Son histoire
C'est dans un petit village de pêcheurs de la Baronnie de Kaernorhan , que naquit la jeune femme. Deuxième enfant d'un mariage chaotique, elle fut, dans les premières années de sa vie, élevée comme toutes les fillettes. Sa mère Elryn était une belle femme,gracieuse et cultivée. Elle ne rassemblait en rien aux autres femmes du village. Elryn lui apprit à lire, à écrire, lui enseigna les bonnes manières afin que sa fille s'intègre partout et puisse, peut-être, un jour de cette condition dont elle-même ne voulait pas. Joanna était une enfant enjouée et curieuse et l'apprentissage ne fut que plus aisé. Vive d'esprit elle s'interrogeait sur les origines de sa mère, mais n'osa jamais lui poser de questions.
Son enfance ne fut en rien heureuse. Elle voyait sa mère malheureuse, nullement amoureuse de son époux, Aël qu'elle craignait. L'homme était violent et intolérant. Les enfants n'étaient pas autorisés à se mêler aux autres et Joanna grandit donc dans la solitude, s'accrochant à son frère comme une bouée de sauvetage.
Aêl, lui aussi mercenaire, enseigna à ses enfants le maniement des armes. Dès leur plus jeune âge, ils l'accompagnèrent à travers tout l'empire afin de leur apprendre le métier. C'est à peine âgée de cinq ans que Joanna vit son premier mort et en fut profondément marqué : la vie ne tenait finalement, à rien.
Les années passèrent et alors que les autres fillettes de son âge apprenaient la couture et la cuisine, Joanna apprit à tuer. Non pas qu'elle appréciait la tâche, mais cela faisait partie intégrante de son quotidien et trouvait donc cela tout à fait normal, ce qui n'était pas le cas de son aîné.
Lorsqu'elle fut âgée de dix ans, sa mère décéda des suites d'une mauvaise grippe. Si son frère fut profondément peiné, la jeune fille, elle, ne ressentait rien. Elle l'avait toujours connue malheureuse, alors sa mort représentait une sorte de libération.
Le frère quitta le domicile à l'âge de dix-sept ans, abandonnant sa jeune soeur de quatorze ans à leur "monstre de père". Même si elle n'était pas particulièrement d'accord avec les principes de son aîné, Joanna comprit et serra son frère dans ses bras avant de lui dire adieu.
Un jour, un homme de grande taille, à la peau sombre, venu du Sud, arriva au village. Il se présenta comme un ami de son père. Il observa la jeune fille s'entraîner au combat à mains nues pendant un bon moment, puis finalement alla la rejoindre. Il lui apprit une autre façon de combattre, alliant souplesse et agilité, ce qui était bien plus adapté à la corpulance de Joanna que les combats en positions statiques. Elle apprit vite, et son nouveau maître en fut très fière. Il resta quelques temps pour parfaire son éducation puis disparut comme il était venu.
L'apprentissage continua, âgée de seize ans, Joanna exécutait seule ses contrats, partageant les gains, de façon très peu équitable, avec son père qui devenait de plus en plus exigeant envers sa fille. La jeune femme se sentait affreusement seule et les loisirs se faisaient rare. Son père gardait avidement l'argent le dépensant en boisson la plupart du temps.
Un jour, lors d'une mission particulièrement risquée, le père perdit son bras droit, ainsi que son œil. Incapable à présent d'exécuter ses contrats, c'est Joanna, âgée de dix-huit ans, qui partait à sa place. Loin de chez elle, la solitude rongeait la jeune femme, son père lui avait apprit à être méfiante et elle se retrouvait totalement incapable de se lier à qui que ce soit.
Puis, alors qu'elle rentrait chez elle, son cheval, se cassa l'une de ses pattes. La jeune femme tenait énormément à l'animal et ne pouvait se résoudre à l'abandonner, et encore moins, à l'achever.
C'est ainsi qu'elle rencontra un jeune chasseur du nom d'Egber. Celui-ci connaissait parfaitement les équidés, et à l'aide de son père agriculteur, aida la jeune femme à ramener la jument à la ferme. Elle passa des mois avec cette famille qui lui semblait si étrange. Tous étaient liés et s'aimaient. Egber ne ressemblait à rien aux garçons qu'elle connaissait, plus âgé qu'elle, il était jovial et drôle. Et, naturellement, petit à petit, le garçon apprivoisa Joanna qui en tomba amoureuse.
Lorsqu'il demanda sa main, elle accepta sans hésiter. Cependant, ils n'attendirent pas leur noces pour consommer leur amour. Pendant des mois, Joanna vécut le bonheur, mais plus la date du mariage approchait et plus elle sentait le poids des chaînes maritales peser sur ses épaules. Elle avait peur de se retrouver emprisonné dans une vie ennuyeuse, elle l'aimait, mais ne voulait pas de cette vie monotone. Alors, la veille des noces, n'y tenant plus, Joanna quitta Egber. Il en fut très attristé mais compris les raisons de sa fiancée, alors elle partit, mais ne retourna pas chez son père.
Elle savait se débrouiller seule et n'avait dans tous les cas, plus besoin de lui qui buvait, se noyant presque, dans l'argent gagné grâce à sa lame et du sang salissant toujours plus ses mains. Elle n'éprouva aucun remord pour cet homme et à la place, Joanna gagna la ville.
Elle logeait dans une auberge confortable de Noviagrand et se lia d'amitié avec Astrid, la tenancière. La femme n'avait pas sa langue dans sa poche et débordait d'énergie, une vraie bouffée d'air pour Joanna.
Au bout de trois semaines, la jeune femme commença à se sentir mal, elle rendait chaque repas et était régulièrement victime de malaise. Astrid, inquiète fit venir un guérisseur qui lui annonça sa grossesse. Joanna encaissa plutôt difficilement la nouvelle, elle qui avait peur des chaînes était finalement servie. Elle regardait son ventre grossir avec dégoût et mépris.
Mais le jour de la naissance de l'enfant, au moment où la sage-femme déposa la petite fille dans ses bras, Joanna ressenti un amour et un bonheur incommensurable. Elle nomma l'enfant Elryn, en souvenir de sa mère. Joanna et sa fille restèrent à l'auberge, mais au bout de quelques mois l'argent commença à manquer. Alors, Joanna confia le bébé à Astrid et reprit le seul métier qu'elle connaissait.
Après chaque contrat, elle repartait retrouver sa fille, veillant à ce qu'elle ne manque jamais de rien. Évidemment, vivre loin d'Elryn fut difficile pour Joanna, qui manquait ses premiers pas, ses premiers mots. Mais au moins, l'enfant ne souffrait ni du froid, ni de la faim, ni d'amour, Astrid l'aimant comme sa propre fille.
Néanmoins, Joanna souffrait toujours de solitude et se jetait à corps perdu dans le travail. Acceptant toutes sortes de contrats pour peu que les gains fut généreux. A bout de nerf, elle ne dormait que très peu et passait ses journées dans un état d’inquiétude permanent, pour sa fille, pour son avenir et pour la première fois, commençait à penser à la mort et à la craindre. Elle devait assurer le futur d’Elryn et ne vivait plus que pour cela.
La petite fille grandit, aussi vive d'esprit que sa mère celle-ci se mit à poser des questions, beaucoup. Toutes plus pertinentes les unes que les autres, notamment sur le métier de sa mère qui la pousser à partir plusieurs jours, ou mois, revenant de temps à autres avec de nouvelles blessures. Joanna ne tenait pas à lui expliquer la vérité, désirant préserver l'innocence de l'enfant dont elle-même fut privée. Elle préférait mentir, racontant qu'elle était marchande et que le métier pouvait s'avérer dangereux. Or, Elryn n'était pas dupe, et voyait aux travers des mensonges de sa mère, ce qui s'avérait de plus en plus problématique pour la mercenaire.
La sécurité de sa fille est la priorité de Joanna, qui ne rêve que de stabilité pour l'enfant. Bien sûr, une vie bien rangée ne l'attire guère, privée d'aventures et de voyages, Joanna étoufferait tout simplement. Elle rêve également de retrouver son frère, même si elle n'a guère le temps de se lancer dans des recherches.
Joanna est connue sous le nom de Joan dans la "communauté" des mercenaires.