Son caractère
Entourée de garçon depuis son plus jeune âge, Charance n'a pas eu d'occasion concrète de développer sa féminité. Elle n'a rien d'une fleur fragile qui attend son prince charmant pour la défendre contre vents et marées.
Charance connait aussi bien ses points forts que ses faibles. Franche, peut être parfois un peu trop, elle ne cherchera jamais à détourner, déformer ou dissimuler la vérité pour que ce soit à son avantage. Elle dira souvent à voix haute ce que les autres pensent tout bas, peu importe le rang social de son interlocuteur, ce qui lui a déjà attiré par le passé de nombreux problèmes.
Sans être simple d'esprit, Charance reste très terre à terre et directe, ce qui l'empêchera la plupart du temps de comprendre le second degré, l'ironie et le cynisme.
Peu attirée par les choses matérielles, comme les bijoux et les vêtements, elle se satisfait du minimum possible. En revanche, elle collectionne tout savoir qu'elle peu emmagasiner dans son cerveau. Curieuse, elle voudra connaître le moindre recoin de ce monde avant d'atteindre l'âge de s'arrêter de voyager.
Cependant, chaque être humain à ses défauts et Charance ne fait pas exception. La rancune, par exemple, est probablement son défaut le plus important. La jeune femme accorde difficilement sa confiance. Trahissez là une fois, et c'en sera fini. Elle ne vous tuera pas, ni cherchera à vous porter préjudice. Mais vous n'entendrez plus jamais parler d'elle.
Strict, autant avec elle-même qu'avec les autres, elle ne pardonnera aucune erreur, qu'elle soit bénigne ou mortelle. Peut être est-ce dû au fait qu'elle est perfectionniste et qu'elle n'accepte uniquement qu'on donne le meilleur de soi même. Et que ce meilleur soit parfait, évidemment.
Son physique
La première chose qui frappe chez Charance, c'est son épée... Bon, à part ça, on remarque assez facilement ses cheveux blonds si pâles qu'ils ont l'air d'être blanc. Seulement, tout le monde dans sa famille a cette particularité, donc quand elle était encore avec eux, elle se fondait dans la masse.
Son visage fin et anguleux est déformé par une cicatrice qui lui barre l’œil droit, résultat d'un combat d'entrainement qui a mal tourné. Cependant, au lieu de la défigurer et de la rendre laide, cela lui donne un charme presque sauvage et mystérieux. Ses yeux verts, éclairés par une lueur de curiosité semblera percer votre âme alors qu'elle vous observe.
Sous ses vêtements, des muscles fins mais puissants se dessinent. Si les muscles de ses bras ne sont pas très visible, ceux de son abdomen le sont bel et bien. Bien que cela la complexe un peu, s'étant rendu compte avec le temps que toutes les femmes ne sont pas comme elle, Charance fait du mieux qu'elle peut pour les dissimuler.
Contrairement à la plupart des personnes de son sexe, elle ne porte jamais de robe ou de jupe. En plus de ne pas s'y sentir à l'aise, elle n'a pas le luxe de s'en payer. C'est donc avec un pantalon de cuir usé, des bottes dans la même matière et une chemise de lin blanche qu'elle s'aventure à la découverte du monde.
Son histoire
Sa mère était heureuse d'avoir enfin une fille. Après quatre garçons, elle aspirait à un peu de féminité, quelqu'un avec qui elle pourrait faire de la broderie et prendre le thé en papotant. C'était sans compter l'éducation martiale que décida de lui inculquer son père, Nicolas Gareli. Étant lui-même soldat, il tenait que chacun de ses enfants soient capables de servir l'armée si jamais il devait y avoir des guerres.
Bien sûr, Sara, la mère de Charance, encore bébé, mit une condition. Il pourrait l'éduquer aussi sévèrement qu'il le voudrait, mais elle ne devait jamais s'engager dans l'armée. Ce qu'il accepta, à contre-cœur, car il en était certain : Charance aurait fait un soldat formidable.
C'est ainsi qu'au lieu d'apprendre à broder, écrire et lire de la poésie, la composition florale et d'autres domaines que Charance qualifierait de "niais", elle apprit à se battre, manier différents types d'armes comme la masse, le fleuret et l'épée et la stratégie militaire. La seule chose que sa mère lui enseignait c'était la géographie et encore, elle survolait juste cette matière.
Avec le temps, elle devint presque meilleure que ses frères aînés, qui quand ils atteignirent l'âge, s'engagèrent dans l'armée. Puis vint son tour de s'engager, d'une autre façon. Ses parents lui avaient trouvé quelqu'un à marier. Charance avait alors seize ans, ce qui n'était pas très choquant, elle savait que cela allait arriver d'un jour à l'autre. Cependant elle aurait préféré que ce jour n'arrive jamais.
Car la jeune fille ne voulait pas se marier. L'honneur de la famille était en jeu, mais elle ne pouvait pas se résoudre à abandonner les armes pour arborer des robes de bal et porter les enfants d'un homme qu'elle n'aimerait probablement jamais. C'était un fils d'un petit bourgeois, légèrement plus riche que sa famille.
Elle dut se faire violence pour continuer cette mascarade. Rendez-vous galant, toujours accompagnée d'un chaperon, où elle devait se retenir de mettre la mauviette qui lui servait de fiancé au tapis, rencontre avec la future belle-famille, dîner, bal... Elle avait l'impression d'être dans une horrible spirale d'un cauchemar dont lequel elle ne parvenait pas à se réveiller.
Puis, à l'âge de dix-huit ans, vint le moment de se marier. Tout avait été préparé en grande pompe. Des invités qu'elle n'avait jamais vu, une robe magnifiquement féminine et absolument pas le genre de Charance... Elle cherchait à se raisonner elle-même. Son fiancé n'avait rien d'affreux, il n'était ni laid, ni stupide. Leur deux familles souhaitaient s'unir et ça serai profitable à tout le monde... Elle n'y parvint pas. Son éducation militaire lui criait de prendre ses jambes à son cou. Charance ne se sentait pas à l'aise dans la société qui allait l'accueillir.
Alors elle profita d'une minute d'inattention, alors que les dames de compagnies allaient chercher sa robe. En l'espace d'un instant elle prit sa décision : elle ne pouvait pas rester. Elle s'habilla donc de sa tenue d'entrainement : un simple pantalon de cuir usé et une chemise de lin, enfila ses bottes et attrapa son épée.
Elle n'emporta ni argent, ni bien de valeur qu'elle pourrait revendre. Elle ne laissa ni lettre, ni signe qui indiquerait où elle était partie. Au fond, son père comprendrait même s'il ne lui pardonnerait jamais. Elle ouvra la fenêtre et s'élança du premier étage.
Elle courut pendant des heures en pleurant. Elle s'arrêta de temps en temps, se demandant s'il était trop tard pour rentrer ou si son père avait lancé quelqu'un à sa recherche. Elle se demanda ce qu'elle allait bien pouvoir faire avec son épée. Attachée à sa ceinture, elle lui pesait lourd, mais elle savait que cette décision était la bonne.
Au bout d'un jour de marche, son estomac se mit à lui faire souffrir. Voilà plusieurs heures qu'il grondait déjà. Sa bouche était sèche et sa langue était parcheminée si bien qu'elle avait l'impression d'avoir avalé du sable. Elle s'arrêta au village non loin, au risque de se faire prendre par les premiers mercenaires que son père aurait pu engager.
Elle essaya de demander de la nourriture : elle rembourserait, évidemment mais qui dans un village comme celui ci lui ferait confiance ? Personne. C'est dans une ruelle sombre qu'elle finit par s'évanouir alors qu'une ombre flottait devant ses yeux.
Elle se réveilla dans une petite chaumière, le visage d'une fillette devant les yeux. Surprise, elle se recula en s'asseyant. Elle avait toujours ses vêtements et son épée était posée à côté du lit. Une vieille dame était assise à une table, un peu plus loin. Charance fit claquer sa langue, l'aridité de sa bouche avait disparu, quelqu'un l'avait fait probablement boire. Cette vieille dame lui offrit le gîte, de quoi manger et boire pour aussi longtemps qu'elle le voulait. Mais elle ne pouvait pas rester statique.
Elle réalisa qu'elle ne pouvait pas toujours compter sur la bonté des gens, il lui faudrait faire son argent toute seule. Alors elle décida de mettre son éducation au service des autres. Elle serait mercenaire. Évidement, tout le monde regardait d'un oeil suspicieux une femme mercenaire, préférant prendre des hommes. Mais elle prouva sa valeur de bien des façons.
Elle s'arrêtait de taverne en taverne, économisant juste assez pour le lendemain. Le reste, elle le dépensait en tanneur pour réparer son pantalon, l'allonger, réparer les trous et autres fixations. De temps en temps, elle faisait aiguiser son épée de nouveau et admirait le forgeron le faire.
Parfois elle retournait au village de la vieille dame et lui racontait à elle et à la petite fille ses aventures et décrivait les personnes étranges qu'elle rencontrait. C'était un peu comme sa nouvelle famille, une qui ne la forcerait pas à se marier.
Et puis le temps passa, Charance ne remettait pas les pieds à son endroit de naissance. Elle avait bien trop peur d'être reconnu et de subir la fureur de ses parents. Elle prenait bien soin de ne jamais prendre de missions qui lui ferait ne serait-ce que traverser cet endroit.
De temps en temps, quand elle dormait à la belle étoile, elle se demandait comment aurait été sa vie si elle avait suivie la voie tracée par sa famille. Elle ne doutait pas qu'elle aurait eu moins de difficulté à réunir suffisamment de nourriture pour le dîner, que tout aurait été plus aisé. Aurait-elle été plus heureuse ? De cela, elle était persuadée que non.