accepté de venir voir l'adolescente souffrante, trouvant toujours à cela mille raisons. Sans doute était ce à cette période que Léothéric se fit à l'idée que nulle aide ne lui viendrait jamais de l'extérieur. Il ne haïssait pas les autres pour cela, il était bien incapable de ressentir quelque chose d'aussi fort, mais cela ne manqua pas de renforcer sa méfiance, le faisant se replier encore un peu plus sur lui même. Cela a fait de lui un homme certes débrouillard, mais sans une once de confiance pour autrui.



Léothéric vit donc confortablement, bien qu'isolé du reste de la populace. Cette solitude ne lui pèse guère pour l'instant. Ce qu'il n'avoue guère est sans doute son ambition à se faire une renommée au delà des terres de Posvàny. Il n'a qu'une peur, tomber dans l'oubli. Son statut de bourreau le fait un personnage craint sinon respecté, et cela lui suffit pour l'heure. Il guette en revanche attentivement toute nouvelle de conflit ouvert avec les hordes Khösz...

 
1248 – La demande avait été portée par un coursier le matin même : l'on réclamait les services du bourreau. Léothéric ne savait pas à quel genre d'homme il allait devoir ôter la vie aujourd'hui, d'ailleurs il n'en avait que faire, d'autres ayant déjà jugé. Il gardait seulement en tête qu'il toucherait sa commission, et qu'il allait pouvoir déambuler en ville. Une lourde brume encerclait toute la forteresse de Besbàna lorsque le bourreau quitta ses terres pour venir faire son office. Il allait comme toujours à visage découvert, et goûtait avec une joie peu commune de voir les passants l'éviter ostensiblement. Qu'on le reconnaisse, qu'on le veille éviter, qu'on le nomme tout bas, voilà ce qui lui plaisait. Sur son visage, rien n'était visible en dehors de sa froide expression coutumière.