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Le royaume des chats
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Le royaume des chats ─ Lun 3 Juil - 19:18
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    Re: Le royaume des chats ─ Mer 5 Juil - 10:09
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      Revenir en Evalon était à la fois doux et étrange, pour le comte Árpad. Doux, car comme dans ses souvenirs, le bastion des Empereurs d’Eurate et la cité mirifique s’étendant à ses pieds lui arrachaient toujours un léger pincement au cœur. Il y avait déjà emmené Elza, et sûrement se languissait-elle de ce lieu de culture et de majesté.


      En revanche, il était étrange de voir en ces lieux autant de chats.


      Ce n’était pas seulement un petit groupe de ces miauleurs à temps plein, non. C’était pire qu’une invasion khöz. Árpad avait regardé de droite à gauche, tout le long du chemin l’ayant mené à travers les couloirs décorés du palais impérial, et ces petites bêtes devaient être plus d’un millier, il l’aurait juré. En se grattant la barbe, il avait convenu que ce devait être pour contrer une autre invasion, celle des souris. Sinon, pourquoi donc faire venir autant de ces petits chasseurs opportunistes ?


      Il fut conduit, à l’instar de son épée-lige, dans un salon décoré de la dernière mode, qu’il ne suivait peut-être pas assez, enfermé dans sa forteresse. Il jurait quelque peu avec l’extravagance des lieux, incarnant presque la sobriété-même. Là où les murs se doraient ou étaient parcourus de fresques à couper le souffle, lui ne portait que sa sempiternelle tunique longue mordorée à manches, et son veston de velours noir sur lequel avait été patiemment brodé les armoiries de son antique maison. Son pantalon noir était rehaussé de bottes longues, sur lesquelles étaient fixés ses étriers d’or de chevalier, et d’un ceinturon de qualité. Un barbier avait taillé sa barbe et ses cheveux, afin qu’il soit impeccable et irréprochable.


      Árpad était venu accompagné de Damján, son ami de toujours, et la meilleure lame qu’il ait à sa disposition. Pourtant, si grand guerrier fut-il, il ne pouvait rien faire contre une horde de chatons réclamant un peu d’attention de sa part. Figé sur un siège, il était comme un perchoir à oiseaux, surmonté de chats jouant avec lui. Le comte lui-même était empêtré dans toutes ces petites boules de poil. Il n’avait jamais eu que des chiens, nobles bêtes, loyales et fidèles. Le chat qui le feulait dans le fond était désagréable, lui.


      Et il fut soudainement tiré de son bain de poils pour être transféré dans un autre salon, dans lequel l’accueillerait l’Impératrice. Il laissa donc Damján seul face à la légion féline s’abattant sur lui. Il eut un dernier sourire pour le chevalier.


      « Courage, Damján. Ils sont moins redoutables que nos derniers ennemis, non ? »


      Il pénétra dans le salon en riant, s’entretenant brièvement avec le chancelier Hermance. A peine arrivé, il remarqua le bleu apaisant se dégageant des murs. Un lieu fait pour la sérénité de l’esprit, pensa-t-il. Et un bien meilleur endroit pour attendre. Mais encore avec ces foutus chats…


      Le comte n’attendit pas longtemps avant de voir se profiler la silhouette flamboyante de l’Impératrice, vêtue comme pour être à l’opposé du salon dans lequel elle se trouvait. Sa robe rouge attirait le regard, pour sûr. Et Árpad, suivant le protocole, courba légèrement l’échine dans une révérence fluide.


      « Mes hommages, Votre Majesté Impériale. »


      Il fut légèrement dérangé par le regard d’Anémone, mais tenta de ne pas le montrer. Il s’installa à la place d’un chat, qui semblait fort incommodé par le dérangement. Aussitôt, d’autres minets se mirent à passer entre et autour de ses jambes, dans une ronde qui devrait sans doute laisser une immonde touffe de poils le long de ses bottes lustrées.


      « Evalon est toujours aussi belle que dans mes souvenirs. Le joyau de l’Empire se préserve bien, à ce que je vois. »


      Quelques mets leur furent apportés, qu’Árpad dégusta lentement. Il s’arrêtait néanmoins de mastiquer lorsqu’il devait parler. Deviser la bouche pleine était sans doute la dernière chose à faire en présence d’une dame de haut rang.


      « Dame Elza a peine à se remettre de nos pertes, et poursuit son deuil. Quant à moi, hé bien, je me porte mieux. »


      Il passa un doigt le long de sa moustache et de sa barbe, afin d’en faire tomber les minuscules miettes s’y étant réfugiées.


      « En ce qui concerne le Comté, tout semble aller à merveille. Peu de doléances, signe que le peuple est heureux. Et le viguier de Nagyváros a arrêté tout une bande de bourgeois pensant pouvoir s’arroger quelques libertés de façon détournée... »


      Il ricana.


      « Ha, le peuple... »
      Re: Le royaume des chats ─ Dim 9 Juil - 22:06
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        Re: Le royaume des chats ─ Sam 15 Juil - 14:55
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          Le Comte ne pouvait qu’acquiescer devant les rodomontades que l’Impératrice crachait au visage des culs-terreux. Après tout, la haute-noblesse avait ses propres idéaux, sa propre éducation, tandis que les gens du peuple n’en avaient tout simplement guère. Seuls les prestigieux lignages définissaient ce qui était beau, ce qui était juste, et ce qui était honorable. Que les bourgeois les imitent était encore acceptable. Qu’ils tentent d’être comme eux, en revanche, tenait tout simplement du plus absurde, du plus ridicule. Ridicule auquel la seule réponse valable était le mépris, ce mépris affiché des lions pour les hyènes.


          Árpad prit une gorgée de son breuvage, puis conclut laconiquement :


          « Je serai intransigeant. »


          Entre les bagarres de chats et les miaulements ronflants qui résonnaient dans le salon, Árpad ne put s’empêcher de constater, avec un léger malaise, l’insistance avec laquelle l’Impératrice Anémone le regardait. Il se sentait non seulement observé, mais jugé. Presque comme si un sort lui était jeté. Il fit de son mieux pour ne pas le montrer, cependant. La jeune femme avait toujours été un peu étrange. Cela devait peut-être remonter à la Guerre des Mômes, expérience qui aurait pu l’impressionner. Mais quelle qu’en soit la raison, le faire remarquer serait bien au-delà de ce qui est considéré comme déplacé. Le silence. Le silence est d’or, parmi les sangs d’azur.


          Il ne fallut pas longtemps pour que l’Impératrice autorise implicitement au comte de Posvány à vider son sac. Il n’était pas venu pour une simple visite de courtoisie, de fait. En bon vassal, il offrirait donc ses conseils à sa suzeraine en premier lieu, avant de parler pour lui-même. Joignant ses mains devant lui, coudes posés sur son élégant siège, il se racla la gorge avant de répondre de sa voix profonde :


          « La nouvelle de notre défaite en Durdinis ne leur est sans doute pas encore parvenue, pas plus qu’elle n’a de grandes chances de leur parvenir tout court. L’Échine des Dieux a toujours séparé nos deux plus grands fléaux, de façon presque hermétique. Nous ne nous attendons pas à de plus grands raids estivaux que d’habitude. D’après le bailli de Fort-Ygern, les éclaireurs n’ont pas repéré de grande horde ayant pu se former durant l’hiver. Les Khösz attaqueront, de cela nous en sommes assurés chaque année. Mais comme tous les ans, nous les noierons dans les mangroves, et nous ensevelirons leurs chevaux dans la vase, Tamas m’en soit témoin. »


          Il alla bien vite chercher son verre, afin de boire une nouvelle gorgée, afin de continuer.


          « Mais pour cela, Posvány a toujours su compter sur une panoplie foisonnante de forteresses imprenables. Forteresses qui, au fil du temps, se sont effritées. Le comté n’a jamais été très riche, et les réparations coûtent cher. C’est pourquoi, je vous demande humblement votre aide, Majesté. Au nom des liens qui unissent nos Maisons depuis des siècles. Un bouclier ne peut servir que s’il est entretenu. »


          Le comte se lustra la barbe.


          « Et, tant qu’à parler de faveurs, je suis également venu en ces murs vous faire une proposition qui, j’en suis sûr, vous intéressera. »


          Ses coudes le firent se relever légèrement, avançant délicatement le buste.


          « Votre mandat suprême vous ouvre toutes les portes possibles et imaginables, Majesté. En tant que votre vassal, je suis déjà lié par un serment envers vous, qui fûtes également témoin de mes faits d’armes en Feynes et en Durdinis. »


          Ses yeux étaient posés sur elle, brillant d’une verve nouvelle.


          « Prenez-moi en votre Conseil. Ma loyauté vous est déjà toute acquise. Et dans ce nid de vipères qu’est la grande Evalon, il vous faut vous entourer de personnes de confiance. »
          Re: Le royaume des chats ─ Ven 21 Juil - 14:50
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            Re: Le royaume des chats ─ Mar 25 Juil - 11:07
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              Árpad sourit légèrement lorsque l’Impératrice répondit à sa demande de fonds de façon détournée. Un sourire, qui cachait une légère frustration. Lui offrir de nouvelles routes allaient certes enrichir Nagyváros, et par ce biais, l’enrichir lui. Cependant, cela prendrait du temps, et si une invasion d’ampleur se produisait dans les années qui suivaient, il n’aurait même pas encore pu poser une seule nouvelle pierre sur le parapet de son château. Les forteresses de la Kvór avaient triste mine, et seule Stratföld était encore pleinement fonctionnelle. Mais soit, refuser un cadeau était comme refuser la grâce d’un dieu. Aussi, il accepta d’un modeste signe de tête, agrandissant son sourire.


              « Sa Majesté est trop bonne. »


              Il pensa à cette phrase, qu’Anémone venait de prononcer. ‘L’habileté de vos trésoriers’. Il était vrai que Bertalan Toth était connu pour être un rigoureux gestionnaire, peut-être même aussi compétent que pouvait l’être son intendant, le vieux Laszló. Peut-être, en fin de compte, que tout cela n’était pas si mal. Bien que le long terme lui fasse craindre que les rénovations arrivent après la bataille… Seuls les Trois pourraient en décider.


              « Je comprends bien votre inquiétude en ce qui concerne Durdinis, Votre Majesté. Et vous avez raison de mettre l’accent sur la défense des nouvelles marches thoréennes. Cependant, gardez à l’esprit qu’un jour, peut-être pas cette année, ni l’année prochaine, un khan pourrait être à nouveau proclamé dans les steppes. A partir de là, nous pourrons commencer à nous inquiéter. Et espérer que les rénovations sont faites. »


              Il s’arrêta là, et reprit un peu de mangeaille et de vin. La suite de la conversation était une sorte d’éloge que l’Impératrice rendait au comte, qui ne pouvait que s’en trouver enorgueilli et flatté. Il hochait légèrement la tête à chaque compliment, avec un petit sourire qui se voulait modeste, bien qu’Árpad ne compte pas forcément la modestie parmi ses qualités. Il accueillit donc toutes ces belles paroles avec joie, et sans gêne aucune.


              « Quelle est cette exigence, Majesté ? »


              Quand elle lui formula platement qu’elle souhaitait qu’il coupe un chat en deux, Árpad laissa d’abord le silence planer sur la requête de l’Impératrice. Puis, il sourit et ricana, avant de la regarder dans les yeux.


              « C’est une plaisanterie, n’est-ce pas ? »


              Mais à l’air sérieux et tout à fait sincère d’Anémone insinua le doute en Árpad. Pire, il y insinua une sorte de malaise. Qu’est-ce que c’était que cette demande saugrenue ? Il n’était pas venu jusqu’ici pour satisfaire les lubies morbides d’une jeune femme, que nenni ! Et pourtant, en tant que son vassal, il lui devait d’être loyal. Cependant, il pouvait toujours refuser de s’abaisser à le faire, au nom de sa réputation, sans souffrir d’être un parjure. Néanmoins, ce serait perdre sa place tant convoitée de conseiller, et perdre même les grâces de l’Impératrice. Qu’est-ce qui ne tournait pas rond chez cette gamine ? Le comte n’aurait su le dire. Il soupira, et se releva.


              « C’est une demande pour le moins… morbide et étrange, Majesté. Je fais le choix d’y consentir, mais je ne veux pas que cela sorte de cette pièce. J’ai tout de même une réputation à tenir. »


              Il se racla la gorge, puis ses yeux cherchèrent un chat. Pas de bol, il y en avait vraiment partout… Et apparemment, le choix avait son importance. Soudain, le regard d’Árpad s’arrêta sur un chat tigré. N’était-ce pas celui qu’Anémone avait rejeté de son épaule ? Peut-être était-ce là le meilleur choix possible. Après tout, il ne connaissait aucun de ces satanés chats. Et cette histoire n’avait aucun sens non plus !


              Dans un soupir, il se saisit du chat tigré par la peau du cou. Celui-ci feula de protestation, et tenta de le griffer. Le comte lança ses mirettes sur l’Impératrice assise, et dit :


              « J’ai fait mon choix, Impératrice. »


              Ne restait plus qu’à accomplir cette obscure besogne, à la fois ridicule et malaisante. Un acte de cruauté digne d’un enfant malade. Était-ce vraiment une épreuve de loyauté ?


              Bordel, qu’est-ce qu’il faisait là ?
              Re: Le royaume des chats ─ Ven 28 Juil - 22:00
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                Re: Le royaume des chats ─ Dim 30 Juil - 11:28
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                  Árpad s’était saisi de son épée, symbole de sa noblesse et de son statut, pour accomplir un travail ingrat et salissant. Il s’était servi de la lame comme le boucher se sert d’un hachoir, afin de pouvoir trancher dans le vif. Si le sang qui jaillit de la plaie béante eut la bonté de ne pas tâcher les vêtements du comte, il ne pouvait en être autant pour le tapis, qui s’imbibait du chaud liquide vermeil s’échappant de sa morte geôle. Avec méthode, Árpad avait d’abord coupé le félin, puis avait nettoyé son fer avec un torchon approprié, et avait enfin fouraillé de nouveau la belle lame. Précis, rapide. L’Impératrice avait eu ce qu’elle voulait.


                  Lorsqu’il vit la servante sortir de derrière un rideau, Árpad s’empourpra légèrement, et posa un regard froid et tendu vers la bonniche, qui s’obstinait à faire comme si de rien n’était. S’il voulait être sûr que cette histoire ne se répéterait pas au-delà de ces quatre murs, il pouvait tout aussi bien la faire tuer. Mais là encore, ce serait une tâche moins honorable que de trucider un matou. Aussi, il se contenta de caresser le pommeau de son épée, ses yeux détaillant la serve au travail.


                  Il fut néanmoins fixé sur une chose ; l’Impératrice lui avait commandé cette sale besogne pour tester sa loyauté. Árpad n’avait pas tué ce chat pour rien, en fin de compte, même s’il y avait d’autres moyens plus propres et honnêtes de soumettre un seigneur à une telle épreuve. Il se contenta d’acquiescer à la phrase d’Anémone, puis de se tenir debout face à elle, pendant qu’elle le gratifiait des honneurs qu’il avait réclamés. Si sa posture et le derme de son visage restaient stoïques et fiers, à l’intérieur, Árpad exultait. Son prestige allait en grandissant, même dans la défaite. Durdinis avait été perdue, mais il y avait gagné en titres. Satisfait, il fit une révérence à Sa Majesté Impériale, main toujours posée sur le pommeau de l’épée pendant à son baudrier cousu d’or.


                  « C’est grand honneur pour moi que de servir l’Empire par mon conseil, Majesté. »


                  Il sourit, puis fit l’accolade à l’Impératrice. Il devenait, par ce biais, l’un des hommes les plus influents d’Eurate, un membre de l’entourage et de la Cour impériale. Il s’y était pris assez rapidement pour ne pas être le dernier à rentrer dans la fosse au lion. Il pourrait étudier chacun des prochains conseillers choisis par Anémone. Evalon était un nid de vipères surmonté d’une flopée de corbeaux. Le coq et ses acérés ergots devait surveiller le bas, mais aussi surveiller le haut. Se méfier de l’intrigant, et fustiger le charognard.


                  Après sa nomination, Árpad avait tout de même un dernier sujet à aborder, un sujet pointilleux sur lesquels il souhaitait obtenir des confirmations.


                  « Si Sa Majesté le permet, j’aimerais également lui poser quelques questions concernant le noble lignage de la Croix des Espines. »


                  Il poursuivit, conscient que sa requête et ses demandes pouvaient paraître obscures.


                  « J’ai ouï dire du sort de votre malheureuse cousine, Blanche de la Croix des Espines. Est-il vrai que lors du raid qui lui a coûté la vie, elle était encore accompagnée de sa jeune enfant ? Et plus encore, le corps de cette jeune enfant fut-il retrouvé sitôt après ? »


                  Le castel avait été incendié, cependant, des restes calcinés auraient suffi à tuer dans l’œuf les soupçons qu’Árpad nourrissait depuis la fin de la guerre…
                  Re: Le royaume des chats ─ Mar 8 Aoû - 16:17
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                    Re: Le royaume des chats ─ Mar 22 Aoû - 9:42
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                      Árpad comprenait bien que la situation était loin d’être facile. Si ce n’était pas une première dans la grande et noble famille de la Croix des Espines, c’était sans doute l’un des cas les plus crédibles. Elle avait l’âge, elle n’était pas vraiment thoréenne, elle n’était pas à l’origine de la suspicion, et elle ressemblait trait pour trait à sa défunte et supposée mère. Nul doute qu’il faudrait mener une enquête, mais au bout du compte, si cela s’avérait, le Comte gagnerait peut-être des soutiens auprès de la branche des barons d’Opale. Se doter d’amis et d’alliés dans les hautes sphères de l’Empire n’était jamais un exercice superflu, surtout par des temps aussi rudes.


                      Il opina légèrement du chef, et dit à l’Impératrice :


                      « Je ne pourrais me résoudre à priver le baron de sa nièce. Je lui enverrai un courrier, l’informant qu’elle est traitée avec égard à Besbána. Je vous remercie pour vos ajustements, Majesté. »


                      La question finale de la souveraine laissa néanmoins Árpad perplexe. Tout comme après avoir tué le pauvre minet, le comte de Posvány se demandait encore ce qu’il pouvait bien passer par l’esprit à la fois lunatique et déconcertant d’Anémone. Il réfléchit un instant à cette singulière demande… Et tenta de se rappeler les rumeurs folles que s’échangeaient parfois les chevaliers, et les hommes du château, plus souvent en contact avec la populace que leur suzerain.


                      « Hé bien... »


                      Il jouait avec son pommeau, plissant les yeux.


                      « Les affabulations de la basse extrace sont légions, comme dans tous les comtés de l’Empire. Nombreux sont les récits parlant de vieilles sorcières enlevant des enfants, de basilics et de cockatrices hantant les marais au plus fort de l’été, ou encore de bêtes sauvages de la taille d’une maison, et qui rôderaient dans la Langue de Tamas… »


                      Il finit par sourire.


                      « Mais je dois avouer, Majesté, que les auteurs de ces récits ne sont pour la plupart que des ivrognes et des superstitieux. Ce sont de vieilles traditions populaires, bien éloignées des vérités du Trimurti. Par exemple, les hommes pensent que les basilics sentent la charogne, et que sentir leur odeur est signe qu’ils sont proches. Or, lors d’un été brûlant, les marais dégagent souvent des odeurs de pourriture et de décomposition. C’est à cause des plantes. Voilà ce que je sais, et voilà ce que dit le culte. »


                      Soudain, Árpad se souvint d’une petite histoire qu’il avait entendue.


                      « Cependant, il y a peut-être bien une rumeur… Dans l’ouest, les châtelains m’ont déjà fait mention de plusieurs paysans venant aux doléances avec des bêtes lacérées et égorgées. Ils prétendent qu’un ou plusieurs villageois ayant passé un pacte avec d’obscures divinités mensongères se transforment en garous et terrorisent les maigres troupeaux de la région. »


                      Nouveau haussement d’épaule.


                      « Encore une fois, j’ai du mal à le concevoir. Votre Impériale personne ne devrait sans doute pas prêter l’oreille à ce genre de bisbille. »
                      Re: Le royaume des chats ─ Sam 26 Aoû - 16:27
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                        Invité



                        Re: Le royaume des chats ─
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