Quelle jeune femme étrange cette Karin. Son but avait des airs de rêves pourtant, de bien jolis rêves qui auraient, sans nul doute, beaucoup plus à mon père. En un sens, je l’admirais la blonde au caractère de cochon sauvage, elle avait un but, ce que je n’avais pas. Oh, bien sûr, j’ai eu maintes occasions de réfléchir à mon futur, à l’imaginer ou du moins essayer de l’imaginer. Néanmoins, je ne rencontrais que le néant, le vide absolue, et à force, je m’étais fait une raison.
Je l’écoutais donc, tout en observant le contenu de ma coupe. Différentes ? Nous l’étions, sans le moindre doute. Elle me faisait d’ailleurs penser aux hommes qui constituaient mon entourage, impulsifs, sanglant, fiers, voir même trop… Ce qui m’amusait, je dois bien l’avouer. Car pour quelqu’un méprisant autant les membres de la gente masculine, je trouvais qu’elle faisait pourtant bien des efforts pour leur ressembler, ce qui n’étais évidemment pas mon cas. J’étais née femme, et même si au vu de certains, il s’agissait d’un handicap, j’envisageais, pour ma part, les choses tout à fait différemment. Néanmoins, je ne la jugeais pas pour autant, elle avait bien le droit d’agir comme elle le souhaitait.
La conversation terminée, je l’observais se lever tout en lui adressant un sourire sincère. Si l’on ne pouvait pas réellement considérer cette journée comme constructive, mais cette rencontre fut intéressante… et divertissante.
-Dans ce cas, je vous souhaite bonne route et d’atteindre votre but… En espérant que vous restiez en vie, dis-je en riant.
Je la laissais quitter les lieux la première, m’attardant encore quelques minutes avant de rejoindre la compagnie à l’auberge que nous occupions.
[Fin]